Español English French Kwéyol

Haiti/Économie : Ralentissement des activités commerciales à Port-au-Prince au début de 2008

P-au-P, 10 janv. 08 [AlterPresse] --- La forte hausse des prix des produits de première nécessité enregistrée à la fin de l’année 2007 (allant de 20 à plus de 50%) se poursuit au début de 2008 et tend à neutraliser les activités commerciales à Port-au-Prince, constate l’agence en ligne AlterPresse.

Si les prix de certains produits comme le charbon de bois, la noix de coco, la tomate,
l’orange amère et certains ingrédients accusent une certaine baisse (de 3
à 5 %), les prix des haricots secs (divers types), de la farine, du sucre et
du lait concentré demeurent les mêmes, tandis que ceux du riz, du maïs moulu, de l’huile
de cuisine et des pâtes alimentaires continuent de grimper.

Lors d’une visite à la Croix-des-Bossales, principal marché public de la capitale, une journaliste d’AlterPresse observe que la petite marmite de riz, qui se vendait à 20 gourdes, est débitée maintenant à 25 gourdes. La même quantité de maïs moulu passe de 15 à 17 gourdes, le gallon d’huile comestible de 260 à 300 gourdes, le sachet de pâtes alimentaires, de 20 à 22 gourdes.

Cette augmentation est aussi observée sur les légumes et les salades : épinards, choux, aubergine et carottes. C’est également le cas pour la viande, le poisson, le hareng et d’autres ingrédients, dont le sel et le beurre de cuisine.

Les prix sont restés élevés pour les détergents, les vêtements et chaussures importés, les produits cosmétiques et ménagers...

Par ailleurs, divers dépôts et magasins sont vides, à cause du ralentissement de l’approvisionnement de la part de certains fournisseurs, pour des raisons inconnues. Ce qui provoque la rareté de certains produits, comme la banane, la patate, le manioc, l’orange, la pamplemousse et le citron.

« Les rares consommateurs arpentent les étals sans rien acheter », se plaint une détaillante de produits de première nécessité.

Un grossiste déclare que « le client qui a l’habitude d’acheter un gallon d’huile comestible est obligé de se contenter de la moitié, ne pouvant pas payer un gallon ».

La flambée des prix des biens essentiels jette les familles dans le désarroi en ce début de l’année 2008.

« Finies, les fêtes de Noël et du nouvel an, et voici une nouvelle période de misère qui s’acharne contre nous », s’exclame une mère de 4 enfants, sachet en plastique noir à la main, se ruant vers un comptoir de marchandises.

Interrogées par AlterPresse, plusieurs personnes rencontrées à la Croix-des-Bossales estiment que l’évolution politique d’Haïti n’a eu aucun impact véritable sur l’économie. Celle-ci a subi les contrecoups de catastrophes naturelles répétées en 2007.

« Nous sommes allés aux urnes (en février 2006) en espérant un changement, du moins une petite amélioration, mais la vie devient de plus en plus dure », se désole une marchande de riz.

Beaucoup sont lassés d’espérer : « on a voté et on est là à attendre indéfiniment que quelque chose se passe. Plus on attend, plus on se rend compte qu’on est abandonné », dit une marchande de patates.

D’autres s’en remettent à Dieu ou comptent sur leur débrouillardise pour joindre les deux bouts. Ces derniers font ici allusion à une formule chère au président René Préval : « Se naje n ap naje pou nou soti » (Littéralement : Nous nageons pour pouvoir nous en sortir). [kj gp apr 10/01/2008 14:00]