Saint-Marc, 30 nov. 07 [AlterPresse] --- Le ministre de l’intérieur et des collectivités territoriales (Mict), Paul Antoine Bien-Aimé, est du nombre de ceux qui croient que la décentralisation ne pourra être effective en Haïti que sous la base d’un dialogue constructif entre les différents secteurs vitaux du pays.
Tout en rappelant qu’on ne peut pas importer un modèle de décentralisation d’un pays à l’autre, Paul Antoine Bien-Aimé préconise la tenue d’un débat national sur les mécanismes devant être mis en place pour faciliter la décentralisation du pays selon le vœu de la constitution de 1987. Il revient toutefois à l’Etat central d’indiquer, selon le ministre, les grandes orientations.
« Il faut un débat national, il faut un consensus national. Car, les enjeux sont trop importants, aussi bien les enjeux qui concernent la consolidation de l’Etat central dans un pays où l’Etat est faible qu’en ce qui concerne l’édification d’une véritable autorité locale ou pouvoirs locaux », déclare Paul Antoine Bien-Aimé dans un échange spécial avec des journalistes, dont de l’agence en ligne AlterPresse sur place à l’occasion de la conférence internationale des maires cette semaine en Haïti.
Hormis les prescrits constitutionnels posant les bases de la décentralisation, il n’existe en Haïti aucune loi concernant ce projet de société préconisé par la loi mère du pays. On retient aujourd’hui la loi de 1982, d’essence duvaliériste, sur la collectivité territoriale communale et la loi de 1996 qui traite de la section communale, adoptée sous la première présidence de René Garcia Préval.
Ancien ministre durant le premier mandat de Préval (1996-2001), Paul Antoine Bien-Aimé, conscient de cette absence d’instruments légaux, considère que ces lois sont toujours d’application tout en prônant « un véritable débat national » pour remédier à cette situation.
« Nous n’avons pas encore, depuis 1987, lancé ce débat national. Si bien que nos textes à caractère législatif sont des textes concoctées dans certaines sphères » et leur application se révèlent fort souvent difficile, fait remarquer le ministre Bien-Aimé qui insiste sur l’idée qu’une politique de décentralisation ne peut pas être définie uniquement par l’Etat central.
Aux côtés d’autres officiels haïtiens, des délégués internationaux, ainsi que des diplomates étrangers, Paul Antoine Bien-Aimé participe, du 28 novembre au 2 décembre 2007, à la 23e Conférence mondiale des maires, placée cette année sous le signe du « renforcement des municipalités ».
Au cours de ces assises à Délugé (petite localité située non loin de la ville de Saint-Marc, 120 km au nord de Port-au-Prince), les modèles malien, colombien, français et même américain, de la décentralisation ont été présentés dans des travaux en atelier aux décideurs haïtiens.
Ces expériences pourront bien aider Haïti à « alimenter la réflexion locale » en vue d’arriver à une décentralisation totale, selon le ministre de l’Intérieur et des collectivités territoriales.
« L’urgent maintenant est de s’entendre sur les options, les objectifs, la route que nous allons suivre dans le domaine de la décentralisation », soutient Paul Antoine Bien-Aimé.
Des ateliers sur les « Objectifs du millénaire pour le développement », sur le « Développement du leadership » et sur les « Risques et désastres » ont également eu lieu, le 29 novembre 2007, dans le cadre de la 23e édition de la Conférence mondiale des maires.
Une plénière sur la « Coopération décentralisée » sera suivie, ce 30 novembre, de la présentation de projet de 6 communes haïtiennes à développer. Il s’agit de Saint-Marc, Dame-Marie, Cabaret, Dessalines, Fond-des-Nègres, Milot. La présentation du projet « Gonave Development Cooperation » est également prévue le même jour. [do apr 30/11/2007 09:30]