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Haïti/Rép. Dominicaine : Apport des migrants haïtiens à l’économie dominicaine

P-au-P, 18 déc. 07 [AlterPresse] --- Environ un tiers du Produit interne brut de la République Dominicaine repose sur la main-d’œuvre à bon marché que représentent les migrants haïtiens, révèle une étude du Centre culturel dominico-haïtien (Ccdh) sur l’« apport des migrants haïtiens à l’économie dominicaine ».

L’étude du Ccdh, dont les résultats ont été présentés ce 17 décembre 2007 dans le cadre de l’exposition photographique « Esclaves au paradis », se divise en deux parties. La première concerne l’apport des migrants haïtiens à l’économie formelle dominicaine et la seconde à l’économie informelle.

« La classe possédante dominicaine veut faire comprendre que les migrants n’ont rien apporté à l’économie nationale. Pour elle, les migrants ce sont des parasites », signale Antonio Paul Émile, directeur exécutif du Centre culturel dominico-haïtien (Ccdh).

La pêche, l’élevage, l’agriculture, la construction, sont entre autres les secteurs d’activités qui ont été retenus pour cette enquête. Avec une main-d’œuvre de 70% dans le secteur agricole, les migrants haïtiens contribuent à 30% à l’économie dominicaine.

Dans le Produit interne brut dominicain, l’apport des travailleurs migrants haïtiens est de l’ordre de 1% contre 24% dans le secteur du café et 6,08% dans la construction, selon les résultats de l’étude.

« Avec ces chiffres, nous sommes en mesure de démontrer que la main-d’œuvre haïtienne est très significative dans l’économie dominicaine », affirme le juriste Antonio Paul Émile.

Plusieurs exemplaires du document sont déjà acheminés à l’Ambassade d’Haïti en République Dominicaine, selon les responsables du Ccdh qui disent disposer, aujourd’hui, de données chiffrées pour analyser la situation des migrants haïtiens sur le territoire dominicain.

« Nous espérons que les résultats de cette étude seront prises en compte par les autorités haïtiennes », indique le juriste Roberto Antoine du Ccdh.

Né dans un batey (plantation de canne à sucre) dominicain, Roberto Antoine est à l’instar de son collègue Antonio Paul Émile, de souche haïtienne. « La contribution des Haïtiens à l’économie dominicaine est un fait réel », dit-il.

Débutées en 2005, les investigations réalisées pour l’étude en question ont été menées auprès de 60 personnes dans le secteur sucrier, d’une quinzaine d’associations patronales et de 70 ouvriers dans le secteur de la construction.

Les statistiques officielles de la Banque centrale dominicaine et de la Banque mondiale ont également été prises en compte. « Les autorités dominicaines n’ont aucune contestation vis-à-vis de ces chiffres et nous estimons que l’étude est significative », soutient Antonio Paul Émile.

Le directeur exécutif du Centre culturel dominico-haïtien estime que « les bonnes relations qui existent entre les autorités des deux pays n’impliquent pas le respect des droits des migrants haïtiens ».

Cette étude, selon Antonio Paul Émile, renforce la capacité d’action des militants de droits des migrants dans la lutte en faveur de meilleurs traitements pour les braceros.

Les transferts sur Haïti de migrants haïtiens en République dominicaine n’ont pas été pris en compte dans le cadre de cette étude. Antonio Paul Émile et Roberto Antoine ont tous deux estimé que le migrant haïtien n’est en aucun cas une charge pour l’Etat dominicain. Au contraire, soutiennent-ils, les Haitiens qui vivent de l’autre coté de la frontière contribuent à l’économie dominicaine. [do gp apr 18/12/2007 15 :00]