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« Nou tout Konte » - Chronique sur Population et Développement

Haiti : Rompre le cycle de l’inégalité

P-au-P., 26 sept. 07 [AlterPresse] --- « Il y a un ensemble de services fondamentaux dont la population haïtienne est privée. Dans certains endroits, la population développe certaines formes de coopération, certaines formes d’entreprises pour assurer ces services. Par rapport aux problématiques du chômage, de la pauvreté et l’exclusion qui ravagent la société, il faut qu’une dynamique de coopération s’installe ».

Le directeur général du Ministère des affaires sociales, Jean Alix Boyer, s’exprimait ainsi en marge de l’inauguration, le 18 septembre 2007, de concert avec le Conseil national des coopératives (CNC), d’un forum sur l’économie sociale et solidaire.

Haïti est en effet l’un des pays les plus inégalitaires de la planète. Plus de la moitié des richesses du pays se trouvent concentrées aux mains de dix pour cent de la population. Le revenu des plus riches équivaut à cent quarante-cinq fois celui des plus pauvres. Le gros des pauvres se retrouve parmi les femmes et les jeunes.

« Le sac de … se vend à mille cinq cent gourdes. Chaque fois que vous donnez un prix, les acheteurs vous fuient. Le petit sachet de spaghetti est presque à vingt gourdes. Ça dépasse la mesure. Depuis que je suis à Port-au-Prince, je vis du commerce du pain. Maintenant, le prix de la farine augmente. Les boulangeries ne peuvent pas travailler. En tant que malheureuses, nous ne pouvons pas nous procurer le pain pour travailler, pour voler de nos propres ailes. Maintenant, nous marchons les bras ballants. Ce n’est pas possible. Il n’y a personne pour dire quelque chose pour nous dans le pays ».

Tel est le cri de désespoir de deux marchandes de Delmas 33 (Nord-Est de Port-au-Prince) face au coût de la vie et à la mévente consécutive au renchérissement, ces derniers jours, de la farine. Le pain est considéré en Haïti comme l’aliment de base du pauvre.

Depuis avril 2007, l’administration Préval-Alexis a lancé le processus de préparation du document de stratégie nationale pour la croissance et la réduction de la pauvreté. Ce document devrait être une réalité incessamment.

Préconisé par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, le DSNCRP est censé permettre aux gouvernements des pays à faible revenu d’articuler leurs actions aux objectifs du millénaires pour le développement (OMD), de sorte qu’ils puissent réduire de moitié d’ici à 2015 (1990-2015) la pauvreté.

En Haïti, les responsables du DSNCRP ont organisé divers ateliers sur des sujets variés. Après les forums départementaux, un forum national de validation devrait de tenir incessamment.

« Le DSNCRP, ce n’est pas seulement une affaire de pauvres. C’est un instrument qui permettra de moderniser l’économie, de créer plus de richesses et stimuler la croissance. Mais, cette fois, et pour la première fois, nous le faisons avec tout le monde. Cela veut dire que c’est un instrument de création de richesses, de modernisation de l’économie, qui prévoit un volet bénéfique pour les pauvres. C’est ça la réduction de la pauvreté ». Ce sont les propos de Jean Robert Simonise qui gère le processus participatif du DSNCRP.

Ces vingt-cinq dernières années, alors que la production d’Haïti n’a cessé de diminuer, la croissance démographique est en progression constante. Ces deux problèmes joints à l’absence de politique publique adéquate accélèrent la paupérisation de la population.

L’augmentation de la population résulte des naissances non contrôlées ; un problème lui-même lié au faible niveau d’instruction et aux moyens économiques précaires des femmes.

De façon concrète, l’augmentation de la population signifie : un plus grand nombre de gens à nourrir, un plus grand nombre de gens en demande d’emploi, d’éducation, de soins sanitaires, de logements, d’eau potable, d’électricité, etc.

L’indisponibilité de ces services en milieu rural fait que c’est en Haïti que les gens présentent, dans toute l’Amérique latine et la caraïbe, une longévité moindre. C’est aussi en Haïti (au niveau de toute la région) que le taux de fécondité est le plus élevé.

Éradiquer la pauvreté et les inégalités demande que l’État comprenne et mette à contribution les questions de population dans toutes les démarches de planification économique et sociale. L’État doit mettre sur pied une politique visant à augmenter les ressources disponibles pour chaque haïtien, de sorte que celles-ci soient en adéquation avec la croissance démographique. [vs gp apr 26/09/2007 10:00]

Notes : pour cet article, nous nous sommes inspirés de l’actualité et de données de l’UNFPA, du RNPD et de l’IHSI

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Cet article fait partie d’une série intitulée « Nou tout konte » et réalisée avec le concours du Fond des Nations-Unies pour la Population (UNFPA). Dans ce cadre, des chroniques radios hebdomadaires sont également diffuées sur Radio Kiskeya suivant l’horaire ci-dessous :
- Mardi, au journal de 6 :00 AM
- Mercredi au journal de 7 :00 AM
- Jeudi au journal de 4 :00 PM
- Vendredi, peu avant le journal des sports (12 :55 PM)