P-au-P., 3 oct. 07 [AlterPresse] --- « Nous apprenons à lire à la bougie. Nous sommes habitués à nous réveiller de très tôt pour aider nos mères à porter sur leur tête panier et sac sur les routes conduisant en ville ou au marché, dans l’espoir que la vente sera au rendez-vous. Nous savons ce que nous devons faire pour que les voisins ne s’aperçoivent pas de notre faim. Nous savons marcher bien droit lorsque nous portons des seaux remplis d’eau ».
Voilà des paroles d’une fillette, qui fait défiler devant nous des images de la misère, de la résistance (aux difficultés), mais aussi (des images) de charité et de solidarité en Haïti. Après l’esquisse de ce tableau, elle déclare faire confiance aux adultes pour (la préparation de) l’avenir.
Elle s’exprimait au nom de tous les enfants d’Haïti lors d’une réunion de validation (par plusieurs secteurs de la vie nationale) du Document de stratégie nationale pour la croissance et la réduction de la pauvreté (DSNCRP).
« Qu’est-ce que nous voulons pour Haïti et ses habitants pour les vingt prochaines années ? C’est à cette question que le dit document veut répondre, indique le responsable du Secrétariat technique du DSNCRP.
« Cette vision, c’est celle de l’émergence d’une société sans pauvreté et d’une société où les inégalités les plus criantes auront été corrigées », ajoute Hérard Jadote.
Sur chaque cent Haïtiens, soixante-seize gagnent moins de deux dollars américains par jour. On les considère comme (étant) des pauvres. Une bonne partie de ces gens touche moins d’un dollar américain par jour. Ces derniers sont taxés d’extrêmement pauvres.
Selon le DSNCRP, pour redresser une telle situation, Haïti se doit de réhabiliter son environnement et (de) contrôler la croissante galopante de sa population. Hérard Jadote évoque en ce sens trois domaines prioritaires :
« D’abord, la réforme de l’Etat, la refondation d’un Etat au service des citoyens. Ensuite, le développement et la valorisation de nos ressources humaines et enfin la production nationale ».
A partir de ce cadre, le document dégage diverses priorités qui concernent notamment la bonne gouvernance, la refondation d’un Etat au service de toutes et tous et la réduction de la pauvreté monétaire. Ce dernier problème est d’autant plus fréquent en milieu rural.
« Nous ne pouvons pas avoir un pays où cinquante pour cent de la population vit avec moins d’un dollar américain par jour. Donc, cette stratégie de la réduction de la pauvreté doit devenir ce qui nous permet tout de suite, d’année en année, de mesurer les progrès que nous aurons faits pour que cette population-là puisse sortir de cette trappe de la pauvreté », souligne le responsable du Secrétariat technique du DSNCRP.
Les autres priorités du document, ajoute Hérard Jadote, concernent l’investissement dans le développement humain (c’est-à-dire dans l’éducation, la santé, l’eau potable, etc.), la modernisation des infrastructures (comme les routes et l’énergie électrique), la définition d’une stratégie de croissance accélérée susceptible de permettre à Haïti de sortir du transitoire et de rompre avec la pauvreté, la mise sur pied d’une politique macroéconomique prudente et responsable ainsi qu’une saine gestion des finances publiques.
Selon le Premier ministre haïtien, l’adhésion d’Haïti au DSNCRP ne relève pas d’un effet de style ou de mode. Elle ne traduit pas non plus, renchérit Jacques Edouard Alexis, un fléchissement consécutivement à des pressions qu’auraient exercées des partenaires internationaux comme la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI).
« Le président René Préval en maintes occasions a mentionné la nécessité d’une vision longue en ce qui concerne le développement de ce pays. Il a eu à parler de cette vision de vingt-cinq ans. L’ensemble du gouvernement s’est attelé à répondre à cette sollicitation, cette injonction même du président », martèle le Premier ministre.
Le DSNCRP est venu remplacer le Cadre de coopération intérimaire (CCI) qui n’avait pas donné les résultats escomptés.
Contrairement au CCI, le DSNCRP prend en compte les problématiques sociales et de développement. Il constitue un document qui devrait permettre aux citoyens de mesurer, pour les trois prochaines années, les initiatives et actions des dirigeants pour augmenter la croissance, réduire la pauvreté et les inégalités.
Cependant, le DSNCRP risque de demeurer un document de plus si les citoyens n’exercent pas leur droit de demander constamment des comptes, un exercice auquel les dirigeants se doivent de se prêter volontiers. [vs gp apr 03/10/2007 20:00]
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Cet article fait partie d’une série intitulée « Nou tout konte » et réalisée avec le concours du Fond des Nations-Unies pour la Population (UNFPA). Dans ce cadre, des chroniques radios hebdomadaires sont également diffuées sur Radio Kiskeya suivant l’horaire ci-dessous :
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