Español English French Kwéyol

Haïti : la Police Nationale regorge d’attachés

P-au-P., 21 août. 03 [AlterPresse] --- Le phénomène des attachés (civils armés au sein de la police) retourne en force depuis quelque temps en Haïti avec le spectre grimaçant de tout ce qui le caractérise, révèle la Coalition Nationale pour les Droits des Haïtiens (NCHR) dans un rapport publié le 19 août 2003.

La NCHR dénonce, photos à l’appui, une longue liste de civils armés basés dans les différents commissariats de police et qui effectuent, en toute impunité, de sales besognes comme des meurtres, des enlèvements et des hold-up.

Parmi les personnes les plus visées par les exactions de ces indicateurs de police, le très copieux rapport de la NCHR cite les hommes d’affaires, les grands commerçants, des compatriotes revenant de l’étranger, des militants de l’opposition, des anciens militaires et des propriétaires de véhicules luxueux.

Des différents commissariats de la province et de la capitale figurant dans le rapport, c’est le commissariat de Delmas 33 (axe nord/nord-est de la capitale) qui remporte la palme des exactions. Le dit commissariat est un véritable bastion de gangs armés, indique la NCHR.

Dans son rapport, la NCHR publie les photos de plusieurs attachés lourdement armés qui accompagnaient le tout puissant chef d’une organisation de base du parti Fanmi Lavalas, René Civil, en janvier 2002, à Dena, une localité dépendant de la Vallée de Jacmel (Sud-Est). René Civil participait à une cérémonie de baptême d’un fils du révérend pasteur Phède Civil, à titre de parrain de l’enfant.

Dans ce même document, la NCHR mentionne diverses zones de l’aire métropolitaine utilisées par les gangs armés au sein de la police comme abattoir, dans le cadre de l’opération zéro tolérance.

Le phénomène des attachés n’est pas seulement le fait des commissariats de police. Le Palais National, le Ministère de l’Intérieur, certaines délégations départementales comme celles de Hinche (Centre-est), des Gonaïves (Centre-ouest) et du Cap-Haïtien (nord), certaines mairies et les bureaux des Conseils d’Administration des Sections Communales (CASECS) regorgent d’attachés, précise le rapport de la NCHR.

En Haïti, la chronique de la dictature est souvent associée à l’existence et au fonctionnement de corps parallèles, illégaux, créés pour neutraliser les structures institutionnelles prévues par la constitution et les lois, rappelle le document de la NCHR. [vs apr 21/08/2003 18:00]