Español English French Kwéyol

Nations Unies et Haïti : Plus de la moitié de la population mondiale vivra en milieu urbain en 2008

Il importe de travailler au changement des mentalités, de freiner la migration et d’adopter des politiques visant l’amélioration des conditions de vie des personnes vivant dans les villes aussi bien que dans les zones rurales.

Les conséquences de l’urbanisation pour la réduction de la pauvreté et la durabilité sont également soulevées dans le rapport sur l’ « État de la population mondiale 2007 ».

La notion d’urbanisation, qui se présente comme le phénomène par lequel l’habitat humain se développe autour de villes existantes, domine l’"État de la population mondiale 2007, publié, ce 27 juin par le Fonds des Nations Unies pour la population (Unfpa ou Fnuap).

Une présentation a été faite à l’est de Port-au-Prince par la branche nationale de l’Unfpa.

P-au-P, 27 juin 07 [AlterPresse] --- Plus de la moitié de la population du globe terrestre, soit 3.3 milliards d’habitants, vivra en milieu urbain en 2008, estiment les Nations Unies dans le rapport 2007 sur la population, baptisé « Libérer le potentiel de la croissance urbaine », dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse ce mercredi 27 juin 2007.

Le chiffre de 3.3 milliards d’habitants pourrait avoisiner les 5 milliards d’ici à 2030.

Présenté en six chapitres, le rapport sur l’ « État de la population mondiale 2007 » esquisse comment la population urbaine du monde en développement est appelée à doubler en l’espace d’une génération.

De nombreuses citadines et de nombreux citadins seront pauvres, et leur avenir, celui des villes des pays en développement, dont Haïti, et celui de l’humanité, dépendront dans une large mesure des décisions prises dès aujourd’hui.

Les problèmes de la croissance urbaine, « Populations urbaines : de la désolation à l’espoir », « Repenser la politique de lutte contre la pauvreté urbaine », « L’emploi social durable de l’espace », « Urbanisation et durabilité aux XXIe siècle », « Pour un avenir urbain durable : politique, information et gouvernance », sont les titres des 6 chapitres qui composent ce rapport.

Un supplément Jeunesse, de l’Etat de la population mondiale 2007, intitulé « Grandir en milieu urbain », contient le profil de jeunes femmes et de jeunes hommes de villes du monde en développement, où les moins de 25 ans représentent souvent plus de la moitié de la population totale.

C’est le cas de la population haïtienne qui est une population à structure jeune, selon le dernier recensement général de population et d’habitat de janvier 2003.

A Port-au-Prince, la présentation de ce rapport a été assurée par Tania Patriota, représentante du fonds des Nations Unies pour la population en Haïti, avec la participation du ministre de la planification, Jean-Max Bellerive, et d’autres fonctionnaires haïtiens, dont Movièle Mentor de l’Institut haïtien de statistiques et d’informatique (Ihsi).

Processus démographiques, planification urbaine et droit à la ville

Le rapport sur l’ « État de la population mondiale 2007 » étudie les processus démographiques, qui sous-tendent la croissance urbaine, et s’efforce d’en dégager les implications au niveau des politiques. Les conséquences de l’urbanisation pour la réduction de la pauvreté et la durabilité y sont également soulevées.

« La pauvreté [est] une source d’insécurité, de frustration (…) Les villes sont marquées par la marginalisation » et « les politiques pour freiner l’urbanisation ont échoué », estime la représentante de l’Unfpa en Haïti.

Tania Patriota croit qu’il faut concentrer les efforts sur la planification urbaine, sur le droit à la ville.

« Il faut donner le droit à la ville, en tenant compte de la réalité démographique », affirme la fonctionnaire des Nations Unies.

Tania Patriota passe à pieds joints sur les six chapitres du rapport qui porte des regards au-delà des problèmes actuels et appelle les gouvernements et la société à agir.

« Les villes font face à des problèmes immédiats pressants – pauvreté, logement, environnement, gouvernance et administration – mais qui sont minimes au regard de ceux que présentera la croissance à venir », souligne le rapport de l’Unfpa.

Patriota juge important de travailler au changement des mentalités, de freiner la migration et d’adopter des politiques visant l’amélioration des conditions de vie des personnes vivant dans les villes aussi bien que dans les zones rurales.

Haïti n’est pas exempte du phénomène d’exode rural qui frappe de nombreux pays du monde.

Or, l’exode rural et le développement d’une société tournée vers l’industrie et les services ont fait des centres urbains la source principale d’emplois salariés.

Aucun pays à l’ère industrielle n’a connu de croissance économique significative sans urbanisation, révèle le rapport de l’Unfpa.

Concentration urbaine et environnement

Foyers de concentration de la pauvreté, les villes offriraient aussi aux pauvres le meilleur espoir d’échapper à la pauvreté.

Eu égard à la concentration urbaine, le rapport précise que c’est le niveau de consommation, fait par les citadines et citadins plus aisés, qui est plus déterminant sur l’environnement.

« Ce qu’on découvre dans le rapport, c’est le niveau de consommation fait par les citadins plus aisés. C’est dans les villes plus aisées qu’il y a énormément d’énergie utilisée », fait remarquer la représentante de l’Unfpa.

Selon Tania Patriota, les problèmes de l’environnement sont des incidences mondiales qui affectent les changements climatiques. Pour cela, elle pense qu’il faut tenir compte des changements environnementaux mondiaux.

« Les migrants son livrés à eux-mêmes. Ce que le rapport nous invite à faire c’est de regarder les choses autrement. C’est [d’appliquer] des politiques réalistes, donner un minimum de service et une sécurité de droits fonciers pour les pauvres. Il faut repenser la politique de lutte contre la pauvreté urbaine », lance la représentante de l’Unfpa en Haïti.

Urbanisation et décentralisation

« On a relevé dans ce rapport qu’une urbanisation bien comprise peut être une bonne chose. C’est un champ de réflexion pour nous. Dans quelle mesure cela pourrait être utile dans nos réflexions, dans nos actions surtout en Haïti ? », s’interroge, pour sa part, Jean-Max Bellerive, ministre haïtien de la planification et de la coopération externe.

Selon Bellerive, le problème de l’urbanisation en Haïti a un double aspect.

« Tout le pays vit à Port-au-Prince, on a un double problème ; comme si la seule ville c’était Port-au-Prince », dit-il.

Le ministre évoque également le problème de la décentralisation qui, selon lui, constitue une voie de sortie, une solution au problème de l’urbanisation.

« Renforcer les villes à travers les départements peut offrir des pistes de solution raisonnables », indique Jean-Max Bellerive, interrogé par des journalistes en marge de la présentation du rapport.

Urbanisation et désastres naturels

Les désastres naturels sont également pris en compte dans ce rapport 2007.

« Les catastrophes naturelles sont plus fréquentes durant ces 20 dernières années dans plusieurs centres urbains. Une proportion considérable de la population urbaine se trouve sur les zones côtières », explique Tania Patriota.

Le rapport détaille également un certain nombre d’opportunités offertes par les villes en général aux femmes, dans le sens de « meilleures options d’éducation et des emplois plus divers que les campagnes. Elles leur donnent davantage de possibilités de participation à la vie sociale et politique, ainsi qu’un accès aux médias, à l’information et à la technologie ».

« Malheureusement, les zones périurbaines ne permettent pas aux femmes d’accéder à ces possibilités (…) Elles sont exposées aux grossesses non désirées, à la violence, au VIH/SIDA », déplore la représentante de l’Unfpa.

Selon des spécialistes de l’environnement, l’écologie urbaine, née à la fin du XXe siècle, tente d’atténuer les impacts socio-environnementaux négatifs de la ville.

Des statistiques officielles montrent qu’en 1800, à peine 3 % de la population mondiale vivait en ville, contre 15 % en 1900, 50% vers l’an 2000.

Le rapport 2007 des Nations Unies projette que cette population mondiale en milieu urbain pourrait attendre les 5 milliards en 2030. [do rc apr 27/06/2007 14 :20]