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3ème APC / Adolfo Perez Esquivel s’insurge contre la pauvreté en Haïti et accuse...

Par Raoul Vital

Cap Haitien, 23 Aout 03, [AlterPresse] --- Le Prix Nobel de la Paix argentin, Adolfo Perez Esquivel estime qu’ « il n’existe pas de politique pour promouvoir la production en Haïti ». Le pays « dispose d’une grande capacité productive, cependant les autorités gouvernementales n’ont aucune politique pour assurer le développement économique du pays », déclare Esquivel.

Le Prix Nobel de la Paix a fait ces déclarations au cours d’une rencontre avec la presse le 22 août, en marge de la 3ème Assemblée des Peuples de la Caraïbe (APC), a laquelle il participe depuis le 20 août.

Adolfo Esquivel croit que le peuple haïtien doit jouer son rôle d’acteur pour porter les dirigeants à prendre leurs responsabilités face à la situation de misère, constate-t-il, qui sévit dans le pays. Il revient aux peuples de modeler leur pays. « Ils doivent participer à la construction de leur pays", indique-t-il.

« A un moment ou les conditions de vie en Haïti sont au plus bas niveau, les couches les plus vulnérables de la société vivent en deçà du seuil de la pauvreté, a dénoncé Adolfo Equivel qui appelle le peuple haïtien à « relever le défi de la pauvreté ».

Situant la condition de pauvreté d’Haïti et de la Caraïbe dans le contexte international, le Prix Nobel Argentin déclare que le monde se trouve aujourd’hui face à « un empire américain » qui atteint sa vitesse de croisière suite aux événements du 11 septembre 2001 aux Etats-unis. « La domination, précise Adolfo Perez Esquivel, n’est pas seulement économique mais également culturelle ».

« Les Etats-unis veulent la mort de toutes les cultures. Les peuples qui perdront leur culture disparaitront », soutient-il. Face à cette situation " la capacité de résistance des peuples doit être profondément culturelle", ajoute-t-il. Il invite prône également des assemblées populaires et promouvoir la production agricole selon un modèle coopératif.

Dans son allocution lors de l’ouverture officielle de la 3ème APC axée sur l’impératif de "construire des alternatives" dans les pays du bloc Sud, Perez Esquivel a prôné la « pensée autonome », face à la « pensée unique » imposée, selon lui, par l’impérialisme. Esquivel a critiqué la dette externe qualifiee de " dette éternelle " (deuda eterna), la
Zone de Libre Echange des Amériques (ZLEA), qui favorise " un accroissement de la pauvreté " et la « militarisation ».

Les revendications contre la ZLEA sont portées par de nombreuses voix au niveau de la 3ème APC. Dans son intervention le 20 août au forum des femmes, Elpidia Hernandez, déléguée de la Fédération des Femmes Cubaines, a fait remarquer que « la ZLEA est synonyme de répression et d’intervention directe des Etats-Unis ». La ZLEA vise à renforcer, a indiqué M. Hernandez, « la domination américaine dans la zone en atrophiant l’économie des pays de l’Amérique latine et de la Caraïbe ».

Elpidia Hernandez a également pointé du doigt la dette des pays pauvres, qui est, selon elle, la cause de leur sous-développement. « Entre 40 et 60% des exportations des pays pauvres vont au paiement de la dette externe », a-t-elle précisé.