Montrouis (Haïti), 6 juil. 07 [AlterPresse] --- Le Club Indigo à Montrouis, au nord de Port-au-Prince, accueille du 5 au 7 juillet 2007, un atelier de formation portant sur le rôle des stéréotypes sexuels dans la reproduction d’une société inégalitaire, observe l’agence en ligne AlterPresse.
« Poser, en effet, la problématique des stéréotypes sexuels dans l’enseignement, revient à remettre en question le fondement même du système éducatif haïtien », pense Myrna Narcisse Théodore, directrice générale du ministère à la condition féminine et aux droits des femmes (Mcfdf).
En Haïti, du kindergaten au secondaire, en passant par le cycle primaire, des notions à forte connotation sexiste, privilégiant l’exploit masculin au détriment des qualités féminines, sont toujours inculquées aux élèves, désapprouve la directrice générale du Mcfdf.
Sans toutefois les nommer, Myrna Narcisse Théodore n’hésite pas à indexer nombre d’institutions de la société haïtienne qui, selon elle, constituent des vecteurs clés d’expansion des stéréotypes sexuels.
« Qui d’entre nous ne se souvient de ces chansons ou autres rôles assimilés à l’un ou l’autre sexe, selon qu’il s’agit de vanter des mérites ou de condamner un comportement jugé peu conforme aux us et coutumes de la société », questionne la directrice générale.
Toujours est-il que les images et illustrations discriminatoires, qui sont préjudiciables aux filles et femmes dans les manuels scolaires haïtiens, seront réévalués, tente de rassurer Pierre-Michel Laguerre, directeur général du Ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (Menfp).
« Je forme le vœu que nous puissions travailler ensemble pour une Haïti où la femme et l’homme jouissent d’une pleine égalité et qu’ainsi nous arrivions à un développement durable », souhaite Pierre-Michel Laguerre à l’ouverture de cet atelier de formation.
Reconnaissant que « l’éducation est un exercice fondamental à la liberté et à l’égalité de l’homme et de la femme », Laguerre suggère une concertation entre femmes et hommes du pays pour une société haïtienne égalitaire.
« Je sais que la tâche est ardue. Ce séminaire ne suffira pas pour changer les perceptions », admet, pour sa part, Ouafae Sananes, attachée de coopération et chargée du développement à l’ambassade de France en Haïti.
A son avis, il convient de considérer ce séminaire comme le début « d’un processus de prise de conscience sur la nécessité de lutter contre les clichés » discriminatoires à l’égard des petites filles et des femmes en général.
Sur toute l’étendue du territoire haïtien, les cheffes de ménages (de sexe féminin) sont de l’ordre de 38.5%. Cette proportion est de 45.7% en milieu urbain et de 33.8% en milieu rural, selon le dernier recensement général de la population et de l’habitat réalisé en janvier 2003.
« Pourtant, dans les manuels, le chef de ménage ne peut être qu’un homme », critique Ouafae Sananes qui signale que les femmes représentent le « poto-mitan, le pivot de la société haïtienne ».
« Elles jouent un rôle capital aussi bien au plan économique qu’au plan culturel ou politique », dit-elle.
La fonctionnaire de l’ambassade de France en Haïti rappelle que l’école ne peut échapper à ce mouvement d’égalité entre homme et femme. L’école, soutient-elle, devrait être le moteur de ce processus.
« Il n’y a pas de démocratie sans égalité devant l’école », souligne-t-elle.
« Ce séminaire comporte un volet très important qui porte sur les manuels scolaires en vue d’une société égalitaire, équitable, juste », précise Ouafae Sananes, attachée de coopération et chargée du développement à l’ambassade de France en Haïti.
La discrimination liée au sexe/vécu des participantes et participants, les impressions personnelles, les témoignages de femmes oeuvrant dans des métiers traditionnellement masculins, sont mis en évidence pendant tout le séminaire à côté des travaux en atelier sur les différents manuels scolaires.
Sananes exhorte les participantes et participants à ce séminaire à s’impliquer davantage dans ce mouvement long et ardu, en vue de divorcer d’avec ces pratiques discriminatoires à l’égard de la femme et de préparer une société haïtienne plus juste, plus équitable.
« Ce séminaire trouve aujourd’hui toute sa pertinence, espérons qu’il débouchera sur des actions concrètes et ne restera pas un séminaire de plus », soupire-t-elle.
Le séminaire du 5 au 7 juillet 2007, organisé par le ministère à la condition féminine, de concert avec ses partenaires, tels la Coopération française et le Fonds des Nations Unies pour la Population (Unfpa), se déroule justement autour du thème « Vers une éducation non sexiste ».
De nombreuses actrices et nombreux acteurs du système éducatif haïtien : enseignantes et enseignants, responsables pédagogiques, syndicalistes, entre autres, réfléchissent sur les moyens de réorienter l’éducation nationale aux fins d’éliminer les stéréotypes sexuels qui entravent le système éducatif national.
L’atelier de formation sur les stéréotypes sexuels en milieu scolaire se tient avec la participation de deux expertes : l’éducatrice haïtienne Jocelyne Trouillot, du Centre universitaire Caraïbes, et la spécialiste en genre dans le domaine de l’éducation à la Martinique, George Arnault.
Les résultats de ce séminaire seront présentés le lundi 9 juillet 2007 lors d’une cérémonie de clôture, à laquelle assisteront l’Ambassadeur de France en Haïti, Christian Connan, ainsi que la représentante de l’Unfpa en Haïti, Tania Patriota.
Un pacte pour une éducation non sexiste sera signé le même jour. Il sera également question de lancer le guide sur les droits des écolières et écoliers haïtiens.
« Les résultats de ce séminaire vont aboutir à de nouvelles pratiques, de nouvelles manières, de nouveaux règlements », prévoit Myriam Merlet, cheffe de cabinet de la Ministre à la condition féminine. [do rc apr 06/07/2007 13 :00]