P-au-P, 04 déc. 07 [AlterPresse] --- Les migrantes et migrants, internes et externes, représentent des groupes vulnérables au virus de l’immuno-déficience humaine / syndrome de l’immunodéficience acquise (Vih/Sida) à cause des facteurs de risques auxquels ils font constamment face, révèle une étude du Groupe haïtien d’appui aux réfugiés et rapatriés (Garr) dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Avec l’appui de l’organisation internationale Christian Aid, cette étude, dont les résultats préliminaires ont été présentés le mardi 4 décembre 2007 à Port-au-Prince, a permis de retracer « la peur, le déni et la discrimination très marquée qui existe vis-à-vis du Sida ».
La nécessité d’améliorer l’accès aux soins de santé et de développer un programme national de lutte contre les infections sexuellement transmissibles et le Vih/Sida (Ist/Vih/Sida) est également ressortie dans les résultats préliminaires de l’étude.
Débutée en juillet 2007, l’étude a ciblé des groupes de personnes (une cinquantaine) toujours en déplacement, soit vers et en provenance de la République dominicaine, soit en mouvement de population à l’intérieur d’Haïti, tels de camionneurs (transporteurs publics), de marins et de « madan Sara » (des commerçantes qui font le va-et-vient).
L’étude a considéré ces groupes dans leurs mouvements de population, dans tout le processus migratoire, de leurs lieux de départ, de transit et d’arrivée. Les marins, par exemple, font partie des personnes ayant même 3 domiciles, constate l’étude.
« Définir, situer, apprécier la vulnérabilité des migrantes et migrants haïtiens vis-à-vis du Vih et identifier des axes stratégiques d’interventions, capables d’aider à améliorer cette situation », est le principal objectif de cette démarche du Garr.
Les premières données issues de l’étude permettent de déterminer, en termes de résultat, le « profil des migrants » et les « raisons de la migration ».
La situation socioéconomique précaire des migrantes et migrants est identifiée comme l’un des facteurs de risque, qui pourraient augmenter leur vulnérabilité. A ceci, s’ajoutent l’incapacité des femmes à négocier leur sexualité ainsi que l’instabilité émotionnelle et affective des migrantes et migrants loin de leurs familles, qui les exposent à des aventures.
« Plus de 90% des participantes et participants à l’étude ne se perçoivent pas à risque vis-à-vis du Vih/Sida », souligne la spécialiste en santé publique, Dre. Roberte Beauboeuf Eveillard.
Les migrantes et migrants interrogés pensent que « le Sida c’est la maladie des autres », ajoute la docteure Roberte Eveillard qui appelle au renforcement des activités de sensibilisation et de prévention contre les Ist/Vih/Sida.
La mise en branle de programmes de plaidoyer, de communication pour le changement de comportement, de mobilisation sociale, de prévention et de prise en charge sont les principaux axes stratégiques d’interventions proposées dans l’étude.
Selon la docteure Roberte Beauboeuf Eveillard, plus de 50% des participantes et participants persistent à croire que « le Sida est une maladie surnaturelle ». En outre, 20% disent que le Sida c’est de la politique. Les 70%, quoique imbus des moyens de prévention, ne les mettent pas en pratique.
L’étude sur « les mouvements migratoires en Haïti et l’épidémie du Vih » laisse voir que les personnes, contraintes de voyager dans des conditions inhumaines, sont exposées à toutes formes d’exploitations et d’abus.
La docteur Roberte Beauboeuf Eveillard ainsi que Colette Lespinasse, coordonnatrice du Garr, souhaitent que les résultats de l’étude servent de catalyseur pour conscientiser les autorités haïtiennes et les porter à insérer, dans le programme national de lutte contre les Ist/Vih/Sida, un volet relatif aux mouvements migratoires. [do rc apr 04/12/2007 14 :40]