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Haïti -Rép. Dom. / tempête tropicale Noël : Urgence d’une aide humanitaire dans les bateyes

Par Wooldy Edson Louidor

Santo Domingo, 5 novembre 2007 [AlterPresse] --- Il faut une aide humanitaire urgente dans les bateyes situés dans les départements géographiques de Barahona, Independencia, Bahoruco et dans la périphérie de la capitale dominicaine, zones à forte concentration de migrants haïtiens et parmi les plus affectées par le passage de la tempête tropicale Noël dans le pays voisin, selon les informations recueillies sur place par l’agence en ligne AlterPresse.

La tempête Noël a provoqué la mort de 84 personnes, tandis que 14 autres sont portées disparues, indique le bulletin numéro 14 rendu public le samedi 3 novembre 2007 par la Commission nationale (dominicaine) d’urgences.

Des organisations haïtiennes et dominico-haïtiennes en République Dominicaine sont vivement préoccupées par la situation des migrants-es haïtiens-nes vivant dans les zones les plus affectées de la République dominicaine suite au passage de la tempête tropicale Noël la semaine dernière.

Etat lamentable des bateyes, révèle le Sjrm

Les bateyes sont dévastés, quelques-uns font face à des problèmes de communication, beaucoup de maisons sont inondées, de la boue et des immondices sont observés çà et là, les puits (principale source d’eau) sont contaminés, et les résidents, en plus d’avoir enregistré des pertes considérables de leurs biens, éprouvent des difficultés pour se rendre sur leurs lieux de travail, à la suite des inondations, signale un rapport mis en circulation le 2 novembre par le Service jésuite aux réfugiés et migrants (Sjrm).

La carence de produits alimentaires se révélant de plus en plus grande, de nombreuses personnes ont dû se réfugier chez des voisins ou des proches où elles se sont entassées parfois entre 20 à 25 personnes, d’après le rapport de Sjrm.

L’équipe d’accompagnement de Sjrm a recensé, entre autres, 450 personnes réfugiées dans le lycée de Manoguayabo, près de Santo Domingo ; 400 familles provenant de Batey Palamara y Batey Kilómetro 24 de la carretera Duarte, dont quelques-unes se sont réfugiées chez des voisins ; environ 150 personnes de la communauté Las Flores de Pantoja / Los Alcarrizos se retrouvent dans une école à proximité du bureau municipal de la zone ; 300 familles de Villalinda (Palmarejo) se trouvent dans une école, parmi elles 19 femmes enceintes qui requièrent une attention médicale ; 250 familles affectées dans le Batey el FAO y el Martillo ; 200 personnes de Sabana Perdida réfugiées chez des amis et dans des écoles.

A San Pedro de Macoris (Est), la majorité de la population affectée est composée d’enfants, de femmes et de personnes âgées.

Dans la plupart des endroits où le Sjrm a obtenu des informations, se posent des besoins urgents en eau, aliments, vêtements, draps, matelas, moustiquaires.

Préoccupations par rapport à la situation des migrants haïtiens

« Jusqu’à présent on n’a eu aucune nouvelle des communautés haïtiennes dans les bateyes du Sud, en dépit de nos tentatives de les rejoindre par téléphone », informe Joseph Chérubin, directeur exécutif du Mouvement socio-culturel pour les travailleurs haïtiens (Mosctha), dans une interview accordée à AlterPresse.

« Il est impossible pour nous de voyager vers le Sud en automobile parce que plusieurs ponts reliant la Capitale dominicaine à cette zone géographique ont été détruits suite au passage de la tempête Noel », déplore le militant haïtien de droits humains.

Un ressortissant dominicain, qui a voyagé le vendredi 2 novembre 2007 en direction de Port-au-Prince, a raconté à AlterPresse les péripéties essuyées pour rejoindre le Sud de la République dominicaine, où la route a été coupée du côté de Hatillo.

Les véhicules de transport public ne pouvaient pas traverser cette communauté, tandis que diverses autres localités du Sud offraient un visage de désolation. Les voyageurs ont dû changer de véhicules en maints endroits.

Vue du bureau de MUDHA qui se convertit en dépôt de provisions pour les familles sinistrées dans les bateys

Pour sa part, Sonia Pierre, directrice du Mouvement des femmes dominico-haitiennes (en espagnol, Movimento de las mujeres dominico-haitianas –Mudha-), confie à AlterPresse avoir été contrainte de se rendre dans quelques bateyes à bord d’un hélicoptère, compte tenu du caractère impraticable des routes qui y conduisent.

La Dominicaine d’origine haïtienne a fait état de plusieurs cas de personnes victimes, blessées et sinistrées ainsi que de pertes matérielles énormes enregistrées dans les bateyes visités (par elle).

Les habitants de quelques bateyes continuent encore de découvrir des corps sans vie sous les décombres et dans la boue, et sont exposés au risque d’attraper des épidémies, se lamente-t-elle.

Plusieurs bateys se trouvent actuellement au milieu de grandes étendues d’eaux et coupés du reste du pays, ajoute-t-elle.

Elle souligne aussi la situation très précaire à laquelle sont confrontés les habitants de ces bateyes, en particulier les migrants haïtiens n’ayant pas de famille en République Dominicaine et abandonnés pratiquement à eux-mêmes.

Des Haïtiens qui habitent au centre-ville de Santo Domingo préfèrent se rendre au bureau de Mudha pour chercher de l’aide, au lieu de se diriger vers les centres de distribution et d’urgences coordonnés par les Dominicains, fait-elle remarquer.

Suivant une information non encore confirmée, une centaine de migrants haïtiens, qui travaillaient dans une plantation agricole à Villa Altagracia (périphérie de Santo Domingo), auraient été emportés par des rivières en crue.

« La communauté n’a encore trouvé aucune trace de ces migrants, et la plantation où ils travaillaient se trouve actuellement sous les eaux », signale avec tristesse Sonia Pierre.

Des dirigeants d’organisations haïtiennes à Santo Domingo, contactés par AlterPresse, insistent sur les difficultés d’apporter des supports à des migrants haïtiens vivant dans des quartiers dominicains de la capitale Santo Domingo, parce que ceux-ci s’enferment chez eux.

Des employés du Centre BONO organisant diverses aides reçues en faveur des personnes sinistrées.

Des employés du Centre P. Francisco Bonó, actuellement converti en un dépôt de provisions et de collecte, ont aussi exprimé à AlterPresse l’impossibilité pour cette institution des Pères Jésuites dominicains de se mettre en contact avec des organisations haïtiennes à Santo Domingo, afin de pouvoir coordonner avec elles la distribution de l’aide humanitaire en faveur des migrants haïtiens.

« Les migrants haïtiens en République Dominicaine sont passés inaperçus en tant que victimes de cette tragédie », déclarent ces défenseurs de droits humains à AlterPresse.

À rappeler que, le premier novembre dernier, l’Union des immigrants haïtiens en République Dominicaine (Unihrd) a lancé un urgent appel aux personnes solidaires et aux institutions gouvernementales dominicaines en vue de secourir les migrants haïtiens sinistrés à Santo Domingo et dans ses environs.

Par ailleurs, plusieurs organismes de défense des droits des migrants haïtiens critiquent l’attitude d’indifférence de la mission diplomatique haïtienne en République Dominicaine envers des compatriotes en détresse. [wel rc apr 05/11/2007 10:00]