A l’occasion du 18 e anniversaire de l’adoption de la convention relative aux droits de l’enfant aux Nations Unies, le 20 novembre (1989) désormais décrété journée mondiale de l’enfance, une conférence-débat sur la situation des enfants en institutions et sur l’adoption internationale en Haïti a été organisée le mardi 20 novembre 2007 à la Faculté des Sciences Humaines. Cette conférence-débat a été organisée par la branche nationale du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef), l’organisation Save the Children et l’Institut du Bien Etre Social et de Recherches (Ibesr).
P-au-P, 21 nov. 07 [AlterPresse] --- « En Haïti, il existe officiellement 63 crèches et 61 orphelinats, mais on évalue à plus de 500 le nombres d’institutions accueillant des enfants », déclare Marie-Josée Audet, consultante à la branche nationale du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef), au cours du débat du mardi 20 novembre 2007 auquel a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
« 50 000 enfants haïtiens vivraient en institutions et 75-80% d’entre eux ne seraient pas orphelins », ajoute-t-elle.
De manière fréquente, les enfants sont confiés aux pouponnières par leurs familles qui pensent les laisser temporairement, en attendant des jours meilleurs. Mais, certains intermédiaires peu scrupuleux profiteraient de l’illettrisme de la plupart des parents biologiques pour leur faire signer une décharge stipulant que l’enfant est éligible à l’adoption internationale, d’après Marie-Josée Audet.
Dans ce contexte, les animateurs de la conférence insistent tous sur l’importance de l’avant-projet de loi présenté au début du mois de novembre 2007, qui vise à réformer le processus de l’adoption en Haïti. Le texte, rédigé par des acteurs des droits humains en collaboration avec les autorités, ambitionne surtout de replacer l’Etat au cœur de la procédure et de favoriser un contrôle plus rigoureux des cas d’enfants et de jeunes séparés de leurs familles.
Il semble, en effet, urgent d’adopter un cadre législatif clair afin de protéger et respecter les droits des enfants en Haïti ainsi que de s’assurer de leur épanouissement. Certaines études, comme celles menées par Marlène Hofstetter et Fernando Freire, révèlent que la majorité des adoptions internationales, faites en Haïti, ne respectent pas les droits élémentaires de l’enfant.
C’est également l’avis de l’Unicef-Haïti, selon qui la traite et le trafic d’enfants continue dans le pays où les principes fondamentaux, en matière d’adoption internationale, en plus des droits élémentaires de l’enfant, ne sont pas appliqués.
Il est « primordial d’étudier toutes les solutions avant de placer un enfant en institution, notamment l’accueil par la famille élargie (tante, grand frère, grande soeur) », souligne Audet à ce sujet.
Le placement est toujours vécu comme un traumatisme par l’enfant et souvent les conditions d’une vie digne (nutrition, santé, éducation, affection) dans un orphelinat ou une crèche ne sont pas prises en compte, en particulier sur le plan affectif », signale-t-elle.
Le texte d’avant projet de loi devrait donc améliorer cette situation au cas où il est approuvé par le parlement haïtien.
Par ailleurs, l’Unicef-Haïti, présent en Haïti depuis 1983, presse les autorités nationales d’honorer les promesses faites lors de la ratification de la Convention en décembre 1994 en Haïti, en insérant, par exemple, les prescrits de la convention du 20 novembre 1989 dans les programmes officiels des gouvernements.
Près de 600,000 enfants n’ont pas accès à l’éducation, tandis que l’extrême pauvreté de nombreuses familles et de grandes inégalités socio-économiques, mêlées à la carence de l’offre scolaire, rendent l’accès à une éducation de qualité encore très difficile, relève l’Unicef-Haïti dans une note transmise à AlterPresse à l’occasion du 20 novembre.
Les premières années de la vie de l’enfant, soit la petite enfance, quoique déterminantes pour son développement, ne sont pas suffisamment considérées dans les stratégies de programmes nationaux.
Plus de 120,000 enfants subissent encore les situations dégradantes de la domesticité, d’autres passent la majorité de leur temps dans les rues au gré de tous les dangers et d’autres encore sont infectés ou affectés par le VIH/SIDA.
Ce qui signifie, aux yeux de l’Unicef-Haïti, que les défis à observer les prescrits de la Convention demeurent dans le pays.
Aujourd’hui encore, un enfant sur 12 meurt avant l’âge de 5 ans, principalement de maladies évitables par la vaccination. 11 % de petits haïtiens n’ont jamais été en contact avec un vaccin, note l’agence onusienne.
Cette réalité prévaut encore en Haïti, malgré un renforcement et une mise en branle d’un processus de changements sociaux en faveur des enfants, dans plusieurs pays, riches et pauvres, suscité par la Convention relative aux droits de l’enfant du 20 novembre 1989.
A l’exception des Etats-Unis d’Amérique et de la Somalie, rappelle l’Unicef-Haïti, les pays du monde entier ont ratifié la Convention et se sont efforcés d’établir des fondements d’équité en faveur de leurs enfants. Ainsi, sont-ils en droit de profiter de leurs droits à la survie, au développement, à la protection et à la participation.
Grâce au document de la convention relative aux droits de l’enfant, nombreuses ont été les initiatives ayant contribué à favoriser un réel mouvement amenant à des améliorations significatives dans la vie de millions d’enfants dans le monde, se félicite l’Unicef-Haïti. [cd rc apr 21/11/2007 14 :00]