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Liberté de la presse : le gouvernement haïtien mis au pied du mur par le CPJ

P-au-P., 18 aout. 03, [AlterPresse] ---Les actes de violence et d’intimidation perpétrés contre les journalistes ces dernières années classent Haiti au second rang des pays de l’hémisphère nord, après Colombie, ou le journalisme s’exerce dans un climat
de violence. C’est ce qu’a révélé une enquête conduite sur le terrain, la semaine écoulée, par une délégation du Comité de Protection des Journalistes (CPJ).

Deux journalistes ont été assassinés pendant ces dernières années en Haïti et une douzaine d’autres est parti en exil. Ceux qui travaillent encore dans le pays font objet d’attaques et de menaces, selon un document du CPJ. Les attaques contre la liberté de la Presse ont entraîné la fermeture de Radio Haïti Inter et l’exil de sa Directrice de l’Information Michèle Montas, a ajouté le CPJ.

Au cours de rencontres du CPJ avec les autorités lavalas, le Président Jean Bertrand Aristide dit avoir reconnu, d’après le document du CPJ, que des journalistes font l’objet de menace dans l’exercice de leur profession. « Je prend au sérieux les journalistes quand ils disent qu’ils ont peur pour leur vie », a déclaré le Président Aristide. « Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour permettre aux journalistes d’exercer librement leur profession », a poursuivi le Président.

Aristide a fait savoir qu’il est temps de rendre justice la famille Dominique. Selon le CPJ les enquêtes sur la mort du Directeur de Radio Haïti Inter Jean Léopold Dominique, le 3 Avril 2000, ont été ouvertement critiquées et bon nombre d’Haïtiens estiment que le commanditaire de cet acte n’a pas été révélé. Concernant l’exil de Michèle Montas, le président Aristide a reconnu que la journaliste faisait un bon travail en Haïti. « Nous avons besoin d’elle, Haïti a besoin d’elle », a-t-il déclaré.

Outre le Chef de l’Etat, le CPJ a, au cours de sa visite de cinq jours en Haïti, le CPJ a rencontré d’autres officiels du gouvernement ainsi que des journalistes des média privés et d’état. A l’issu de ces rencontres le CPJ a fait des recommandations au Président et au gouvernement. Le CPJ a appelé les responsables lavalas à tenir leur promesse.

Selon le CPJ le gouvernement est responsable de la sécurité de tous les Haïtiens, notamment les membres de la Presse. Quand les journalistes ne peuvent pas
exercer librement leur profession et font l’objet de menaces et d’intimidations, toute la société est affectée, a fait savoir le CPJ.

Le CPJ recommande aux autorités lavalas l’urgence de contrôler et de désarmer les membres « d’organisations populaires » qui opèrent, en toute quiétude, en exerçant des violences contre les citoyens et notamment des journalistes. Le CPJ annonce
qu’une liste de journalistes attaqués et tués dans l’exercice de leur profession sera dressée et il sera demandé au gouvernement de réagir là -dessus dans un délai de 30 jours. [rv apr 18/08/2003 18:30]