P-au-P., 18 sept. 07 [AlterPresse] --- « A chaque minute, une femme meurt en donnant la vie et beaucoup d’autres souffrent de complications graves qui compromettent leur qualité de vie et celle de leur famille ». La représentante du Fonds des Nations unies pour la population s’exprimait ainsi à l’occasion de la commémoration de la journée mondiale de la population le 11 juillet 2007. Tania Patriota faisait allusion à la situation des pays en développement.
Dans toute la Caraïbe, c’est Haïti qui dispose du taux de mortalité le plus élevé. Une haïtienne sur 37 court un risque de décéder de cause maternelle pendant les âges de procréation (15-49 ans). Selon l’OPS-OMS, les causes le plus souvent à la base de la mortalité maternelle en Haïti sont la grossesse extra-utérine, les complications consécutives à un avortement, l’hémorragie du post-partum, les maladies infectueuses et parasitaires, le décollement prématuré du placenta et l’éclampsie.
Malgré les investissements consentis au cours des dernières années, Haïti n’a pas réussi à diminuer la mortalité maternelle. Selon un membre du Service santé maternelle de l’OPS-OMS, « pour les dernières années, ici en Haïti, pour la santé, on a dépensé une moyenne de vingt millions de dollars par année (de l’argent donné bien sûr par les bailleurs, les agences et tout ça) et on n’a pas réussi à avoir une réduction de la mortalité maternelle ».
Tout en estimant qu’il faut toujours avoir les fonds pour supporter à long terme les projets, Carlos Grill propose de « réaffecter les fonds et surtout de les regrouper, rassembler tous les bailleurs et les donateurs sous le leadership du Ministère de la santé publique (MSPP) pour avancer dans ce sens-là ». Le fonctionnaire de l’OPS-OMS s’exprimait en marge d’un séminaire sur la protection sociale de santé organisé par le MSPP à Port-au-Prince, le 12 septembre 2007.
Des difficultés économiques et des insuffisances au niveau de la prise en charge sont souvent évoquées pour expliquer cette situation alarmante (ce fort taux de mortalité maternelle). Sur un total de 100 accouchements, 80 pour cent se fait en dehors du système sanitaire tandis que 19 pour cent des femmes enceintes ne consultent jamais un médecin pendant la période prénatale.
Selon les spécialistes, dans un pays où 70 pour cent de la population vit avec moins de deux dollars par jour, la seule manière de permettre aux femmes d’accéder convenablement à des soins est la gratuité des services.
Devant un parterre de journalistes au sortir d’un récent séminaire sur la protection sociale de santé, le ministre de la santé publique et de la population s’est exprimé en ces termes : « le taux de mortalité est élevé. Si nous nous assurons que les femmes enceintes trouvent les vitamines nécessaires gratuitement, accouchent sans qu’elles aient à débourser quoi que ce soit, le taux de fréquentation des services de santé augmentera ». « Si nous facilitons l’accès aux soins, ceci influera positivement sur le taux de mortalité », a renchéri le docteur Robert Auguste.
Haiti est signataire des OMD (Objectifs du développement du millénaire). Ceux-ci préconisent entre autres l’amélioration de la santé féminine. D’ici à 2015, Haïti devrait réduire de trois quarts le taux de mortalité maternelle (TMM). Un objectif qui paraît très improbable.
Les trois dernières enquêtes EMMUS (Enquête sur la mortalité, la morbidité et l’utilisation des services de santé) réalisées ces quatorze dernières années dénotent une régression notable en ce domaine. Le taux de mortalité maternelle est en effet passé de 457 pour 100 mille naissances vivantes en 1994-95 à 523 pou 100 mille naissances vivantes en 1999-2000. La dernière enquête EMMUS - réalisée en 2004 - révèle un taux de 630 pour 100 mille naissances vivantes.
Aux dires d’un responsable de service de santé maternelle à l’OPS-OMS, Morales, à l’orée de 1990, la Bolivie, un pays avec une économie et revenu per capita presque similaire à Haïti, accusait un taux de mortalité aussi élevé (que celle d’Haïti). Les autorités ont alors mis sur pied, avec l’appui de partenaires internationaux, de bailleurs et d’agences de coopération, un schéma de protection sociale de santé à l’intention des femmes en âge de procréer et des enfants âgés de zéro an révolu (moins d’un an). Dix ans après, des résultats spectaculaires ont été obtenus. Les autorités boliviennes sont parvenues, soulignent Morales, à réduire de près de 50 pour cent et la mortalité maternelle et la mortalité infantile. [vs, apr, 18/09/07]
Notes : Pour ce texte, nous nous sommes inspirés de l’actualité, de documents de l’UNFPA, de l’OPS-OMS, des enquêtes EMMUS (II, III et IV) et des OMD.
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Cet article fait partie d’une série intitulée « Nou tout konte » et réalisée avec le concours du Fond des Nations-Unies pour la Population (UNFPA). Dans ce cadre, des chroniques radios hebdomadaires sont également diffuées sur Radio Kiskeya suivant l’horaire ci-dessous :
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