P-au-P, 19 sept. 07 [AlterPresse] --- La capitale haïtienne sera hôte, les jeudi 27 et vendredi 28 septembre 2007, d’un important colloque sur « les dynamiques de la construction démocratique en Amérique Latine, la Caraïbe et Haïti », apprend l’agence en ligne AlterPresse.
Conçu par la Fondation Gérard Pierre-Charles, la Fundación por la Europa de los ciudadanos et el Consejo Latinoamericano de Ciencias sociales, ce colloque, qui comptera sur la présence de nombreuses personnalités latino-américaines et européennes, vise la promotion d’un espace de réflexion critique et de débats autour des défis de la constuction démocratique dans les pays latino-américains et/ou caribéens.
Le coup d’envoi du colloque de deux jours, qui marquera également le lancement de la Fondation Gérard Pierre-Charles, est prévu dans la soirée du mercredi 26 septembre 2007 au Ritz Kinam II, à Pétion-Ville.
« Le colloque sera d’un apport très important au processus de réflexion sur l’implantation de la démocratie en Haïti, sur cette période transitoire » qui a trop duré en Haïti, explique Robert Luc Romulus du comité organisateur.
Vingt-trois chercheurs et autres spécialistes latino-américains et européens interviendront sur divers thèmes aux côtés de spécialistes haïtiens.
« Le processus de transition démocratique en Amérique latine, la Caraïbe et Haïti », « Enjeux et perspectives de l’intégration régionale dans le contexte de la globalisation », « Le processus démocratique dans la Caraïbe et Haïti. Bilan et perspectives », « Nouveaux défis des mouvements sociaux », « Etat et démocratie en Haïti et dans la Caraïbe », « Pauvreté et construction démocratique en Amérique latine et la Caraïbe », seront abordés durant ce colloque.
Les participantes et participants auront à partager leurs expériences des gouvernements dictatoriaux et despotiques qui ont marqué toute l’Amérique latine durant tout le XXe siècle.
Aux dires du professeur Romulus, ces gouvernements avaient une certaine tendance à la paupérisation, à l’appauvrissement de la majorité des populations. Laquelle situation avait suscité de nombreuses révoltes, de nombreuses revendications citoyennes qui avaient complètement changé la dynamique sociale régionale.
Par la présence de ces 23 personnalités étrangères, ce colloque, considéré comme le premier acte officiel de la jeune Fondation Gérard Pierre-Charles, est une grande première dans les tentatives de réflexion sur la construction d’un projet politique alternatif, selon Luc Romulus.
La transition politique n’est pas propre à Haïti.
Robert Luc Romulus rappelle que la quasi totalité des pays latino-américains se trouve aujourd’hui, encore, à cette phase transitoire, une transition qui, toutefois, est différente de celle qu’on connaît en Haïti depuis 1986.
Un document de synthèse sera publié aux termes de ce colloque, lequel ambitionne également une consolidation des forces politiques et sociales agissant en faveur d’un projet démocratique émancipateur.
Contexte de création de la Fondation Gérard Pierre-Charles
Homme politique, militant de mouvements sociaux latino-américains, Gérard Pierre-Charles est vu par William Kénel Pierre, du comité de pilotage de la Fondation, comme un intellectuel hors pair ; un scientique qui agit dans le domaine social, un syndicaliste qui luttait pour l’avancement des couches populaires, des travailleurs, un grand leader politique haïtien.
Economiste, Sociologue et auteur de plusieurs ouvrages (Radiographie de la dictature, l’Economique haïtienne et sa voie de développement) Gérard Pierre-Charles était également le premier coordinateur national de l’Organisation du peuple en lutte (Opl) et membre fondateur de ce parti politique.
L’idée de créer une fondation, portant le nom de Gérard Pierre-Charles, décédé à Cuba le 10 octobre 2004, à l’âge de 68 ans, est venue d’un ensemble de propositions formulées par ses proches et collaborateurs.
Le Centre de recherches et de formation économique et sociale pour le développement (Cresfed) a réuni toutes ces propositions pour essayer de rendre un hommage permanent à Pierre-Charles à travers la création de cette fondation, selon les précisions de Kénel Pierre.
« Le contexte haïtien, aujourd’hui, est un contexte de traumatisme national », avait déclaré Gérard Pierre-Charles, le 8 avril 2004, au cours d’une conférence de presse au Centre d’Accueil de la Presse Etrangère (CAPE), à Paris.
Pierre-Charles, qui allait mourir six mois plus tard, estimait que « la présence étrangère [en Haïti] n’a qu’un effet de dissuasion. Elle aura son vrai sens que lorsqu’elle sera conforme aux besoins de la population ».
Lancée officiellement ce 19 septembre 2007, la Fondation Gérard Pierre-Charles est de prime abord « un centre de recherche et de formation à but non lucratif », de l’avis de William Kénel Pierre qui a campé en long et en large le personnage de feu Pierre-Charles.
La mission de ladite fondation est de contribuer à l’émergence de leaders sociaux et de leaders politiques en vue de la promotion des valeurs citoyennes, démocratiques, humanistes et équité de genre, poursuit Kénel Pierre.
La Fondation Gérard Pierre-Charles entend également participer à la promotion de connaissances mutuelles, renforcer des liens entre Haïti et le reste du monde, selon les informations fournies à AlterPresse.
Pour cela, elle aura à intervenir dans quatre grands domaines : formation, recherche, diffusion et promotion.
En termes de formation, la fondation se donne pour objectif de contribuer au développement de potentiel humain dans la recherche de solution concertée aux différents problèmes auxquels est confrontée la république d’Haïti. Elle entend produire des recherches systématiques sur la deuxième moitié du vingtième siècle haïtien en vue de mieux comprendre l’évolution de la situation haïtienne actuelle.
Dans les deux autres axes d’intervention, la fondation vise la diffusion de connaissances à travers des publications, des conférences, des séminaires et des manifestations culturelles, souligne William Kénel Pierre.
La Fondation Gérard Pierre-Charles envisage également de travailler au renforcement des liens tissés entre Haïti, les Caraïbes, l’Amérique Latine et le reste du monde à travers, entre autres, la réalisation de séminaires, inter-échanges entre les chercheurs haïtiens et étrangers ainsi que l’octroi de bourses d’études aux étudiantes et étudiants haïtiens.
Aux yeux des responsables de cette fondation, le colloque programmé pour les 27 et 28 septembre 2007, devrait être d’un grand apport pour les nombreux secteurs haïtiens dans leur quête de compréhension et d’explication de la réalité actuelle des pays latino-américains et caribéens. [do rc apr 19/09/2007 15:00]