P-au-P, 03 juil. 07 [AlterPresse] --- Des organisations sociales latino-américaines continuent de réclamer le départ immédiat des militaires étrangers déployés dans le cadre de la Mission de stabilisation des Nations Unies en Haïti (Minustah).
Au terme d’une visite d’une semaine en Haïti, les membres d’une forte délégation brésilienne, dénommée « Coordination Luttes au Brésil », ont exprimé leurs inquiétudes face à la présence des troupes onusiennes dans ce pays où les conditions de vie sont désastreuses.
« Plusieurs campagnes sont déjà entamées. Nous ne croyons pas que le peuple haïtien continuera à supporter la présence de la Minustah pendant 20 ans », martèle, dans un entretien-bilan à l’agence en ligne AlterPresse, Antonio Ferreira, coordonnateur de cette délégation qui a séjourné en Haïti du 26 juin au 3 juillet 2007.
Ferreira soutient que les troupes envoyées par le président brésilien, Luis Inacio Lula Da Silva, doivent coûte que coûte quitter Haïti.
« Il faut que Lula laisse Haïti », affirme-t-il au siège social de l’organisation syndicale haïtienne Batay Ouvriye à Port-au-Prince.
Le chef de la délégation brésilienne annonce, pour le 13 juillet 2007, d’autres activités de sensibilisation à l’occasion des jeux panaméricains, en vue du renforcement de la campagne contre l’occupation d’Haïti par les troupes onusiennes avec la complicité du Brésil.
Une rencontre de mouvements sociaux latino-américains est projetée pour 2008, selon les explications de Ferreira qui considère que « l’unité latino-américaine est nécessaire pour faire échec à cette occupation ».
Antonio Ferreira, de même que le syndicaliste haïtien Didier Dominique, rend les occupations étrangères responsables de la situation calamiteuse dans laquelle se trouve Haïti.
« L’occupation est porteuse de misère, de souffrances, de domination », dit-il.
A son avis, la velléité de prolonger le mandat de la Minustah vise la stabilité politique du pays pendant que les masses exploiteuses continuent de croupir dans la misère la plus abjecte.
« Ils ont besoin d’une stabilité politique pour continuer d’exploiter les ouvriers haïtiens, pour avoir une main-d’œuvre à bon marché », fait remarquer Antonio Ferreira.
Le dirigeant altermondialiste brésilien croit qu’il est nécessaire et même indispensable pour les puissances impériales ainsi que les multinationales de favoriser la production de l’éthanol en Haïti. Car, avance-t-il, la Minustah est là pour défendre les intérêts des multinationales.
D’autre part, le coordonnateur de la délégation brésilienne attire l’attention sur le processus de privatisation des services publics, entamé au Brésil et qui aurait de larges influences, selon lui, sur la gestion de l’actuelle équipe gouvernementale en Haïti.
« Au Brésil, ils sont en train de privatiser le téléphone, l’électricité, le transport public, comme c’est le même cas de figure en Haïti », souligne Antonio Ferreira.
Il informe que le président Lula poursuit son « Programme d’accélération de la croissance (Pac) ». Ce programme prévoirait de dépouiller les travailleurs de leurs droits : droit syndical, droit de grève, droit au logement, argumente-t-il.
« Les travailleurs haïtiens que nous avons rencontrés ont fini par comprendre que c’est le même problème qui existe en Haïti. C’est la même question de privatisation, le non-respect des droits des travailleurs dans les zones franches », indique le coordonnateur de la délégation brésilienne.
Les altermondialistes brésiliens ont rencontré, durant leur séjour en Haïti, le président René Préval, les Ambassadeurs de pays latino-américains, comme le Brésil et le Chili, ainsi que des représentants d’organisations paysannes et ouvrières d’Haïti.
Dans cet entretien-bilan à AlterPresse, les membres de la dite délégation dénoncent certaines menaces qui ont été proférées, dans le Nord du pays, à l’encontre des membres de Batay Ouvriye à la suite de ces rencontres avec le chef de l’Etat haïtien et les représentants diplomatiques. Ces pressions viendraient, pensent-ils, de bandes armées et de soldats de la Minustah en campement dans ce département géographique.
« Nous retournons au Brésil avec toutes nos inquiétudes, toutes nos préoccupations », révèlent-ils tout en estimant que « la lutte du peuple haïtien est la nôtre, nous devons faire en sorte que les troupes onusiennes quittent Haïti immédiatement ».
Une lettre adressée au peuple haïtien a été rédigée et signée par des professionnels et fonctionnaires brésiliens, parmi eux des parlementaires, des avocats, syndicalistes, étudiants et journalistes.
Les signataires de cette lettre entendent exiger le départ des troupes onusiennes, rapporte Nicia Bosco qui a fait partie de la délégation de « Coordination Luttes au Brésil » ayant visité Haïti du 26 juin au 3 juillet 2007. [do rc apr 03/07/2007 14:16]