P-au-P, 24 juil. 03 [AlterPresse] --- Deux a trois mille enfants haïtiens de 5 à 18 ans traversent chaque année la frontière vers la République Dominicaine avec la complicité de leurs parents et des réseaux de passeurs évoluant sous la couverture de militaires et policiers dominicains et haïtiens, a affirmé à Port-au-Prince le 10 juillet dernier la Représentante du Fonds des Nations-Unies pour l’Enfance (UNICEF), Françoise Gruloos.
La responsable de l’UNICEF a dénoncé ce trafic d’enfants à l’ouverture d’un séminaire, en présence de plusieurs personnalités haïtiennes et dominicaines, notamment la Première dame Mildred Trouillot Aristide et l’ambassadeur dominicain en Haïti, Alberto
Despradel Cabral.
Selon Francoise Gruloos, le trafic d’enfants haïtiens vers la République Dominicaine est lié à la pauvreté qui sévit en Haïti et à un processus de désarticulation des liens
traditionnels. "Une société qui perd ses valeurs communautaires risque de perdre ce qu’elle possède de plus précieux : son capital humain", a-t-elle ajoute.
Françoise Gruloos a plaidé en faveur des interventions préventives visant les familles et les enfants des zones d’origines (Plaisance et Pilate, au nord d’Haïti). La représentante a suggéré que des mesures soient prises pour poursuivre et pénaliser les responsables du trafic d’enfants haïtiens vers la république dominicaine.
Le trafic d’enfants haïtiens est l’une des conséquences de « l’embargo injuste impose à Haïti depuis trois ans », a réplique Mildred Aristide. Selon la première dame, les sanctions économiques seraient responsables du blocage des projets sociaux. Malgré les
difficultés, a-t-elle affirmé, le gouvernement lavalas s’engage vis-à -vis du respect des droits des enfants.
Mildred Aristide a annoncé que des instructions ont été passées aux Brigades
de protection et de défense des mineurs afin d’enquêter dans les zones frontalières réputées pour le trafic d’enfants.
Faisant référence au rapport du département d’état américain sur le trafic d’êtres humains, Mildred Aristide a fait remarquer qu’Haïti occupe la dernière place dans la liste des pays pratiquant ce genre de trafic. La Prière dame en a profité pour critiquer l’utilisation « discriminatoire » des mots « trafic » et « esclave » qui occultent, selon elle, « les vraies solutions ».
Selon un rapport de l’UNICEF, les enfants une fois arrivés en République Dominicaine (Santiago, Cibao, Montechristi) seraient affectés à des activités dégradantes, telles le cirage de chaussures, la prostitution, la mendicité. L’argent reçu par les enfants dans le cadre de leur travail est gère par une personne tutrice. [rv gp apr 24/07/2003 11:00]