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3ème APC / Partir " à la conquête de nouvelles abolitions "

Cap-Haïtien, 24 août. 03 [AlterPresse] --- La 3ème Assemblée des Peuples de la Caraïbe (APC) a pris fin dans la nuit du 23 au 24 août au Cap-Haïtien (Nord), après l’adoption, à l’issue de 3 jours de travaux, d’une déclaration finale proclamant qu’ « une autre Caraïbe est possible ».

Plusieurs centaines de délégués et observateurs ont tenu jusqu’au bout, malgré la fatigue et la pluie, pour prendre connaissance de ce document, lu à l’assemblée par Marcel Mondésir, animateur du dernier panel de la 3ème APC. A ses cotés, il y avait l’Haïtien Camille Chalmers, le Dominicain Yvan Rodriguez, le Martiniquais Jean-Pierre Etylé et le Trinidadien David Abdulah, tous membres du Comité Exécutif Régional (CER - instance suprême).

« Nous sommes indignés-es par la situation actuelle de dépendance d’Haïti, appauvrie et pillée pendant plus de 500 ans et qui gémit encore aujourd’hui sous le poids des politiques d’ajustement imposées par les Institutions Financières Internationales appliquées de façon servile par les autorités haïtiennes », a lancé l’orateur d’une voix revigorée, à l’issue d’une séance qui s’est longuement étirée.

« Nous exigeons l’arrêt immédiat du pillage des ressources haïtiennes à travers notamment le paiement du service de la dette et des interminables arriérés », a-t-il ajouté, au nom des 900 représentants et représentantes des peuples de la Caraïbe, qui se sont rencontrés en présence de 300 observateurs et observatrices, dont le Prix Nobel de la Paix argentin, Adolfo Perez Esquivel.

La tenue de la 3ème APC a coïncidé avec le 212ème anniversaire du premier soulèvement général des esclaves en Haïti, le 21 août 1791. Ce fait historique a été « salué » en tant qu’ « une étape dans la recherche de la construction de sociétés véritablement humaines qui placent les besoins individuels et collectifs des Peuples au centre de toutes les préoccupations ». L’APC soutient que le Bois Caïman doit être « consacré patrimoine historique de l’humanité ».

Sur les traces de Boukman (leader de Bois Caiman), la 3ème APC invite à partir « à la conquête de nouvelles abolitions » : abolitions de l’exploitation, l’exclusion, la marginalisation, toutes les formes de discrimination contre les femmes, la dette externe, les Institutions Financières Internationales « qui sèment la mort », la destruction écologique dans les pays du Sud, de toutes les formes de domination culturelle, des bases militaires et de « tout essai nucléaire ou bio-technologique mettant en danger
la région des Caraïbes ».

Un ensemble de résolutions a également été adopté, notamment un document appelant à « la solidarité active et concrète avec le peuple haïtien ». Cette résolution « condamne la violence permanente exercée contre la Population par le Gouvernement et les groupes paramilitaires et dénonce la polarisation stérile qui oppose les forces politiques qui monopolisent la scène politique ».

La résolution condamne un récent accord du gouvernement haïtien avec le FMI, renforcant les mesures d’ajustement structurel. « Il est inacceptable que, pour recevoir des sommes dérisoires de l’ordre de 50 millions de dollars, on soit obligé de réduire de 50% le Budget du Ministère de l’Education », déclare l’APC.

Dans cette même résolution l’assemblée « manifeste son inquiétude quant aux conséquences désastreuses prévisibles de la politique de création de zones franches en l’absence de plans d’aménagement du territoire, tout particulièrement sur la ligne frontalière avec la république dominicaine ».

D’autres résolutions ont été adoptées contre la Zone de Libre Echange des Amériques (ZLEA) qualifiée de « schéma recolonisateur » et la militarisation croissante, qui constitue « un sérieux danger pour la paix et la sécurité dans la région ». l’APC s’est prononcée contre « le colonialisme » dans la Caraïbe et dans le monde, considéré comme « un anachronisme au 21ème siècle » et contre la violence exercée sur les femmes.

La 3ème APC a exprimé sa solidarité avec les processus vénézueliens et cubains et condamné l’embargo imposé à Cuba par les Etats-Unis depuis plus de 40 ans.

Des délégations de toutes les régions d’Haïti et de 20 pays de la Caraïbe, de l’Europe, de l’Amérique Latine et de l’Amérique du Nord ont pris part à la 3ème APC. [gp apr 24/08/2003 02:00]