Español English French Kwéyol

Haïti-Genre : Campagne institutionnelle contre les stéréotypes et l’exploitation du corps des femmes

P-au-P, 28 nov. 07 [AlterPresse] --- Le ministère à la condition féminine et aux Droits des femmes (Mcfdf) a lancé officiellement, le mardi 27 novembre 2007, une campagne de mobilisation et de sensibilisation contre les stéréotypes et l’exploitation du corps des femmes en Haïti, a constaté l’agence en ligne AlterPresse.

’’Les stéréotypes légitiment l’exclusion et l’exploitation des femmes. Les combattre, c’est travailler à l’établissement d’une société juste et équitable. C’est ce à quoi oeuvre le Ministère à la condition féminine et aux droits des femmes’’, relève la titulaire du Mcfdf, Marie Laurence Jocelyn Lassègue.

Placée sous le thème « Respekte kò m, se diyite m » (Respectez mon corps, c’est ma dignité), cette campagne contre les stéréotypes sexuels s’inscrit dans le cadre de l’engagement à la plateforme d’action de Beijing, signé par différents Etats en 1995, selon lequel il convient de faire la promotion d’images non discriminatoires sur les femmes dans les médias (art. 241, alinéa d).

En réitérant la volonté du gouvernement haïtien de garantir et de faire respecter les droits des citoyennes et citoyens conformément à la constitution de 1987, ’’Le Premier Ministre Jacques Edouard Alexis a souligné la désarticulation entre la violence faite aux femmes et un état de droit en Haïti’’, rappelle Jocelyn Lassègue.

Pour la ministre à la condition féminine et aux droits des femmes, le gouvernement est tenu de prendre ses responsabilités en insistant sur l’intérêt de 8 millions de gens plutôt que le plaisir d’une, de deux ou trois personnes tendant à utiliser le corps de la femme à des fins marchandes.

’’Les femmes, leurs corps deviennent les instruments des groupes musicaux qui les utilisent pour créer du sensationnel d’une part, et, d’autre part, l’effet de mode et une certaine demande masculine portent aussi les femmes à un exhibitionnisme frôlant la pornographie lors du carnaval’’, réprouve la Ministre à la condition féminine.

La campagne de mobilisation contre les stéréotypes et l’exploitation du corps de la femme, qui a commencé à l’édition 2007 (novembre 2007) de la foire dénommée « Musique en Folie », s’étendra jusqu’ à la période des festivités carnavalesques 2008.

A l’occasion, le ministère à la condition féminine exhorte les compositeurs-trices, les chanteurs-teuses, chorégraphes, costumiers-ères, réalisateurs-trices de clips vidéo, animateurs-trices, bandes à pied, disc jockeys, acteurs et actrices du monde du spectacle et de la mode à ne plus produire ni diffuser d’images négatives, stéréotypées et dévalorisantes des femmes dans leurs productions.

Des séances de formation et des assistances techniques devront permettre aux différents agents du monde culturel haïtien, notamment les patrons des médias, les responsables de danses, les danseuses, les chorégraphes, à prendre conscience du danger que représentent les stérérotypes aux yeux de la population, avise la ministre à la condition féminine qui invite les journalistes à combattre les stéréotypes dans les médias.

« La pornographique publique dans les vidéoclips est un danger », dit-elle.

« Etant donné que le corps des femmes n’est pas dissocié de la sexualité, la femme est sexe, cela débouche sur le harcèlement sexuel, les viols dont nous connaissons, tous et toutes, les conséquences sur la santé physique et mentale des femmes et du même coup sur la societé », signale Marie Laurence Jocelyn Lassègue.

Dans ce contexte, Jocelyn Lassègue annonce l’entrée en vigueur d’un protocole d’accord sur l’octroi et la gratuité du certificat médical relativement aux agressions sexuelles et/ou conjugales.

Signé le 17 janvier 2007 par les ministères à la condition féminine et aux droits des femmes, de la santé publique et de la population ainsi de la justice et de la sécurité Publique, ledit protocole, composé de 5 articles, rectifie et remplace celui en date du 23 novembre 2006.

Le certificat médical, sur les agressions sexuelles et / ou conjugales, est déclaré gratuit et sera délivré en bonne et due forme. Il devra servir à la victime pour la défense et la garantie de ses droits à des dommages-intérêts ou réparations. Il peut être délivré par les hôpitaux, les centres de santé et les cliniques, selon les articles 1, 2 et 3 du protocole d’accord du 17 janvier 2007.

Par ailleurs, une ligne téléphonique permanente appelée « SOS Fanm », mise en place en partenariat avec le centre Groupe haïtien d’étude sur le syndrome de Karposi et les infections opportunistes (Gheskio) et l’organisation Promoteurs Objectif Zéro SIDA (Poz), sera disponible en janvier 2008, en vue d’aider les femmes victimes de violence.

Cette ligne de service public, dont les numéros ne sont pas encore communiqués, devra offrir assistance et conseils aux femmes tous les jours et à toute heure, selon les informations fournies par le ministère à la condition féminine.

Des membres du gouvernement, d’organisations internationales, des responsables d’organisations de femmes ainsi que des journalistes ont assisté à l’activité de lancement, le 27 novembre 2007, de la campagne institutionnelle contre les stéréotypes et l’exploitation du corps de la femme. [kj rc apr 28/11/2007 10 :00]