Par Wooldy Edson Louidor
P-au-P, 26 juil. 07 [AlterPresse] --- "L’immigration haïtienne joue un rôle de singulière importance dans l’économie formelle et informelle dominicaine" : telle est la première conclusion que la firme de consultants "EPISA-SA" a tirée d’une étude réalisée en République Dominicaine, dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
L’agriculture demeure le secteur où les migrants haïtiens apportent le plus à l’économie dominicaine (30% du Produit intérieur brut -Pib- de ce secteur et 1.48% du Pib national), suivie par la construction (6.8% du Pib de ce secteur et 1% du Pib national) et l’industrie sucrière (2.54% du Pib de ce secteur et 0.03 en 2005), selon les résultats préliminaires de cette étude qui ont été présentés en République Dominicaine, au cours de cette semaine.
En ce qui a trait au secteur informel, la contribution des migrants haïtiens est supérieure, dans beaucoup d’aspects, à celle apportée par les Dominicains, relève la même étude.
En plus, les travailleurs informels haïtiens connaissent des conditions de vie beaucoup moins mauvaises que certains de leurs compatriotes qui œuvrent dans le secteur formel, principalement les braceros (coupeurs de canne vivant dans les bateyes), poursuit l’étude.
Les chercheurs prévoient une augmentation de la main d’œuvre haïtienne dans le secteur de la construction, parce que les travailleurs haïtiens sont plus appréciés dans ce genre d’activités, que les ouvriers dominicains, pour leur efficacité, leur discipline et leur sens de responsabilité, font-ils remarquer.
De même, dans l’industrie sucrière, une plus grande demande de main d’œuvre haïtienne est à envisager dans le futur, car l’État dominicain est en train de planifier d’industrialiser l’éthanol avec une partie de la production de la canne-à-sucre, labeur historiquement confié (depuis le début du siècle dernier) aux braceros haïtiens.
Cette investigation intitulée "Apport de l’immigrant haïtien à l’économie dominicaine" (en espagnol, Aportes del Inmigrante Haitiano a la economía dominicana) a été réalisée pour le Centre Culturel Dominico-Haïtien (Ccdh), organisme de défense des droits humains des migrants haïtiens et de leurs descendants en République Dominicaine.
Comme son titre l’indique, l’objectif principal de cette recherche était de déterminer l’apport des migrants haïtiens dans l’économie formelle et informelle dominicaine.
Des données ont été recueillies dans plusieurs provinces dominicaines à forte concentration de migrants haïtiens, telles que Santo Domingo, Santiago de Los Caballeros, La Vega, San Pedro de Marcorís, La Altagracia, Barahona, San Juan de la Maguana, Puerto Plata, ainsi que dans les marchés de Dajabón, de Elías Pina, de Jimaní et de Pedernales.
Des migrants haïtiens travaillant dans les secteurs de la construction (60, en total), de l’agriculture (principalement le café, à cause de la forte utilisation de la main d’œuvre haïtienne dans ce secteur), l’industrie sucrière (20, en total), ainsi que des administrateurs et responsables d’hôtels ont été interviewés dans le cadre de cette recherche.
Des enquêtes ont été menées dans les quatre marchés frontaliers haitiano-dominicains auprès des vendeurs (285, en total) et des acheteurs (167) haïtiens, ainsi que d’autres travailleurs du secteur informel tels que des artistes, des jardiniers, des gardiens de maison, etc.
Les données recueillies par les chercheurs ont été croisées avec les statistiques officielles publiées par l’Etat dominicain à travers ses institutions, par exemple la Banque Centrale de la République Dominicaine. [wel rc apr 26/07/2007 12:15]