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Haïti : Engagement renouvelé pour une éducation non sexiste

P-au-P, 9 juil. 07 [AlterPresse] --- Les actrices et acteurs de l’éducation ayant participé, du 5 au 7 juillet 2007, à un atelier de formation sur les stéréotypes sexuels dans l’éducation haïtienne, ont signé un pacte d’engagement, dans lequel ils appellent l’Etat à adopter une convention pour une éducation non sexiste en Haïti.

La présentation de ce pacte, comportant une recommandation en 13 points et considéré comme le résultat des travaux de l’atelier déroulé au Club Indigo à Montrouis (nord de Port-au-Prince), a eu lieu ce 9 juillet 2007 lors d’une cérémonie organisée à l’hôtel Ritz Kinam à Pétionville, où étaient présents des membres de la Presse, dont un journaliste de l’agence en ligne AlterPresse.

Ce pacte entend « porter l’Etat haïtien à élaborer une convention pour l’éducation non sexiste, dans laquelle un cadre légal, administratif et financier serait défini pour la mise en application des dispositions ou mesures » qui y sont attendues.

La révision des curricula (supports pédagogiques, matériels didactiques, manuels scolaires) et la mise en place d’un service d’orientation professionnelle à parti de la 9e année fondamentale sont recommandées.

« Des mécanismes d’évaluation régulière, avec la participation des actrices et acteurs, doivent être aussi prévus afin de suivre l’évolution des comportements et le niveau d’implication des concernés dans la lutte pour l’élimination des stéréotypes sexuels », souligne le pacte.

De leur côté, le ministère à la condition féminine et aux droits des femmes (Mcfdf) et celui de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (Menfp) se déclarent engagés à « développer et utiliser des outils pédagogiques adaptés en vue de lutter contre les stéréotypes sexuels ».

Ces deux ministères se donnent pour mission de jeter un regard sur les choix des manuels scolaires et particulièrement des textes et des images positionnant les femmes et les hommes dans des rôles traditionnels, et/ou dévalorisants.

« Nous voulons porter une attention particulière aux petites filles, à la femme », soutient Gabriel Bien-Aimé, ministre de l’éducation nationale.

Le titulaire du Menfp annonce l’intégration d’autres membres de son ministère dans la commission interministérielle, en particulier celles et ceux de la direction du curriculum et de la qualité, en vue d’aboutir aux résultats escomptés dans le cadre de l’adoption de ce pacte.

« Le suivi [de ce pacte] est important pour nous, puisque nous connaissons le rôle de l’éducation dans la construction sociale », estime Marie Laurence Jocelyn Lassègue, ministre à la condition féminine.

Lassègue renouvelle la volonté de son équipe d’appuyer la matérialisation des résultats de cet atelier ayant accouché ce pacte intitulé « Pour une éducation non sexiste ».

Le pacte, adopté au Club Indigo par les participantes et participants à cet atelier de trois jours est extraordinaire, selon le ministre Gabriel Bien-Aimé qui prône « une éducation non sexiste dans un pays sexiste ».

« Nous devons commencer par les tout-petits si nous voulons changer quelque chose dans ce pays », affirme-t-il.

Le ministre Bien-Aimé croit fermement qu’il faut commencer par l’éducation si l’on veut construire effectivement une société haïtienne plus juste et plus équilibrée.

Il convient d’« orienter les enfants positivement, pendant qu’ils sont tout petits, afin d’avoir dans le futur de nouvelles citoyennes, de nouveaux citoyens équilibrés », ajoute le titulaire de l’éducation nationale.

L’atelier de formation sur les stéréotypes sexuels en milieu éducatif a reçu le soutien de la coopération française et du Fonds des Nations Unies pour la population (Unfpa). Les travaux ont été dirigés par deux expertes en éducation : Jocelyne Trouillot d’Haïti et Georges Arnault de la Martinique.

Tania Patriota, représentante de Unfpa en Haïti, signale que le progrès des femmes est le fondement du progrès pour toute une société, une constatation faite depuis longtemps par l’ensemble du système des Nations Unies.

Intervenant à la cérémonie de présentation des résultats de cet atelier, la fonctionnaire de l’Onu renouvelle, à l’attention de toutes et tous, le mandat de l’Unfpa qui consiste à assurer, chez les filles et femmes, un traitement équitable, dans la dignité et le respect.

Les filles et femmes doivent avoir les mêmes opportunités que les hommes de participer au développement économique et social de leur pays, selon Tania Patriota.

« L’éducation, secteur de formation et de préparation des futures générations du pays, est un espace privilégié pour apprendre à tout un chacun le respect de l’autre et le respect de ses droits », indique la représentante de Unfpa.

Tania Patriota défend l’accès à l’éducation pour les jeunes filles tombées enceintes ou qui sont victimes de grossesses précoces.

« Notre agence défend aussi le droit de toute jeune fille de rester à l’école et de poursuivre ses études, qu’elle soit ou non mère d’un enfant », rappelle Tania Patriota.

La méthodologie utilisée dans la préparation du « Pacte Indigo » a permis de voir que déceler un stéréotype n’est qu’une étape vers son élimination, selon les précisions de l’Éducatrice Jocelyne Trouillot.

Ce pacte, dit-elle, vise à inciter l’Etat haïtien à entreprendre des démarches afin de permettre aux filles et garçons de bénéficier des mêmes droits.

A cette cérémonie du 9 juillet 2007, il a été également question de présenter le guide sur les droits des écolières et écoliers haïtiens.

Intitulé « Yon lekòl kote tout elèv gen dwa », le guide en question traite, entre autres, des droits des filles et garçons en matière d’éducation, des abus psychologiques, physiques, des handicaps ainsi que d’autres maladies contagieuses. [do rc apr 09/07/2007 14 :45]