P-au-P., 8 janv. 08 [AlterPresse] --- L’ambassadeur espagnol en poste à Port-au-Prince, Juan F Trigo, dresse un bilan nuancé de l’évolution de la situation socio-politique et économique en Haïti et annonce de nouvelles initiatives de coopération hispano-haitienne.
« Nous sommes dans la bonne direction », déclare le diplomate, en référence aux événements politiques et socio-économiques enregistrés ces derniers temps en Haiti.
Dans une entrevue accordée à AlterPresse, Trigo se réjouit de la possibilité de réaliser des élections partielles pour le sénat au début de cette année, suite à la formation en décembre 2007 d’un nouveau Conseil Électoral Provisoire (CEP).
« C’est une bonne nouvelle », que les dispositions soient en train d’être prises pour organiser les sénatoriales partielles et faire respecter les prescrits constitutionnels, affirme-t-il.
Au niveau économique, l’ambassadeur souligne une croissance positive de 3.3%
du Produit Intérieur Brut (PIB) en 2007, soit 1% de plus qu’en 2006. Il note une réduction « considérable » de l’inflation, passant de 14% en 2006 à 8% en 2007.
« Pour que la population puisse profiter de cette situation, des mesures appropriées doivent être prises par les autorités en place », estime-t-il.
Toutefois, Juan F. Trigo considère Haïti comme « un pays (...) plus compliqué que ce que les gens pensent ». Il faut comprendre l’histoire d’Haiti et la politique (...) conduite dans ce pays, agité surtout pendant les dernières années, ajoute-t-il.
« Il ne faut pas croire qu’on peut résoudre les problèmes avec trois ou quatre mesures », met en garde l’ambassadeur espagnol.
Juan F. Trigo souligne la contribution de l’Espagne à la Mission de Nations Unies pour la Stabilisation de Haïti (MINUSTAH) avec 50 policiers et gardes civils. Ces derniers effectuent le travail de police dans quelques commissariats de différents quartiers et prennent part à la sélection et la formation de policiers, précise le diplomate.
« Nous sommes satisfaits, parce que nous savons qu’ils font un bon travail », se félicite-t-il.
En ce qui concerne la coopération hispano-haitienne, l’Espagne a consacré 40 millions de dollars à Haïti durant les 2 dernières années (2006-2007). L’aide espagnole s’est multipliée par 30 depuis 2003, souligne Juan F. Trigo, en soulignant que 40% de l’aide est orientée vers l’éducation, particulièrement pour le financement de manuels scolaires, la construction et la reconstruction d’infrastructures scolaires et l’alphabétisation.
« Nous pensons que l’éducation a un effet multiplicateur très important dans ce pays », affirme-t-il.
Par ailleurs l’Espagne intervient dans la protection de l’environnement, surtout à Jacmel (Sud-est). Ce travail est effectué conjointement avec les Cubains, les Argentins et prochainement les Brésiliens et les Mexicains, indique l’ambassadeur espagnol.
D’autre part l’Espagne contribue à l’aide d’urgence et au microcrédit, avec un appui récent de 1.5 millions d’euros, pour renforcer les activités des petits commerçants. « C’est une formule qui marche très bien en Haïti », estime-t-il.
Maintenant, ajoute-t-il, il faut pouvoir intéresser les entrepreneurs étrangers, particulièrement espagnols, à investir en Haiti pour augmenter les emplois. C’est pourquoi il est nécessaire de travailler en vue de « changer une image un peu négative qu’ils ont des risques et des difficultés en Haïti, essayer de changer les stéréotypes », dit-il.
Dans ce sens, Trigo annonce un projet de réunion en février 2008 avec des chefs d’entreprise espagnols déjà présents en République Dominicaine.
Dans le secteur culturel, l’Espagne prévoit d’établir un centre de référence à Port-au-Prince, pour répondre à une demande de cours d’Espagnol et de promotion de la culture espagnole, informe l’ambassadeur Juan F Trigo. [gp apr 08/01/2008 14:00]
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