Par Jean Venel Casséus
Soumis à AlterPresse le 20 décembre 2007
Trop long pour être beau sans que le fil des actions soit entraînant, trop d’effets spéciaux pour être compris, trop de déchets dans la sonorisation pour être captivant : c’était en gros « Bal Rouj », le premier film du jeune Steeve Halloun, au parc historique de la canne à sucre, lors de sa grande Première.
Un public averti y était pourtant bien présent pour regarder ce film, annoncé sous le label d’une révolution dans le cinéma haïtien.
« Bal Rouj » c’est l’histoire de Michael, interprété par Junior Metellus, qui décide un beau matin de se venger du groupe de bandits ayant assassiné tous les membres de sa famille. Rescapé de justesse de cette barbarie, Michael, maître en art martial, s’est fait accompagner uniquement d’une machette dans son aventure, malgré qu’il ait été déconseillé par sa copine Sandra, une ex-petite amie de son papa…
Mais, il existe dans « Bal Rouj » une lutte sans merci entre le scénario, la technologie et le maquillage, ce qui handicape l’esthétique du produit, à entendre les commentaires des cinéphiles du parc historique, ce soir du mardi 19 décembre 2007.
« Bal Rouj », pense-t-on, aurait pu être mieux, s’il était conçu à la manière de la Sortie de l’usine Lumière à Lyon des frères Lumières, donc sans l’élément sonore ou, s’il préférait la simplicité des cinéastes français, sans l’utilisation excessive des effets spéciaux.
A trop vouloir être un grand film, la réalisation de Steeve Halloun bouscule le cinéma dans sa conception : « Bal Rouj » s’introduit à cent mille à l’heure avec une multitude d’images par seconde, comme dans un clip de rock and roll, pour ensuite basculer dans les trois unités (temps, action, lieu) du théâtre classique.
Le jeu des acteurs est, par contre, à féliciter dans ce film en noir et rouge, de même que la qualité du maquillage qui nous offre tout pour vrai : le sang, les brûlures, les incisions etc. Ce n’est en quelque sorte qu’un plus pour le cinéma haïtien que l’éditeur ne permet pas aux cinéphiles d’apprécier à sa juste valeur.
La violence dans le film, dit-on, s’inspire de la violence du concept, ce qui donne bien raison au réalisateur d’interdire son « Bal Rouj » aux moins de dix-huit ans.
En attendant le nouveau « Bal Rouj » ou tout simplement un réalisateur réellement convainquant dans l’industrie du cinéma commercial ou de la télévision en Haïti, les cinéphiles s’amusent parfaitement bien « Au cœur du péché ».
casseusjeanvenel@yahoo.fr