Actualisé le 12 octobre 2007 à 11:40
P-au-P, 11 oct. 07 [AlterPresse] --- Une conférence-débat autour du thème : « Le massacre de 1937, 70 ans après, un devoir de mémoire », s’est terminée à la fondation Connaissance et Liberté (Fokal) dans une atmosphère d’altercations et de mésentente, apparemment planifiées par certains participants en guise de manifestation de divergences avec les organisateurs, a constaté l’agence en ligne AlterPresse.
Déroulée dans le cadre des activités baptisées ’’l’année Perejil’’, le vendredi 5 octobre 2007, la conférence-débat devait permettre aux membres du comité Mémoire 1937 de poursuivre des discussions sur la compréhension du massacre d’Haïtiens en 1937, perpétré à la frontière haïtiano-dominicaine à l’instigation du régime de l’ex-dictateur Rafael Leonidas Trujillo.
Dans un exposé, le professeur de géographie Jean Marie Théodat, principal intervenant de la soirée, a replacé dans le temps et dans l’espace certaines causes du massacre, mettant en relation la conjoncture internationale de 1937 et la problématique insulaire d’alors.
Se référant aux conditions politiques de certains pays en puissance de l’époque (notamment le fascisme en Italie, au Japon et la montée du nazisme en Allemagne), Théodat estime que la décision de Trujillo de faire massacrer des milliers d’Haïtiens (15,000), résidant sur le territoire dominicain en 1937, s’inscrit dans une conjoncture favorable, également dictée par un sentiment de peur d’être envahi par les Haïtiens, considérés comme un peuple rébarbatif.
Le massacre a été commandité à la frontière pour marquer une limite entre les deux pays. C’est là le point de départ d’une idéologie anti-haïtienne à la République Dominicaine, a enrichi le géographe.
Faisant la part des responsabilités des deux peuples dans ce qui a été le plus grand crime de l’année 1937, Théodat a appelé les Haïtiens et les Dominicains à exercer un double pouvoir, celui du pardon et de la promesse, en vue de délier les séquelles amères du massacre de 1937 et parier sur un avenir heureux pour les deux nations.
Intervenant à leur tour sur leurs préoccupations par rapport à l’explication du drame de 1937, certains participants, insatisfaits de l’exposé du géographe, ont d’abord critiqué sa démarche en essayant d’avancer des points qu’ils considèrent importants pour une bonne compréhension de l’événement et qui, à leurs yeux, n’auraient pas été exposés, tels : le racisme des Dominicains, la situation migratoire d’Haïti à l’époque, la présence américaine en République dominicaine...
S’investissant dans des répliques peu commodes à l’endroit des intervenants, ces derniers ont provoqué la décision d’écourter les discussions par l’historien et écrivain Michel Hector, modérateur du débat.
L’un des contestataires n’a pas hésité à qualifier le professeur Hector « de regrettée mémoire » voire de « défunt ».
Voulant s’excuser, auprès du reste de l’assistance, de la tournure que les contestataires menaçaient de donner au débat, une des personnes membres du Comité Mémoire 1937 a réprouvé l’attitude désobligeante des fauteurs de troubles dont l’un d’entre eux s’est laissé aller à casser un microphone.
Le boycottage de l’activité du vendredi 5 octobre 2007 aurait été déjà planifié par un petit groupe de dissidents, composé d’un professeur et de quelques étudiants de l’université d’Etat d’Haïti, selon les informations obtenues par AlterPresse.
Formé d’élèves, d’étudiants, de professeurs, de cadres publics et privés..., le public, invité à réfléchir sur le sens du massacre d’Haïtiens en 1937 en République dominicaine, est parti bredouille. [kj rc apr 11/10/2007 10 :00]