P-au-P, 17 déc. 07 [AlterPresse] --- Il faut rechercher les causes de la pauvreté et de la migration dans la répartition inégale des richesses et le système d’exploitation de la main-d’œuvre à bon marché, suggère, ce lundi 17 décembre 2007, l’économiste haïtien Camille Chalmers, en présence de plusieurs journalistes, dont un de l’agence en ligne AlterPresse.
Directeur exécutif de la Plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda), Chalmers intervenait autour de la thématique « Pauvreté, migration et développement » dans le cadre de l’exposition photographique « Esclaves au paradis », tenue à Port-au-Prince du 5 au 18 décembre 2007 sous les auspices du Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr).
Tout en estimant que « la pauvreté et la migration sont liées à des phénomènes structurels », Chalmers considère difficile d’évoquer la pauvreté sans tenir compte des inégalités qui caractérisent les sociétés humaines.
La migration haïtienne vers la République Dominicaine et Cuba commence au début du XXe siècle, selon Camille Chalmers. A l’époque, le rôle accordé à Haïti dans la division internationale du travail était de fournir de la main-d’œuvre à bon marché.
La migration, selon le conférencier, est toujours liée à des phénomènes organisationnels.
Chalmers évoque deux types de violence qui, selon lui, apparaissent dès qu’on parle de la migration.
La première forme de violence, signalée par Camille Chalmers, se rattache à l’impossibilité de satisfaire certains besoins, et la deuxième a trait à l’augmentation des flux migratoires.
Pour le militant altermondialiste, les pays riches continuent à exploiter les pays pauvres en appliquant le modèle néolibéral qui ne fait que créer beaucoup plus de pauvres dans le monde.
Transferts et richesses dans l’économie dominicaine de la part des immigrants haïtiens
Opinant sur une étude du Centre culturel dominico-haitien (Ccdh) concernant l’ « Apport des immigrants haïtiens à l’économie dominicaine », Chalmers estime que les transferts des travailleurs haïtiens en territoire dominicain sur Haïti ne représentent rien par rapport à la richesse qu’ils ont injectée dans l’économie dominicaine.
Les résultats de l’étude du Ccdh ont été présentés, ce 17 décembre 2007, par Roberto Antoine et Antonio Paul Emile, deux juristes dominicains descendants d’Haïtiens. Une conférence-débat autour du même thème a précédé l’intervention du professeur Camille Chalmers.
Selon les juristes Roberto Antoine et Antonio Paul Emile du Ccdh, les migrants haïtiens ne constituent, en aucun cas, une charge pour l’Etat dominicain. Au contraire, disent-ils, ils contribuent à l’économie dominicaine.
Soixante-dix pour cent (70%) de la main-d’œuvre, dans le secteur agricole en République dominicaine, viennent d’Haïti.
L’étude du Ccdh, qualifiée d’intéressante par Camille Chalmers, a été conduite dans les zones de forte concentration agricole. [do rc apr 17/12/2007 15 :40]