P-au-P, 13 déc. 07 [AlterPresse] --- Haiti et la France sont désormais partenaires dans un processus de « codéveloppement », scellés par des accords qui viennent d’être présentés publiquement.
C’est dans la soirée du mercredi 12 décembre, devant un parterre d’invités que le ministre
des haïtiens vivant à l’étranger, Jean Généus, et l’ambassadeur de France en Haiti, Christian Conan, ont officiellement fait part au public des accords de codéveloppement
signés en Avril dernier entre la France et Haiti, a constaté AlterPresse.
L’ambassadeur Conan a rappelé que « l’on entend par codéveloppement toute action d’aide au développement, quelle que soit le secteur dans lequel elle est réalisée,
à laquelle participent des migrants vivant en France (métropolitaine et DOM-TOM).
Il a poursuivi en avançant que « ces accords de codéveloppement peuvent concerner
aussi bien les Haïtiens qui désirent retourner dans leur pays pour y créer une activité, que ceux (hommes d’affaires, médecins, universitaires, ingénieurs, électriciens, plombiers
établis durablement en France...) qui sont disposés à investir dans leur pays d’origine pour y promouvoir des activités productives ou qui souhaitent faire profiter Haïti de
leurs compétences, leur savoir-faire et leur leadership ».
Le ministre Généus a rappelé quant à lui qu’« Haïti enregistre la fuite de cerveaux
la plus élevée au monde ». Pas moins de 80% des spécialistes haïtiens partiraient du pays, ce qui, de manière évidente, fait obstacle à l’augmentation du niveau de développement d’Haiti.
Les dits accords pourraient, selon le ministre, remédier, dans un certain sens, à ce phénomène.
Concrètement, le programme de codéveloppement intervient sur trois points. Premièrement, dans le cas d’une association haïtienne établie en France, le programme
peut l’aider à financer un projet en Haïti. Le programme privilégiera les projets productifs selon l’ambassadeur Conan.
Dans le cas d’un migrant vivant en France qui souhaiterait retourner vivre en Haïti, le programme peut le soutenir à hauteur de 7000 euros pour mettre en place un projet
générateur de revenus qui lui permettra de vivre.
Enfin pour les membres de la Diaspora scientifique, technique et économique le programme peut les appuyer financièrement dans des missions courtes en Haiti.
Le programme est géré conjointement par le ministère des Haitiens vivant à l’étranger (MHAVE) et le Service de Coopération et d’Action Culturelle de l’Ambassade de
France (SCAC).
Ces accords interviennent au moment où les pays du nord adoptent une politique migratoire plus stricte dans le cadre d’une restructuration de leurs économies. Ainsi
Gustave Massiah, président du CRID (Centre de recherche et d’informations pour le développement) relativise la notion de codéveloppement et en donne une autre définition.
Pour lui « le codéveloppement, c’est de la coopération d’égal à égal. C’est faire le lien entre deux pays. C’est également remettre en question notre propre développement pour le mettre en relation avec celui d’autres pays. Ce n’est de toute façon qu’un outil
complémentaire de solidarité internationale, des rapports Nord-Sud. Mais, pour avoir
une pensée du codéveloppement, il faut d’abord avoir une pensée du développement. » [cd gp apr 14/12/2007 16:40]