Cap Haitien, 23 août. 03 [AlterPresse] --- En Haïti, « la démocratie est prise en otage » et « la liberté est castrée », a déclaré ce 22 août, le dirigeant de la plate-forme des organisations populaires dominicains et responsable de la Convergence des Mouvements Populaires des Amériques (COMPA), Victor Geronimo, lors d’une conférence de presse donnée en marge de la 3ème Assemblée des Peuples de la Caraïbe.
Les gouvernements qui se sont succédés en Haïti ont indistinctement contribué à cette « prise en otage de la démocratie », a poursuivi Victor Geronimo, qui a annoncé un ensemble d’actions au niveau régional et continental pour apporter une solidarité active au peuple haïtien. « La solidarité avec Haïti doit dépasser la réflexion pour passer à l’action », a -t-il déclaré.
Dans le cadre de la solidarité haitiano-dominicaine, une marche caribéenne est prévue au niveau de la frontière entre les deux pays le 15 octobre, jour mondial de l’alimentation, en vue de revendiquer la souveraineté alimentaire, a annoncé le responsable populaire dominicain.
Sur un plan plus large, sans mentionner de date, Victor Geronimo a fait savoir que la COMPA va mettre sur pied une campagne continentale autour du cas haïtien.
A propos d’Haïti, lors d’une intervention la veille, l’économiste haïtien Camille Chalmers a dénoncé le contrôle oligarchique du pouvoir par « une poignée de personnes » depuis 200 ans. Le résultat est, selon lui, catastrophique, avec un pays qui fait partie « des 50 Etats en régression économique constante ».
Chalmers a rappelé que 3,8 millions d’Haïtiens (soit près de la moitié de la population) souffre de la faim, d’après les dernières données du Fond des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO).
La République Dominicaine est traversée, quant à elle, par une profonde crise depuis quelques temps, suivant les données fournies par Victor Geronimo. Augmentation du taux de chômage, effondrement de la monnaie (100 %), augmentation de 100 à 500% des prix des produits de base, crise morale, impunité : tels sont les éléments mis en exergue par Victor Geronimo.
Malgré la répression, a déclaré le militant dominicain, les dispositions vont etre prises pour généraliser les protestations contre le gouvernement de la République Dominicaine. Ces dispositions seront envisagées, a-t-il précisé, lors d’une rencontre nationale des organisations populaires le 30 août prochain.
Lors des mouvements de protestation de juillet dernier contre les mesures économiques néo-libérales adoptées par le gouvernement du président Hipolito Mejia, 4 personnes ont été tuées et plusieurs centaines d’autres arrêtées. Victor Geronimo a lui-même été emprisonné durant plus de 24 heures. [gp apr 23/08/2003 10:50]