P-au-P., 24 juil. 03 [AlterPresse] --- L’organisation internationale de défense des droits humains Amnesty International a lancé ce 24 juillet une campagne d’actions en faveur de la militante politique d’opposition Judie Roy, arrêtée le 14 juillet dernier en sa résidence dans la périphérie nord de Port-au-Prince, en compagnie de trois membres de son mouvement Regroupement Patriotique pour le Renouveau National (REPAREN).
Dans une note transmise à AlterPresse, Amnesty International exprime ses inquiétudes du fait que ces 4 membres de l’opposition ont été torturés après leur arrestation par la police. L’organisation lance une campagne de lettres pour exiger des autorites haitiennes des soins pour les 4 détenus et la clarification de leur statut. Les requetes doivent etre adressées au Ministre de la Justice, Calixte Delatour, à la Directrice Générale de la Police, Me Jocelyne Pierre, au Directeur de l’Administration Penitentiaire Natinale (APENA), Clifford Larose et aux representations diplomatiques haitiennes à l’etranger, précise Amnesty International.
Cette initiative d’Amenesty International a ete sollicité publiquement par la Plate-forme des Organisations Haitiennes de Défense des Droits Humains (POHDH).
Selon l’organisation internationale, qui se réfère aux témoignages des victimes, ces dernières ont été battues à l’aide de barres de fer par des policiers en uniforme, puis par des hommes en civil qui ont même marché sur Judie Roi.
La visite de membres d’organisations féministes a été refusée à la militante politique, de même que celle de plusieurs responsables politiques de l’opposition. Mais d’autres défenseurs de droits humains qui ont pu voir Judie Roi le 21 juillet ont affirmé qu’elle se portait très mal, avait de la peine à bouger et des difficultés à entendre, après avoir été frappée à la tête.
Selon les témoignages de Fito Lesperance de la Coalition Haïtienne pour les Droits des Haitiens, Judie Roi avait exprimé des inquiétudes pour ses compagnons dont un d’entre eux avait, selon elle, vomi du sang et pourrait avoir une fracture des cotes.
Amnesty International révèle que Judie Roi a été conduite le 18 juillet devant un juge, mais les charges retenues contre elle n’étaient pas claires. Selon la loi haitienne, poursuit l’organisation, le statut légal des personnes arrêtées doit être fixée dans l’espace de 48 heures.
Interrogée sur cette affaire lors d’une conférence de presse au cours de cette semaine, le ministre de la justice, Me Calixte Delatour, disait ne pas être au courrant des mauvais traitements subis par la responsable politique.
Des organisations de plusieurs secteurs n’ont pas cessé de dénoncer l’arrestation des membres de REPAREN et les conditions de leur détention.
Les parlementaires du parti au pouvoir, Fanmi Lavalas, ont applaudi à l’arrestation de Judie Roi, qui a été à maintes reprises accusée de fomenter des complots contre le pouvoir lavalas.
Récemment, lors d’une conférence sur la torture à Port-au-Prince, le juriste haïtien Kedner Auguste a fait remarquer que Haiti n’a pas ratifié la convention interaméricaine contre la torture. En outre, le code civil haïtien n’a pas de provisions pour les cas de torture, a-t-il ajouté.
La torture est un élément d’un système de pouvoir dans un rapport de pouvoir, a pour sa part indiqué le philosophe haïtien Yves Dorestal.
L’ex-directeur de la police, Jn Robert Faveur, qui s’est réfugié en juin dernier aux Etats-Unis avait révélé que le Premier ministre Yvon Neptune aurait caractérisé le régime haïtien comme « une démocratie autoritaire ». [rv gp apr 24/07/2003 23:45]