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Haïti/Privatisation : Un processus à retombées négatives sur le pays, selon la Papda

P-au-P, 18 juil. 07 [AlterPresse] --- La Plate-forme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda) exprime son désaccord face au processus de privatisation des entreprises publiques, préconisé par l’actuel gouvernement à travers son programme de modernisation.

« Ce sont des décisions malheureuses (…) qui auront des conséquences extrêmement graves sur l’avenir du pays », affirme l’économiste Camille Chalmers, secrétaire exécutif de la Papda, au cours d’une conférence de presse, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse ce mercredi 18 juillet 2007.

Cette politique, selon la Papda, pourrait avoir des suites fâcheuses sur l’avenir du pays et sur l’ensemble de la population qui exige de meilleures conditions de vie.

Recommandant l’instauration d’un Etat fort, Chalmers déclare inconcevable de considérer le secteur privé comme le meilleur gestionnaire qui puisse être.

« Ce n’est pas du tout vrai qu’il y ait une supériorité dans la gestion, faite par le privé par rapport à celle du public », assure le dirigeant de la Papda.

La compagnie nationale des télécommunications (Téléco), l’Office national d’assurance vieillesse (Ona), la Banque nationale de crédit (Bnc) sont, entre autres, les organismes publics pressentis dans ce processus de privatisation, selon les rumeurs qui circulent à Port-au-Prince.

Camille Chalmers pense que la privatisation de ces entreprises n’est pas la meilleure formule.

L’important, explique-t-il, est de savoir quel rôle la Téléco doit jouer dans l’économie nationale, quel rôle pourrait-elle jouer dans le cadre d’une stratégie de développement.

De l’avis du secrétaire exécutif de la Papda, la Téléco a un rôle stratégique à jouer, tenant compte que la communication est quelque chose de très fondamental dans tout processus de développement.

L’apport de la Téléco est indispensable pour toute politique d’intégration sociale priorisant l’outil Internet. La Téléco, peut jouer un rôle fondamental dans la réduction du fossé digital en matière de connexion à Internet, prévoit-il.

Pour avancer dans le processus envisagé de privatisation à la Téléco, plus d’un millier d’employés viennent d’être révoqués à cette compagnie en l’espace de quelques jours.

Sans mentionner la gabegie ayant eu cours à l’institution [Ndlr : notamment durant la période 2001 – 2004, quand des partisans zélés du régime lavalas ont été arbitrairement intégrés à la compagnie, dont des centres de province ont été cédés à des potentats], les autorités concernées posent un problème de rentabilité financière et de compétitivité par rapport aux trois autres entreprises privées évoluant sur le marché, avec un personnel moins pléthorique, et offrant un meilleur service aujourd’hui aux abonnés.

Par contre, les clients de la compagnie des télécommunications d’Haïti n’ont pas honoré leurs dettes : l’Etat, à lui seul, doit à la Téléco 600 millions de gourdes, les abonnés 400 millions de gourdes ; ce qui fait un total d’un milliard de gourdes.

« Ce n’est nullement une question de rentabilité financière, l’important c’est de voir en quoi la Téléco pourrait-elle être utile à la collectivité », estime Camille Chalmers.

Pour démontrer combien la Téléco est utile au pays, Chalmers informe que cette entreprise publique a l’habitude de transférer au trésor public jusqu’à 42 millions de dollars américains en l’espace d’une année. A son avis, la Téléco n’est pas une entreprise déficitaire.

Le secrétaire exécutif de la Papda est d’avis que la politique envisagée par le gouvernement en place conduira à un plus grand affaiblissement de l’Etat.

« La privatisation correspond à des transferts de lieu stratégique de pouvoir », dit Camille Chalmers, pour qui la Téléco, les ports et aéroports ne sont pas seulement des entreprises, mais des lieux de pouvoir par rapport à ce qui se passe à l’intérieur de la société.

La privatisation, rappelle le militant altermondialiste d’Haïti, ne génère pas la croissance économique ; elle entraîne, de préférence, des situations où la population majoritaire n’a pas accès aux services sociaux de base.

« La privatisation a des conséquences dramatiques sur le pays qui, déjà, dispose d’un faible pouvoir d’achat », indique le dirigeant de la Papda.

L’économiste Camille Chalmers préfère parler de « liquidation » en lieu et place de la privatisation qui, fort souvent, sert de courroie de transmission à la corruption.

Dans d’autres pays, comme l’Argentine, le Mexique, la Bolivie et même l’Angleterre, ce processus a bel et bien échoué, selon le secrétaire exécutif de la Plate-forme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif. [do rc apr 18/07/2007 14 :00]