Par Joël Lorquet
Soumis à AlterPresse le 10 décembre 2007
Existe-t-il des ressortissants haïtiens résidant à Moscou ?
La réponse est "oui", puisque la communauté haïtienne est composée de 54 étudiants, la plupart d’entre eux étudiant à l’Université de l’Amitié des Peuples à Moscou (ci-devant Université Patrice Lumumba). Quatre d’entre eux sont inscrits dans d’autres universités, toujours à Moscou.
Moins d’une dizaine d’autres Haïtiens habitent en Russie. La plupart sont des enfants d’anciens compatriotes ayant vécu à l’époque communiste, ou des étudiants ayant épousé des femmes russes.
Les universitaires haïtiens étudient l’économie, les relations publiques, les relations internationales, l’agronomie, l’informatique, le génie et la médecine.
La plus grande difficulté rencontrée par nos compatriotes est l’apprentissage de la langue russe et l’adaptation au climat.
Avant de commencer avec les cours réguliers, une période d’au moins 12 à 18 mois est requise pour se familiariser avec le russe ; une langue pas très facile, puisque même après quatre années, certains n’arrivent pas à la bien parler. Cependant, les cours de Latin, suivis antérieurement dans leur pays d’origine, facilitent énormément la tâche à nos compatriotes.
Le climat en Russie est pénible à supporter : l’été dure seulement 2 mois, avec des chutes de température pouvant partir de 30° c pour descendre à 16° en l’espace de quelques heures. En hiver, des températures atteignant moins 40° font peur, car la respiration devient difficile et le froid vraiment insupportable.
A part quelques rares exceptions, les universitaires haïtiens obtiennent de très bonnes notes (soit 5) lors des examens.
Si la plupart des étudiants sont des boursiers ayant séjourné antérieurement à Cuba, certains, ayant appliqué comme “contractuels” avec l’aide d’une association ayant son siège à Boston, paient seulement $ 2,000.00 à 2,500.00 dollars américains l’an. En 2008, une vingtaine de jeunes Haïtiens, âgés de moins de 23 ans, doivent arriver à Moscou pour leurs études universitaires.
Minime, la communauté haïtienne n’est pas isolée, car les étudiants habitent le même campus de l’Université de l’Amitié des Peuples ; ils se réunissent pour célébrer des occasions spéciales, notamment la fête de l’Indépendance d’Haïti le 1er Janvier ou celle du drapeau le 18 Mai, et ils constituent parfois des cellules de prière.
Une association a même été créée en vue du rapprochement des deux peuples. Bien qu’il n’existe pas encore de relations diplomatiques entre la Russie et Haïti, la présidente de “ l’Association de la communauté Haïtienne en Russie”, l’étudiante en médecine Fabiola Dalvius, affirme travailler en vue de l’établissement d’un consulat haïtien à Moscou. Elle espère que plus d’Haïtiens auront, comme elle, la possibilité de réaliser leurs études universitaires en Russie.
Quand on considère la qualité de l’Université d’Etat d’Haïti qui ne dispose même pas d’un vrai campus et le coût exorbitant du traitement dans les facultés privées, il ne faudrait que saluer l’engouement des Haïtiens à étudier en Russie.
Les étudiants haïtiens ne comptent pas rester en Russie après leurs études. A côté de ceux qui projettent d’aller travailler dans d’autres pays étrangers, un grand nombre envisage de retourner au bercail.
Une façon, disent-ils, de contribuer au développement d’Haïti et de renouveler les ressources intellectuelles et professionnelles à un moment où beaucoup de nos cerveaux sont récupérés par d’autres nations, le Canada en particulier.
Joël Lorquet
Ndlr : L’un des premiers immigrants haïtiens en Russie fut feu René Théodore, ancien secrétaire général du Parti unifié des communistes haïtiens (Puch), lequel parti deviendra plus tard Mouvement pour la reconstruction nationale (Mrn).