P-au-P, 11 juil. 07 [AlterPresse] --- L’implication de l’homme haïtien dans le domaine de la santé maternelle et de la planification familiale est largement recommandée par les autorités concernées pour lutter contre la mortalité maternelle et infantile.
Cette exhortation a été formulée, le mercredi 11 juillet 2007, à l’occasion de la Journée mondiale de la population déroulée autour du thème « Les hommes partenaires de la santé maternelle », a constaté l’agence en ligne AlterPresse.
A Port-au-Prince, cette commémoration a eu lieu à l’hôpital de la Maternité Isaïe Jeanty (Mij), encore appelé hôpital de Chancerelles, en présence d’officiels du gouvernement, de prestataires de soins de santé et de diplomates étrangers.
« Il est un fait indéniable que la santé maternelle est aussi l’affaire des hommes », affirme haut et fort le docteur Robert Auguste, ministre de la santé publique et de la population (Mspp).
L’homme haïtien, selon le titulaire de la santé, ne saurait rester indifférent aux tourments, aux angoisses de la femme haïtienne dont la situation sanitaire est très préoccupante, tenant compte de la tendance à la hausse du taux de mortalité maternelle.
Ce taux, selon l’enquête morbidité, mortalité et utilisation de services (EMMUS IV), est estimé à 132 pour 100 000 naissances vivantes.
Etant l’affaire des hommes, le docteur Robert Auguste pense qu’ « il est indispensable de mieux orienter les activités de communication » vers un changement de comportement, pour que les hommes arrivent à adopter des attitudes et pratiques propices à l’épanouissement de la santé maternelle.
Le ministre de la santé publique estime que la promotion de nouveaux comportements de l’homme peut contribuer à améliorer considérablement la santé maternelle.
« Notre souhait le plus profond, c’est un accompagnement responsable des hommes », réclame le docteur Auguste à l’occasion de cette journée mondiale de la population.
Le titulaire du Mspp invite les hommes à être beaucoup « plus acteurs que spectateurs dans la santé maternelle, garante, notamment, d’un ménage serein et d’une progéniture paisible ».
« La santé des femmes doit être au centre des préoccupations, au milieu de nos débats, de nos réflexions », indique, pour sa part, Marie Laurence Jocelyn Lassègue, ministre à la condition féminine et aux droits des femmes (Mcfdf).
L’intervention des hommes au niveau de la santé maternelle peut, selon la ministre des femmes, provoquer une différence énorme, une différence capitale en matière de mortalité maternelle. Voilà pourquoi Marie Laurence Jocelyn Lassègue sollicite l’implication de tous les secteurs dans cette lutte en faveur de la santé maternelle.
Par ailleurs, la titulaire du Mcfdf affirme avoir déposé, au Parlement, un projet de loi relatif à la responsabilité paternelle.
« Nous ne devons pas avoir des enfants sans père », lance Marie Laurence Lassègue, précisant que le gouvernement dont elle fait partie est conscient du problème d’enfants naturels.
« Il est important que les hommes réfléchissent, de concert avec les femmes, avant de décider de mettre des enfants sur terre », soutient la ministre à la condition féminine.
L’hôpital de la Maternité Isaïe Jeanty (Mij) a été choisi comme lieu d’activité officielle dans le cadre de la Journée mondiale de la population, dont le thème a trait à la santé maternelle. Selon le docteur Camille Figaro, directeur de la Mij, ce thème fait certainement appel aux comportements des partenaires sexuels.
« Ce jour est une opportunité d’attirer l’attention de chacun sur ces questions (…) et d’examiner ce que nous pouvons faire pour améliorer la qualité de vie de chaque individu », déclare Tania Patriota, représentante du Fonds des Nations Unies pour la population (Unfpa).
Pour cette cérémonie, Tania Patriota explique que la Maternité Isaïe Jeanty a été choisie, parce que c’est là que des « hommes et femmes (ambulanciers, infirmiers et infirmières, sages-femmes, médecins) oeuvrent ensemble pour assurer une maternité sans danger ».
Selon elle, Unfpa veut rendre hommage aujourd’hui à « ces prestataires de soins qui luttent quotidiennement, pour assister les familles secouées par les convulsions dues à une éclampsie, ou se précipitent pour réaliser à temps une césarienne ».
« A chaque minute, une femme meurt en donnant la vie et beaucoup d’autres souffrent de complications graves qui compromettent leur qualité de vie et celle de leur famille », déplore Tania Patriota.
Des statistiques révèlent que 82% des femmes haïtiennes à niveau d’instruction secondaire bénéficient des soins, contre seulement 45% de femmes sans instruction, souligne la représentante de Unfpa.
Patriota rappelle que le taux de mortalité maternelle demeure très élevé en Haïti. Ce taux est de l’ordre de 630 pour 100 000 naissances.
« Pourtant, les moyens pour sauver ces femmes sont bien connus (…) La planification familiale peut, à elle seule, diminuer de 20% et une attention qualifiée à l’accouchement de 75% », dit -elle.
Dans ce contexte, Tania Patriota est d’avis que les hommes ont un rôle fondamental à jouer.
« Leurs actions ont un impact décisif dans la protection de la vie des femmes à plusieurs égards », ajoute-t-elle.
Institution sanitaire dédiée exclusivement aux femmes, vieille de plusieurs décennies, la Maternité Isaïe Jeanty (ou hôpital de Chancerelles) a vu naître des générations d’Haïtiennes et d’Haïtiens, conscients des problèmes auxquels fait face le pays.
Il y a 52 ans, Marie Laurence Jocelyn Lassègue, actuelle ministre des femmes, a vu le jour à l’hôpital de Chancerelles.
La commémoration de la Journée mondiale de la population à la Maternité Isaïe Jeanty a été aussi l’occasion pour les autorités étatiques de rendre hommage au docteur Cyril Benjamin York, décédé récemment à Port-au-Prince.
De 1980 à son décès, le docteur Benjamin York était chef de service pré-post natal à la Maternité Isaïe Jeanty. [do rc apr 11/07/2007 13 :40]