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Situation préoccupante des filles de rue à Port-au-Prince

P-au-P, 12 Aout 03, [AlterPresse] --- Les filles de rue sont victimes de violence de la part de bandes de garçons et de la police, révèle une enquête du Centre
d’Appui Familial (CAFA), sur « la situation et la condition des filles de rue de la zone métropolitaine de Port-au-Prince ».

Les résultats de cette enquête, publiés en Mars 2003, montrent que les filles
de rue sont souvent victimes d’agressions physiques, d’arrestations, de
coups et blessures, de viols et menaces. Le document ajoute que des jeunes mères des rues ont été, entre autre, arrimées ou arrêtées par la police et emprisonnées avec leurs
enfants.

Les traitements infligés aux filles et aux enfants des rues sont une
violation de la loi du 27 Octobre 1864 du Code Pénal, selon cette étude du
CAFA. L’article 227-3 de cette loi prévoit jusqu’a deux ans d’emprisonnement
pour les gens qui auront été légalement déclarés vagabonds, mais si les
coupables sont des mineurs, ils seront envoyés à une institution de
rééducation jusqu’à leur majorité.

Selon l’étude, ces jeunes filles qui sont devenues mères dans la rue ont
voulu fuir la misère. Les problèmes économiques représentent 80% des motifs qui poussent les jeunes mères à se jeter dans les rues.

Annette, une jeune fille des rues devenue mère, dont les propos ont été rapportés dans le document, illustre bien la situation de ces filles oubliées qui n’ont aucun repère. « Je ne connais pas mon âge, ma mère étant morte quand j’étais très jeune. J’ai eu deux enfants, une seule est vivante. L’âge de l’enfant ? Je ne peux même pas le savoir, je vis
tellement dans la misère... a quoi bon ? »

Les filles des rues se trouvent dans divers quartiers de Port-au-Prince : Cite Soleil (vaste bidonville au nord), Delmas (axe nord/nord-est), route de l ’Aéroport (nord) et aux abords du cimetière de la capitale (centre-ville). Plus de 33% des filles des rues se rencontrent dans la banlieue Cité Soleil, précise l’étude du CAFA.

D’apres le document, l’ensemble des enquêtes réalises en Haiti sur la situation des filles et des garçons de rue montrent une augmentation du nombre de ces enfants de la rue de 2 mille en 1991 a 10 mille en l’an 2000. Ce phénomène est étroitement lié a la détérioration des structures sociales du pays, indique l’étude.

Eliminer ce phénomène, selon le CAFA, représente un défi a relever. Faire face au problème des filles et garçons de rue requière l’urgence d’actions appropriées et
coordonnées au niveau du secteur public et des ONG, touchant au cadre légal et au contexte général, préconise le CAFA. [rv gp apr 12/08/2003 16:00]