Par Dominique Batraville
P-au-P., 30 sept. 07 [AlterPresse] --- La Fondation Gérard Pierre Charles, la "Fondacion por la Europa de los ciudadanos" et le "Consejo Latinoamericano de Ciencias Sociales" ont organisé les 26, 27 et 28 septembre à Pétion- Ville (périphérie est de Port-au-Prince) un colloque international et interdisciplinaire, axé sur « Les dynamiques de la construction démocratique en Amérique latine, la Caraïbe et Haïti ».
Cette rencontre universitaire aura permis à tous les secteurs haïtiens d’avancer « dans leur quête de compréhension et d’explication de la réalité actuelle des pays latino-américains et caribéens », a précisé d’entrée de jeu le professeur Luc Romulus, l’un des membres du comité organisateur.
Vingt trois personnalités latino-américaines, caribéennes et européennes ont abordé pendant les trois jours du colloque, divers thèmes majeurs : la nouvelle gauche caribéenne et latino-américaine dans le contexte néo-libéral, le rôle des femmes dans les démocraties latino-américaines, l’importance des mouvements sociaux, la redéfinition des marchés économiques régionaux, les conspirations électorales au Mexique , les parades d’une démocratie électorale en République Dominicaine et le galvaudage du concept populisme par des intellectuels frileux.
Différentes expériences démocratiques de la région ont été analysées, dont celles du Mexique, du Brésil, du Chili, de la République Dominicaine, du Venezuela, de l’Argentine, d’Haïti et des pays andins.
Au cours des huit sessions du colloque, plus d’une vingtaine de chercheurs et d’universitaires ont interrogé les différents modes de fonctionnement de la démocratie latino-américaine et caribéenne qui s’expérimente dans un contexte poste guerre froide et dans un environnement de plus en plus menacé par le néo-libéralisme. Des cas spécifiques (La République Dominicaine, Haïti, Le Brésil, le Vénézuela, Le Chili, La Bolivie et même l’Inde) ont poussé les professeurs invités à camper leurs approches.
Quelques uns des professeurs haïtiens, présents lors des débats, ont interrogé les vingt dernières années de transition démocratique qui ont bouleversé l’échiquier politique haïtien.
Selon l’analyste politique Cary Hector, deux choses auraient bouleversé les bases de l’Etat haïtien, outre les deux interventions onusiennes (1994 et 2004) : l’accord signé par Jean Claude Duvalier avec les Etats-Unis autour de l’accès automatique donné à la marine américaine pour la surveillance et la capture des voyageurs clandestins haïtiens en direction de la Floride et l’acceptation par le gouvernement actuel du ramassage ici même des narcotrafiquants haïtiens par les services antidrogue des Etats-Unis.
Dans le communiqué final distribué à la presse à la fin du colloque , la Fondation Gérard Pierre Charles écrit : « De nombreuses personnalités haïtiennes et étrangères, dont le poète haïtien Anthony Phelps, des officiels du gouvernement haïtien et leaders politiques, le professeur brésilien Emir Sader, ont pris part à l’inauguration du colloque, le mercredi 26 Septembre 2007. Ce colloque est la première action de la Fondation Gérard Pierre Charles inaugurée le même jour ».
Selon Suzy Castor Pierre Charles, épouse du défunt, parti le 10 octobre 2004, « d’autres formes de colloque pourraient être consacrées à l’avenir à d’autres figures de l’intelligentsia haïtienne, caribéenne et latino-américaine ».
Les mots de l’historienne Suzy Castor ont toute leur importance, car 2007 ramène non seulement le 40ème anniversaire de la mort de Che Guevara, mais encore le centenaire de naissance de Jacques Roumain, premier fondateur d’un parti communiste en Haïti. [db gp apr 30/09/2007 18:00]