Cap Haitien, 20 août. 03 [AlterPresse] --- « L’unité est possible pour la construction d’une autre Caraïbe », a lancé Camille Chalmers, représentant haïtien au Comité Exécutif Régional (CER) de l’Assemblée de Peuples de la Caraïbe (APC), à l’inauguration officielle de la 3ème assemblée, qui se tient jusqu’au 24 août au Cap Haïtien (nord d’Haiti).
L’inauguration de la 3ème APC a eu lieu en présence d’une assistance composée de plusieurs centaines de délégués et observateurs de 12 pays et territoires de la Caraïbe, 6 pays d’Amérique Latine, d’Amérique du nord et d’Europe, dont le Prix Nobel de la Paix argentin, Adolfo Perez Esquivel.
Camille Chalmers était entouré des 13 membres du CER, issus de 8 pays de la Caraïbe, lorsqu’il a déclaré : « nous ne voulons pas de ce système (capitaliste) et sommes décidés à construire un autre mode de vie ». Les révolutions haïtienne (1804), cubaine (1959), nicaraguayenne (1979) et la révolte zapatiste (Mexique, 1994) témoignent, selon le délégué haitien de cette volonté « faire chanter la liberté dans toute la Caraïbe ».
Camille Chalmers a mis l’emphase également sur le sens de la révolte anti-esclavagiste de 1791 en Haiti, lors de la cérémonie du Bois Kayiman, a quelques kilomètres au sud de la ville du Cap Haitien. Le Bois Kayiman signifie « l’unité entre tous les exploités », a dit le militant anti-néolibéral haïtien, qui a interprété les politiques de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et la dette des pays pauvres comme le prolongement de l’esclavage. « Nous devons lutter pour rompre ces chaînes », a-t-il martelé.
Chalmers a aussi abordé le processus de réalisation de la 3ème APC, qui a été selon lui « riche ». Evoquant le suivi qui sera donné aux résolutions qui seront adoptées en Haïti, il a déclaré que « le plus important c’est l’après assemblée ».
La tenue de la 3ème APC est « une démonstration concrète que quand les peuples s’unissent ils peuvent changer l’histoire », a, pour sa part déclaré le Prix Nobel de la Paix Adolfo Perez Esquivel.
Dans un bref discours axé essentiellement sur l’impératif de « construire des alternatives », Perez Esquivel a prôné la « pensée autonome » (pensamiento propio), face à la « pensée unique » imposée, selon lui, par l’impérialisme. Esquivel a critiqué la dette externe qualifiee de « dette éternelle » (deuda eterna), la Zone de Libre Echange des Amériques (ZLEA), qui favorise « un accroissement de la pauvreté » et la militarisation.
A propos d’Haïti, le Prix Nobel argentin a repris l’appel à « rompre les chaînes » de la pauvreté et de la domination qui ont suivi la révolution haïtienne de 1804.
Le dominicain Ivan Rodriguez et le trinidadien David Abdullah, membres fondateurs de l’APC, ont tous deux salué la révolution haïtienne. Ils ont également rappelé le parcours historique du processus de l’APC, lancé en 1992 et qui s’est concrétisé avec une première assemblée en 1994 à Trinidad et une seconde en 2001.
L’inauguration de la 3ème APC s’est déroulée dans une atmosphère empreinte d’émotion et les discours ont été à plusieurs reprises interrompus par des applaudissements. Des drapeaux cubains et dominicains se sont levés dans une salle décorée à l’aide d’affiches, de slogans placardés sur des feuilles de bristol, de banderoles et d’objets artisanaux. « Notre force, c’est notre unité », pouvait-on lire sur une affiche.
Un jeune militant américain des mouvements pacifistes et des droits humains aux Etats-Unis a affirmé à AlterPresse que les forums préalables et le l’inauguration de la 3ème APC lui ont permis de saisir l’image projetée par les Etats-Unis dans la région.
Des manifestations culturelles : théâtre, chorégraphie et musique ont clôturé la soirée. L’auteur, compositeur, interprète Bob Bovano a été ovationné. [gp apr 20/08/2003 21:30]