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3ème APC : Les réalités caribéennes vues par les jeunes

Cap Haïtien, 20 août. 03 [AlterPresse] --- Le forum caribéen des jeunes s’est déroulé ce 19 août au Cap-Haitien 24 heures avant l’inauguration de la 3ème Assemblée des Peuples de la Caraïbe (APC), dans une ambiance détendue, empreinte d’engagement socio-politique, mais marquée par de sérieux problèmes organisationnels.

Plus de 350 personnes ont assisté au forum des jeunes et écouté les résolutions présentées par les délégations haïtienne, dominicaine, cubaine, trinidadienne et ste-lucienne.

Le rapporteur haïtien Hérode Thurin a dressé un tableau accablant de la situation en Haïti, produisant une jeunesse « délabrée, sans vision et qui hait son pays ». Le seul espoir de la jeunesse haïtienne, a-t-il poursuivi, est « l’expatriation, la drogue et la politique démagogique ».

Hérode Thurin a appelé a la mise sur pied d’un mouvement de jeunes « démocratique, participatif, représentatif, autonome, revendicatif, pluraliste et patriotique ».

« Le grand défi de la jeunesse caribéenne est de connaître et d’assumer les implications d’une citoyenneté active », a lancé le rapporteur dominicain Jaime Rodriguez, qui a souligné que « plus de 60% de la population de la Caraïbe est âgée de moins de 30 ans ». Il a fait savoir que la jeunesse caribéenne est « la cible privilégiée » des campagnes qui promeuvent « le consumérisme et l’aliénation ».

Jaime Rodirguez a prôné l’unification des mouvements étudiants et juvéniles. En ce qui concerne les autres secteurs, il a fait savoir que les jeunes peuvent « jouer un rôle fondamental » au sein des organisations de quartier, dans la « relance d’un mouvement ouvrier » dans les communautés religieuses de base et « dans la grande bataille culturelle que nous devons livrer ces temps-ci ».

Calixto Ruiz et Nancy Coro de Cuba ont soulevé divers problèmes régionaux dont l’anaphalbetisme et un processus d’acculturation. Ils ont mis en avant les acquis de Cuba notamment en matière d’éducation et de santé et ils ont invité à « l’unité pour réussir ». Les représentants de la jeunesse cubaine ont repris le slogan du Forum Social Mondial « un autre monde est possible », ajoutant qu’ « une autre construction de la Caraïbe est possible ».

Le rapporteur trinidadien Svenn Miki Grant a relevé d’importantes transformations au niveau de la réalité caribéenne alors que « les jeunes sont contrains au silence ». Parmi les défis évoqués il a soulevé le problème crucial du SIDA.

« Se construire en tant que jeunes » représente un objectif capital pour la représentation trinidadienne qui a suggéré la mise en place d’une Assemblée caribéenne de jeunes.

Enfin, Melissa Zephirin de Ste-Lucie a mis l’accent sur la dégradation de l’environnement dans les pays de la Caraïbe. Parmi les causes elle a souligné la coupe effrenee des arbres, qui est elle-même une conséquence de la misère accrue qui sévit dans la région.

Ces rapports ont suscité un débat très animé au cours duquel de nombreuses questions ont été posées et divers commentaires émis. « Peut-on parvenir à une Caraïbe souveraine quand on tient de la situation actuelle de la région », s’est interrogé un jeune haïtien. « Quelle agenda sur la question de genre », a demandé une jeune trinidadienne. Il faut, a-t-elle préconisé, poser les problèmes en considérant « la manière dont ils affectent chaque sexe ».

Des questions liées aux problématiques culturelles et médiatiques, la difficulté de s’organiser, le défi de l’unité, l’espace de la Communauté Economique de la Caraïbe (CARICOM) et la discrimination dont sont victimes les Haïtiens en République Dominicaine ont été évoqués.

La journée du 19 aout a été marquée par de sérieux problèmes organisationnels. Des difficultés logistiques de taille se sont présentées notamment au niveau du transport, de l’accueil et du logement. Il était très difficile de se repérer sur le site du forum et trouver le responsable approprié à qui s’adresser. L’ambiance générale laissait une forte impression d’improvisation.

Berthony Pierre Louis, compositeur et interprète de l’hymne de l’APC s’est insurgé du fait que « le minimum » n’a pas été fait. Cette situation résulte du mode d’attribution des responsabilités, a-t-il déclaré à AlterPresse.

Franck St-Jean du Comité Exécutif National (CEN) a reconnu les difficultés organisationnelles enregistrées. Il a expliqué cette situation par l’insuffisance des ressources financières obtenues pour la réalisation de l’assemblée. « Nous n’avons pas pu réunir le tiers du budget », a-t-il dit à AlterPresse.

Les participants à l’assemblée s’activaient encore dans la matinée du 20 juillet à répondre sur place aux nécessités du moment. Un des premiers initiateurs de l’APC, le Trinidadien David Abdulah a estimé que les faiblesses constatées sont dues à l’inexpérience du comité organisateur local. « Dans toutes les grandes conférences les premiers moments sont difficiles », a-t-il dit à AlterPresse, affirmant que « déjà nous sommes en train de surmonter les difficultés » [gp apr 20/08/2003 10:35]