Español English French Kwéyol

Grippe aviaire : Confirmation d’une visite d’évaluation technique d’Haïti en Rép. dominicaine les 15 et 16 janvier

Aucune levée d’interdiction d’importation de volailles et d’œufs dominicains maintenant envisagée

P-au-P, 12 janv. 08 [AlterPresse] --- Une commission technique haïtienne effectuera, les mardi 15 et mercredi 16 janvier 2008, une visite d’évaluation de la situation sanitaire en République dominicaine où le virus H5N2 de la grippe aviaire a été récemment découvert, confirme ce 12 janvier l’ingénieur-agronome Joanas Gué, secrétaire d’Etat au ministère haïtien de l’agriculture, des ressources naturelles et du développement rural (Marndr).

L’interdiction d’importation de volailles et d’œufs en provenance du territoire voisin, prise le 4 janvier, est maintenue. Toute éventuelle nouvelle décision ne pourrait être adoptée qu’après appréciation des données recueillies par la commission technique qui se rend la semaine prochaine en République dominicaine, précise Gué dans une conférence de presse donnée ce samedi 12 janvier au Marndr à Damien (sortie nord de la capitale), en présence de plusieurs journalistes, dont un de l’agence en ligne AlterPresse.

Présidée par Joanas Gué, la commission technique d’évaluation, qui comprendra deux cadres du ministère, un autre de la Faculté d’agronomie et de médecine vétérinaire (Famv) et deux membres du secteur privé, ira vérifier les sites d’infection au virus H5N2, les modes d’enregistrement des procédures, les installations de production, et rencontrera les autorités dominicaines en la matière.

Pas question de céder aux pressions d’éleveurs du territoire voisin, ni de petits commerçants haïtiens intéressés aux avantages immédiats de vente d’œufs et de poulets. Il s’agit de s’assurer de toutes les précautions nécessaires pour circonscrire la menace, avertit le secrétaire d’Etat haïtien à l’agriculture.

« Sans vouloir donner le change, nous sommes conscients d’un niveau de porosité aux différents points frontaliers. Mais, en plus des structures frontalières de collectivités territoriales prévenues de la mesure gouvernementale, les services de police et de la douane ont déjà procédé à des arrestations et saisies de cargaisons de volailles et d’œufs dominicains. Il n’est plus possible de traverser le lac Azuei par canots avec de tels chargements », tente d’assurer Joanas Gué, insistant sur la détermination institutionnelle haïtienne de protéger le territoire national.

Fermeté, souplesse et coopération : tel est le leitmotiv des autorités haïtiennes qui annoncent des dispositions pour une relance progressive, dans un intervalle de 18 mois, de la production nationale de poulets et d’œufs…

Parallèlement, une commission permanente sur l’agriculture, entre Haïti et la République dominicaine, se réunira mensuellement pour discuter, alternativement dans les deux pays, de différentes questions sectorielles, y compris de l’élevage.

La demande nationale en œufs est estimée à environ 1 million 500 mille œufs quotidiens en Haïti.

Renforcement frontalier des infrastructures de quarantaine

Tout en informant de dispositions institutionnelles pour renforcer les infrastructures de quarantaine à la frontière avec la République dominicaine, le Marndr exhorte tous les organismes publics à appliquer convenablement la mesure gouvernementale d’interdiction d’entrée, sur le territoire haïtien, de volailles et d’œufs dominicains.

« L’Etat prend l’engagement formel de continuer à agir pour mettre en oeuvre son plan de prévention et de protection des animaux terrestres contre la grippe aviaire ainsi que contre tous autres types d’épizooties. Les capacités et outils techniques, y compris un nombre de médecins vétérinaires de haut niveau, sont disponibles à côté de la compréhension institutionnelle requise », signale Joanas Gué.

A la réunion avec la délégation dominicaine de 12 membres le vendredi 11 janvier à Port-au-Prince, les compétences haïtiennes en la matière ont fait valoir la nécessité de mettre en place un cordon de protection sanitaire en faveur de l’île entière.

En plus du laboratoire de Tamarinier bien équipé, un système de surveillance épidémiologique contre la grippe aviaire se trouve déjà opérationnel, y compris une attention sur les lieux de gîte des oiseaux migrateurs susceptibles de transporter le virus.

Le Marndr a acheminé, en ce sens, une lettre à l’organisation mondiale de la santé animale en vue de s’accorder sur les codes sanitaires internationaux exigés pour les animaux terrestres et sur les récents modes de gestion des foyers d’infection, fait savoir le Dr Max Milien du Marndr.

L’expertise internationale servira de boussole au Marndr dans la gestion de la crise et dans le choix de toute décision sanitaire appropriée. Des mécanismes sont déjà établis pour ne pas aboutir à une éventuelle campagne d’abattage systématique de poulets, comme c’était le cas au moment de la peste porcine africaine en 1983 en Haïti, indiquent les responsables du ministère haïtien de l’agriculture.

En ce qui concerne le H5N2, le risque de transmission du virus de l’animal aux humains est faible, mais existe bien entre les animaux.

La république d’Haïti n’est pas le seul pays à avoir pris des dispositions d’interdiction d’importation de volailles et d’œufs dominicains, lesquels ne peuvent plus pénétrer les territoires de Porto Rico et du Nicaragua depuis la découverte du virus H5N2 de la grippe aviaire en République dominicaine.

Transformer la crise actuelle en opportunité de relance de la production avicole nationale

D’ici juin 2009, le Marndr s’évertuera à déployer des mécanismes pour parvenir à la production de 2 millions de pondeuses susceptibles d’amener une disponibilité d’environ 1 million 600 mille œufs par jour sur le marché national, escompte Joanas Gué.

Ces différentes unités de production devraient induire environ 15 mille emplois directs, soutient l’ingénieur-agronome Gué.

Un système de financement réel, actuellement sous investigation et qui verrait une participation de la banque centrale d’Haïti, devrait permettre de conclure, le 17 janvier 2008, un accord avec le Fonds haïtien d’assistance économique et sociale (Faes) en plus des 15 millions de gourdes pour la production de poulets figurant dans le budget de la république pour l’exercice 2007-2008.

Des négociations sont également prévues avec le bureau de monétisation.

Cependant, l’enjeu fondamental pour l’Etat haïtien est d’arriver à une charpente de facilitation de crédit, de technologies modernes et rentables pour l’élevage de poulets sur le territoire national. Les limitations restent dans le coût des aliments pour les poulets, d’autant que la république d’Haïti ne dispose point de tourteaux de soja recommandés en la matière.

Une fois passé le cap de la crise avec la grippe aviaire, il conviendra de réfléchir sur la création de petites entreprises de façon permanente en guise d’alternative aux actuelles vendeuses de poulets et d’œufs sur le marché national. Il s’agira également de considérer l’apport aux exploitations familiales et le niveau de l’approvisionnement en quantité suffisante du marché national.

Dans ce contexte, l’accent pourrait être mis sur l’élevage familial, l’aviculture de fermes à partir de poules améliorées semi-rustiques.

La République dominicaine, qui possède une commercialisation de poulets et d’œufs générant 24 milliards de pesos l’an, soit 700 millions de dollars américains annuellement, importe même d’Haïti (certes peu comparable au volume exporté vers Haïti) des volailles, y compris des pintades (du Plateau Central).

La production d’œufs se réalise à débit continu sur des fermes en République dominicaine. Mais, l’aviculture libre de poulets en Haïti tend davantage à se rapprocher d’un élevage biologique, tandis que la capacité de production nationale d’œufs pourrait se révéler de meilleur coût qu’en territoire voisin dominicain, selon les informations obtenues par AlterPresse. [rc apr 12/01/2008 13 :00]