P-au-P, 13 août 07 [AlterPresse] --- Les républiques d’Haïti et du Nicaragua vont désormais bénéficier pleinement de l’accord global de coopération énergétique Petrocaribe, propulsé par le Venezuela pour garantir le ravitaillement, à 16 pays des Caraïbes, de 200,000 tonneaux de pétrole brut journalier à des prix préférentiels, suivant les conclusions du troisième forum, le samedi 11 août, des Etats membres de cette alliance, dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Pour les pays caribéens, et maintenant latinoaméricains [avec l’intégration du Nicaragua], des opportunités de mise en place de raffineries du pétrole brut et d’usines de gazéification viennent s’ajouter aux conditions préférentielles de paiement et possibilités de faire face aux fluctuations des prix offerts sur le marché international du pétrole.
En Haïti, depuis mai 2006, l’accord Petrocaribe n’a pas permis une stabilisation des prix à la pompe, vu que, régulièrement, des hausses sont répercutées aux consommateurs.
Prises dans l’engrenage de la politique néolibérale, les autorités nationales se sont toujours refusées à examiner d’éventuelles dispositions d’allégement, voire de subvention des produits pétroliers et de leurs dérivés pour le marché, constatent les observateurs.
De retour à Port-au-Prince le dimanche 12 août 2007 suite à sa participation, la veille, au troisième sommet des États membres de Petrocaribe, le président René Garcia Préval informe qu’Haïti rejoint désormais ce projet de la République bolivarienne du Venezuela.
Les participants au forum du 11 août 2007 ont travaillé sur cinq axes dans le cadre de cet accord global de coopération et de sécurité énergétique.
Il s’agit, premièrement, d’un axe pétrolier qui intéresse la création d’infrastructures de raffinage dans les pays bénéficiaires afin de « réduire la dépendance de la région à l’égard des acteurs internationaux et de baisser le coût des produits raffinés », précise le chef de l’Etat haïtien.
Haïti reçoit quotidiennement 15,000 barils de pétrole lui permettant de profiter d’une remise de 300,000 dollars américains par jour, selon le président de la République.
René Préval rappelle qu’avec l’accord Petrocaribe, signé le 14 mai 2006 et voté récemment par le Parlement, Haïti pourra bénéficier de produits pétroliers dont la livraison se fera à des conditions spéciales. Les 60% de ces produits sont payables à la livraison et le reste sur 25 ans avec un taux d’intérêt de 2%, souligne Préval.
Les États membres utiliseront les bénéfices sous forme de prêts, allant jusqu’à 150 millions de dollars, pour financer des projets d’investissement.
L’Accord Petrocaribe rentre dans le cadre de l’Alternative bolivarienne pour les Amérique (Alba). Haïti n’est pas membre de l’Alba, précise René Préval.
Le chef de l’Etat haïtien indique aussi que les pays, représentés à ce sommet sur la sécurité énergétique Petrocaribe, se sont engagés à ajouter 10% d’éthanol à la gazoline en vue de conserver les zones de production d’aliments. Parce que, estiment-il, l’éthanol rentre souvent en compétition avec les productions d’aliments.
Une rencontre avec les compagnies haïtiennes de distribution des produits pétroliers est prévue, ce lundi 13 août 2007 au Palais national, pour discuter des capacités de transport, de stockage et de distribution de ces produits et de leurs dérivés, par la mise en place d’infrastructures adéquates.
« Le pétrole que nous recevons est commercialisé à partir des compagnies pétrolières existantes, car ce sont elles qui ont la gestion. Nous devons discuter avec elles sur le transport, le stockage et la distribution », soutient René Préval.
Texaco, Esso, Total et National [cette dernière a remplacé la multinationale Shell] sont les 4 compagnies desservant aujourd’hui le marché haïtien en produits pétroliers.
Le deuxième axe, signalé par le président haïtien, concerne l’établissement d’usines de gazéification dans les autres États membres qui ne disposent pas de ces types d’énergie. Préval parle d’autres axes relatifs à la réduction de la consommation thermoélectrique et à la promotion des énergies renouvelables.
Le chef de l’Etat affirme que la consommation d’énergie thermoélectrique est très coûteuse. Pour cela, il croit nécessaire de réduire l’utilisation de cette énergie en remplaçant les ampoules incandescentes dans les foyers par des ampoules à faible consommation d’énergie.
Approuvé le 29 juin 2005 par 14 des 16 États représentés au premier sommet énergétique caribéen, le projet Petrocaribe vise à ravitailler les pays des Caraïbes en pétrole. Cet accord global de coopération énergétique complète les accords de Caracas et de San José, signés en 2000 et 1980, en vue d’approvisionner en pétrole brut vénézuélien les pays des Caraïbes à des conditions de paiement préférentielles.
Face au renchérissement des prix du pétrole et aux spéculations sur le marché international ces derniers mois, certains analystes latinoaméricains considèrent l’initiative Petrocaribe, soutenue par le Venezuela, comme un pas vers l’intégration régionale.
Suivant les informations obtenues par AlterPresse, Cuba recevrait près de la moitié des 200,000 barils journaliers fournis aux membres dudit accord, dont 12 des 15 membres du marché commun caribéen (Caricom).
Antigua et Barbuda, les Bahamas, Belize, Cuba, la Dominique, la Grenade, Guyana, la Jamaïque, la République Dominicaine, Saint Christophe et Nevis, Sainte-Lucie, Surinam, Saint Vincent et les Grenadines, Haïti, Nicaragua et le Venezuela sont actuellement les pays membres de Petrocaribe.
Au troisième forum du 11 août 2007 à Caracas, le président du Nicaragua, Daniel Ortega, a proposé d’inviter le Brésil et le Mexique à participer au mécanisme institué par Petrocaribe. [do rc apr 13/08/2007 10 : 40]