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Haïti – Réforme agraire : Des paysans du Nord réclament la légalisation de titres de propriété

P-au-P, 8 août 07 [AlterPresse] --- Des paysans de l’Association des producteurs de lait de Limonade (Apwollim, Nord d’Haïti) appellent à la finalisation du processus de légalisation des titres de propriété, accordés aux producteurs de lait dans la zone de Madras, où le « Lèt Agogo » a pris naissance, selon les informations communiquées à l’agence en ligne AlterPresse .

« Cela fait plus de 3 ans que l’Apwollim a entrepris des démarches auprès de l’Etat haïtien pour légaliser la présence des paysans producteurs de lait sur les terres appartenant à l’Etat dans la zone de Madras, dans les communes de Limonade, Caracol et Trou du Nord », rappelle l’organisation à l’attention des autorités étatiques.

Malgré les dépenses consenties, l’Apwollim estime que ces démarches visant la légalisation de la présence de ces producteurs laitiers n’ont jamais abouti.

Tout en déclarant que les terres sont leurs armes, ces paysans affirment avoir construit plus de 35 puits sur la plantation de Madras où ils ont beaucoup « investi dans des pompes pour l’abreuvement du bétail et l’irrigation ».

« Sur les terres, nous cultivons, nous pratiquons l’élevage, nous produisons du lait pour contribuer au progrès de la production nationale », écrivent-ils dans une lettre aux autorités haïtiennes, dont une copie a été acheminée à AlterPresse.

Apwollim déclare avoir signé, il y a trois ans, un contrat avec l’Institut national de réforme agraire (Inara) pour l’arpentage des terres. Il y a 20 mois, signale l’association, Inara a réalisé l’arpentage et signé des contrats avec les paysans pour la légalisation de 760 parcelles sur une étendue de 1070 hectares.

« Cela fait 14 mois que la Direction générale des Impôts (Dgi) refuse de recevoir le montant de l’affermage des paysans », malgré une « demande du ministère de l’agriculture au ministère des Finances » pour des directives en ce sens à la Dgi, souligne l’Association des producteurs de lait de Limonade dans cette correspondance adressée au président René Préval, au Premier ministre Jacques Édouard Alexis, au ministre de l’agriculture, François Séverin, et au directeur général de l’Inara, Bernard Ethéart.

Jusqu’à présent, Apwollim affirme constater que « la Dgi envoie des grands dons s’emparer des terres exploitées par les paysans ».

« Que veulent les dirigeants de notre pays (…) Veulent-ils que les paysans se transforment en zenglendo (bandits armés) ? Veulent-ils leur donner des armes, alors qu’ils parlent de désarmement ? Veulent-ils qu’un massacre ait raison des paysans ? », s’interroge l’Apwollim qui appelle à l’intervention du président de la République.

« Nous, paysans producteurs de lait, membres d’Apwollim et d’autres organisations paysannes de la zone de Madras, nous sommes décidés à ne jamais céder et à obtenir la victoire », renouvellent-ils.

En décembre 2005, le docteur vétérinaire Michel Chancy de l’Organisation non gouvernementale Veterimed a confirmé que des titres de propriété, appartenant à l’Etat haïtien, ont été distribués aux producteurs de « Lèt Agogo » (Lait à gogo, en français) qui occupaient des terres sans papiers dans la commune de Limonade.

Cette grande première dans la production haïtienne était une initiative de l’Institut national de la réforme agraire, lequel avait procédé à l’arpentage de 1,100 hectares de terres au profit des producteurs de lait dans la région de Limonade. [do rc apr 08/08/2007 08:00]