P-au-P, 15 nov. 07 [AlterPresse] --- L’organisation non gouvernementale (Ong) française Médecins Sans Frontières (Msf) nie toute implication dans l’enquête des Nations Unies ayant abouti au rapatriement des 108 soldats sri lankais soupçonnés d’exploitation sexuelle sur des mineures haïtiennes.
Toutefois, l’Ong française reconnaît avoir alerté l’Onu sur certaines allégations qui lui ont été fournies par des membres de la population haïtienne, concernant les militaires du Sri Lanka déployés dans le cadre de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah).
« Nous avons alerté les Nations Unies sur des choses qu’on entendait (…) après, les Nations Unies ont fait leur travail », a indiqué AlterPresse Jessica Neerkorn, cheffe de mission de Médecins Sans Frontières Belgique en Haïti.
Jessica Neerkorn a tenu à préciser que l’Ong n’a ni de loin ni de près participé à cette enquête de l’unité de discipline de l’Organisation des Nations Unies (Onu).
La cheffe de mission de Msf a rappelé qu’il est du devoir des organisations humanitaires d’ « alerter les Nations Unies » sur certaines choses jugées préjudiciables à la communauté dans laquelle elles travaillent.
Les dirigeants militaires du Sri Lanka attribuent la plainte à l’origine de l’expulsion d’Haïti des officiers et soldats sri lankais à l’Ong française Médecins Sans Frontières (MSF) qui, selon eux, serait hostile au Sri Lanka, selon des informations en provenance du Sri Lanka relayées par Radio Kiskeya (une station privée haïtienne).
« On ne peut pas commenter des commentaires. Il ne m’appartient pas du tout de commenter ce qui passe entre Médecins sans frontières et les autorités sri lankaises », a d’eclaré Mamadou Bah, porte-parole intérimaire de la Minustah, qui était interrogé ce 15 novembre par des journalistes.
Le rapatriement sans préavis des soldats sri lankais est vu par Mamadou Bah comme une sanction administrative qui n’a rien à voir avec l’aspect pénal de la question.
« C’est une sanction administrative (…) On ne plaisante pas avec la tolérance zéro [ndlr ; des Nations Unies] dès qu’il y a soupçon », a précisé le porte-parole adjoint de la mission onusienne.
« Nous n’avons pas d’armée, on nous prête des soldats », souligne Mamadou Bah tout en rejetant le terme d’abus sexuels utilisé pour qualifier l’acte posé par les soldats sri lankais en Haïti.
Le fonctionnaire de l’Onu a en outre affirmé que le gouvernement du Sri Lanka traite avec beaucoup de sérieux le dossier de ces soldats rapatriés.
Si les soldats fautifs ne sont pas nombreux, « l’affaire sera jugée devant une cour martiale. Si ce sont une centaine, leurs commandants en Haïti devront répondre et comparaître devant la justice pénale », a soutenu Mamadou Bah.
Le porte-parole adjoint de la Minustah a par ailleurs salué « la coopération exemplaire des autorités sri lankaises » dans cette affaire qu’elles considèrent comme « une affaire nationale ».
La ministre d’Haïti à la condition féminine souhaite que le gouvernement de Jacques Édouard Alexis fasse la requête auprès des autorités sri lankaises de se porter partie civile afin d’obtenir justice et réparation, avec l’accompagnement de la Minustah et du système des Nations Unies en Haiti. [do gp apr 15/11/2007 14 :40]