P-au-P., 24 oct. 07 [AlterPresse] --- Sur chaque dix membres de la population haïtienne, six vivent en milieu rural. Les statistiques montrent toutefois que le taux d’urbanisation est en augmentation constante. Dit autrement, la population des villes ne cesse de croître.
Le recensement (de population) réalisé par l’Institut Haïtien de Statistiques (IHSI) en 2003 montre que sur chaque dix Haïtiens, quatre vivent dans les villes. Par rapport aux autres départements, l’Ouest est devenu une macrocéphalie. Sept Haïtiens sur dix vivent en effet dans le dit département.
L’aire métropolitaine (de Port-au-Prince), qui comprend Port-au-Prince, Pétion-Ville, Delmas, Carrefour, Croix-des-Bouquets, Cité Soleil et Tabarre, est le principal pôle d’attraction de tous les migrants du pays.
Comme le souligne le statisticien-démographe Jacques Hendry Rousseau, « l’aire métropolitaine (de Port-au-Prince) se détache comme une grande agglomération urbaine ayant des caractéristiques particulières ».
L’expert du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) parle de véritable explosion urbaine. « On remarque par exemple à Port-au-Prince une plus forte présence physique à travers les rues que par le passé », fait-il remarquer.
Si la population de Port-au-Prince continue d’augmenter à ce rythme (4,9% par an), la capitale haïtienne comptera quatre millions d’habitants dans les dix prochaines années. Pour l’ensemble des villes du pays, le tableau n’est pas moins préoccupant.
Jacques Hendry Rousseau rappelle que « en 2012, la moitié de la population habitera dans les villes. Treize ans après, soit en 2025, la population urbaine (à l’échelle du pays) s’élèvera à sept millions d’habitants ».
Au nombre des conséquences de cette urbanisation sauvage, nous pouvons citer la dégradation de l’environnement, la multiplication des bidonvilles, le déboisement des mornes, les amas de fatras dans les rues, le pullulement des marchés anarchiques et d’autres activités informelles, les menaces auxquels sont exposés des membres de la population en période d’intempéries.
Au cours des dernières années, de nombreux Haïtiens et Haïtiennes ont péri à la suite du passage sur Haïti de tempêtes et ouragans divers comme Gordon, Georges, Jeanne et Alpha.
Pour Jacques Hendry Rousseau, la crise de l’électricité est liée par exemple, dans une très large mesure, au processus de l’urbanisation. Le démographe évoque aussi le déficit grandissant en matière d’eau potable, la pression sur le transport public aux heures de pointe particulièrement, des gens qui s’amassent dans les coins de rues pour attendre le « tap tap » (véhicule de transport populaire).
« Autant de signaux qui sont évidents dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince… et puis (…) la dégradation physique de l’environnement : vous allez voir des tonnes de fatras sur de très courtes distances, (…) des poches de pauvreté qui se développent au niveau de la périphérie », ajoute Rousseau.
L’avenir s’annonce sombre si rien n’est fait pour renverser la tendance.
Pour freiner l’augmentation (accélérée) de la population de Port-au-Prince, Haïti se devrait d’appliquer une politique de population axée sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), de réfléchir au développement d’autres pôles de croissance, de mettre en œuvre un programme qui prend en compte les aspects économique, social, environnemental et les dimensions liées au transport.
Haïti se devrait également de mettre en place un plan d’aménagement du territoire et de doter les zones isolées (ou enclavées) d’infrastructures de base en vue d’encourager l’investissement. [vs gp apr 24/10/07 12:00]
Notes : Pour ce texte, nous sous sommes inspirés de documents de l’IHSI, de l’UNFPA, du RNPD et d’un entretien avec le stasticien-démographe Jacques Hendry Rousseau.
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Cet article fait partie d’une série intitulée « Nou tout konte » et réalisée avec le concours du Fond des Nations-Unies pour la Population (UNFPA). Dans ce cadre, des chroniques radios hebdomadaires sont également diffuées sur Radio Kiskeya suivant l’horaire ci-dessous :
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