P-au-P, 18 sept. 07 [AlterPresse] --- Les nombreux travailleurs haïtiens dans les plantations de canne à sucre en République Dominicaine n’ont pas, pour la plupart, le droit d’adhérer à un syndicat, critique la Confédération syndicale internationale (Csi) dans son rapport 2007 dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
L’organisme international de défense des droits syndicaux souligne une « absence totale de protection pour la main-d’œuvre haïtienne » où les ouvriers haïtiens dans les bateyes dominicains sont très nombreux, en dépit de la vague de dénonciations des conditions de vie de ces Haïtiens par divers secteurs.
« Les employeurs profitent généralement de la conjoncture pour exploiter cette main-d’œuvre dans des conditions proches de l’esclavage, une exploitation qui affecte également les Dominicains d’origine haïtienne, dont bon nombre sont expulsés du pays par les autorités policières sans tenir compte de leur double nationalité », mentionne la Confédération syndicale internationale dans ce rapport parvenu à AlterPresse.
En termes de violations des droits syndicaux, la République dominicaine ne fait pas exception à la règle, selon ce rapport publié à Bruxelles ce mardi 18 septembre 2007.
Parmi les cas de violations des droits rapportés, figure celui de huit femmes, licenciées par le consortium Bancas Real Sports (entreprise de paris sportifs et de loteries) pour s’être organisées en syndicat.
La vie des travailleurs au sein des zones franches d’exportation (Zfe) est de plus en plus tendue : conditions de travail déplorables, tentatives (souvent avortées) menées par les travailleuses et les travailleurs pour s’organiser, souligne le rapport.
Les employeurs dans les Zfe sont très souvent hostiles aux syndicats et les travailleurs qui souhaitent s’organiser ont la crainte de se voir licencier. Les campagnes antisyndicales se sont poursuivies en République dominicaine, au Honduras et au Nicaragua, selon la Confédération.
Pourtant en termes d’instruments légaux, la République Dominicaine fait partie des pays où « tous les travailleurs ont le droit de se syndiquer ».
La Confédération syndicale internationale considère les Zones franches d’exportation dominicaines comme un modèle en crise.
Alors que le Code du travail est d’application dans les zones franches d’exportation (Zfe) en République dominicaine, le gouvernement de ce pays ne fait aucun effort véritable pour veiller à ce que la législation du travail y soit appliquée. Les employeurs ne respectent que rarement les décisions du tribunal du travail, lorsque celles-ci leur sont défavorables, selon le rapport de la Confédération.
A rappeler que le vendredi 14 septembre 2007, des dizaines de migrants haïtiens, pour la plupart des sans-papiers, ont manifesté dans plusieurs localités du nord-ouest de la République Dominicaine en vue d’exiger des autorités le respect de leurs droits fondamentaux, rapportait l’agence espagnole EFE citée par la station privée haïtienne Radio Kiskeya.
Accompagnés de leurs épouses et de leurs enfants, les travailleurs agricoles brandissaient des pancartes, sur lesquelles on pouvait lire des articles de la presse écrite relatant les conditions de vie infrahumaines qui sont les leurs.
La marche des protestataires, venus des plantations agricoles situées non loin de la frontière avec Haïti, s’inscrivait dans le cadre de la commémoration à travers le monde de la semaine des immigrants, a indiqué à la presse le prêtre jésuite Regino Martìnez, coordonnateur de l’organisation dénommée Solidarité Frontalière.
Par ailleurs, dans son rapport 2007 pour tout le continent américain, la Csi, qui représente 168 millions de travailleurs au sein de 305 organisations affiliées nationales dans 153 pays, constate une situation alarmante pour les organisations syndicales.
Cette région, selon le rapport 2007 consulté par AlterPresse, rafle le titre peu enviable de continent le plus meurtrier pour les syndicalistes, et ce principalement en raison de la Colombie où 78 militants et dirigeants syndicaux ont été assassinés en 2006.
Les chiffres sont sans appel pour ce continent en raison de leurs activités syndicales : 80 personnes ont été tuées, 31 ont été menacées, 97 torturées, tabassées ou blessées, 195 arrêtées et plus de 520 licenciées. [do rc apr 18/09/2007 14 :20]