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L’institution policière secouée par le non respect des normes, selon la NCHR

P-au-P., 11 août 03 [AlterPresse] --- Le nombre croissant de défections enregistrées depuis quelque temps au sein de la Police Nationale d’Haiti (PNH) est le « résultat d’une anomalie prenant naissance dans le non respect des normes et un processus de politisation de l’institution policière », a déclaré Vilès Alizar, un des responsables de la Coalition Nationale pour les Droits des Haitiens (NCHR).

Dans une interview accordée à AlterPresse, Vilès Alizar a fait part de l’inquiétude de la NCHR face à une situation de « frustration générale » au sein de la Police, au moment où, a-t-il constaté, augmente « la main mise lavalassienne » sur l’institution policière.

Le responsable de la NCHR a indiqué que même des agents des corps d’élite de la PNH ne sont pas épargnés. « Après les événements de Pernal (Centre-Est du pays), les agents de la Swat team se sentent dans une position inconfortable. Ils ont été déployés dans la zone sans aucune instruction claire. De ce fait, les policiers honnêtes choisissent la défection », a-t-il poursuivi.

Durant les derniers mois, plusieurs hauts gradés de la police ont choisi le chemin de l’exil, la plupart en dénonçant le fonctionnement de l’institution. L’ancien directeur central de la police judiciaire, Jeannot Francois, s’était volatilisé en février 2002. Il a été suivi par l’ex directeur général Jean Robert Faveur en juin 2003, tandis que l’ancien porte-parole vient solliciter, au début du mois d’aout, l’asile politique au Canada.

En ce début de semaine, on a appris que Charles Jn Panel, agent II affecté au commissariat de Delmas (Est de la Capitale) s’est retiré des rangs de la police, en raison, selon les propos rapportés par Radio Métropole, de « la présence et de l’action de civils armés au Commissariat où il était cantonné ».

En plus de ses critiques sur la réintégration, au sein de la police, d’anciens policiers révoqués et des violations systématiques de l’article 60 des règlements de la PNH définissant les critères suivant lesquels les promotions doivent se faire, l’ancien directeur général de la police, Jean Robert Faveur, avait fait allusion à une liste de 293 policiers, affectés au commissariat de Delmas entre le 21 janvier 1997 et le 14 octobre 1999, laissée sur son bureau « pour suivi ». Il avait refusé d’interpréter l’existence de cette liste, émise le 16 mai 2003.

Entre janvier 1997 et octobre 1999 le commissariat de Delmas a été dirigé par l’ex commissaire Guy Philippe, actuellement en exil, et accusé par les dirigeants lavalas de fomenter des complots contre le gouvernement.

Réagissant à des déclarations d’autorités lavalas assimilant les défections croissantes au sein de la police à un plan de déstabilisation du pays, Vilès Alizar a fait savoir que s’il y a déstabilisation, elle est enclenchée par le pouvoir. « Les autorités lavalas ont fait une main mise à outrance sur la PNH sans toutefois assurer la bonne gestion de l’institution en la pourvoyant des moyens adéquats », a-t-il affirmé. [rv gp apr 12/08/2003 02:20]