P-au-P, 14 Sept. 07 [AlterPresse] --- Les films selectionnés au Festival International du film haïtien de Montréal (Fihm), qui s’ouvre le 19 septembre prochain, et les photos de l’exposition internationale « Esclaves au Paradis », qui l’accompagnent, laissent à Francine Grimaldi, porte-parole de cette manifestation, un goût de « sang d’esclave ».
« Je ne suis plus capable de mettre du sucre dans mon café, j’ai l’impression de boire du sang d’esclave », confie la chroniqueuse vedette de Radio Canada, choisie comme porte-parole cette année de la 3e édition du Fifhm.
« Je n’en reviens pas de ce que j’ai vu » sur les bateys, ajoute-t-elle.
Francine Grimaldi intervenait le 11 septembre dernier à Montréal, à la conférence de presse de lancement officiel de la 3ème édition du Fifhm, dont la bande sonore a été obtenue par l’agence en ligne AlterPresse.
C’est un festival « incontournable » pour découvrir les réalités haïtiennes d’hier et d’aujourd’hui ainsi que « la culture extraordinaire » du peuple haïtien, souligne-t-elle.
Le vernissage de l’exposition des œuvres de la photographe franco-péruvienne Céline Anaya Gauthier, montrant la situation des coupeurs de canne haitiens en République Dominicaine, est programmé pour le 18 septembre prochain à Montréal, Canada. L’exposition a lieu en prélude à la 3e édition du Fihm, initiative de la Fondation Fabienne Colas.
Ce sera la grande première en Amérique du Nord de cette exposition qui a déjà été vue en France et qui vise à sensibiliser le grand public sur les conditions d’esclavage contemporain vécues par les braceros haïtiens dans les bateys dominicains.
L’exposition sera accompagnée d’un colloque, intitulé « Sang, Sucre et Sueur » qui se tiendra dans les locaux de Radio Canada le 19 septembre, avec des experts internationaux venus d’Haïti, de la République Dominicaine, des États-Unis, de l’Europe et de la Zambie ainsi que des institutions québécoises engagées dans le développement de projets binationaux, en Haïti et en République Dominicaine.
« La liberté n’a pas été octroyée aux esclaves haïtiens en 1804 : ils l’ont conquise. Aujourd’hui, au nom de cette Liberté, au nom de ceux qui se sont sacrifiés pour elle, la Fondation Fabienne Colas souhaite briser le silence, dire la vérité, libérer la parole des sans voix dans les bateys, les plantations sucrières de la République Dominicaine, pour que le cri des braceros (…) soit enfin entendu », déclare la journaliste Nancy Roc, commissaire de l’exposition et coordonnatrice du colloque.
« Plutôt que de dénoncer, nous avons choisi de sensibiliser ; plutôt que d’exclure, nous avons choisi de rassembler. Car, il est clair qu’une solution durable pour les braceros ne pourra jaillir que d’un accord commun entre les Haïtiens et les Dominicains », précise Nancy Roc,
Fabienne Colas, présidente de la Fondation Fabienne Colas et du Fifhm, annonce que le film d’ouverture du festival sera le documentaire de la réalisatrice Cubano-américaine, Amy Serrano, « Sugar Babies » (Les « Enfants du Sucre »). Ce documentaire sera projeté en présence de la réalisatrice qui viendra directement de Miami.
Le festival, qui durera jusqu’au 23 septembre, sera l’occasion de voir d’autres films sur la problématique des bateys, tels que « Le Prix du Sucre », de l’Américain Bill Haney, « Batey Zéro », du Francais Gérard Maximin et « Sucre Noir », du Canadien Michel Régnier.
Fabienne Colas profite du lancement du festival pour rendre hommage à l’acteur « hors pair » haitien, Francois Latour, kidnappé à Port-au-Prince et assassiné par ses ravisseurs le 23 mai dernier ainsi qu’au réalisateur Raphael Stines, « le pionnier » du cinéma haitien, décédé le 26 aout. Colas ne cache pas son émotion en parlant de Raphael Stines, qui, dit-elle, lui a donné sa « première chance » en tant qu’actrice, dans un feuilleton diffusé à la Télévision Nationale d’Haiti. [gp apr 14/09/2007 09:00]