P-au-P, 26 juin 07 [AlterPresse] --- Le trafic de drogues, orchestré par les jeunes dans les Caraïbes et en Amérique centrale, expliquerait les taux d’homicide et d’agression, supérieurs à la moyenne mondiale, enregistrés dans ces régions, constate la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (Cepalc) des Nations Unies à l’occasion de la journée internationale contre l’abus et le trafic illicite de drogue ce mardi 26 juin 2007.
Dans une note transmise à l’agence en ligne AlterPresse, la Cepalc cite deux études récentes de l’organisation des Nations Unies (Onu), selon lesquelles le trafic de drogue et les crimes violents représentent un sérieux obstacle à la croissance économique des pays d’Amérique centrale et des Caraïbes.
« La culture des bandes juvéniles est symptôme de mal être social plus profond qui ne peut se résoudre en plaçant les enfants derrière les barreaux », selon un avertissement tiré de l’une des études signalées.
Dans les Caraïbes, la jeunesse est surreprésentée parmi les victimes et les responsables des délits. La violence des bandes juvéniles est un problème d’importance majeur au Salvador, Guatemala et Honduras. En Amérique Centrale et au Panama, 80% des victimes et des responsables des actes criminels sont âgés entre 12 et 25 ans, précise la note de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes.
En ce 26 juin, journée internationale contre l’abus et le trafic illicite de drogues, les Nations Unies, qui attirent l’attention de la société sur la question « La drogue contrôle-t-elle ta vie ? », veulent rappeler à chacune et chacun que nul n’est à l’abri des conséquences des drogues illicites.
Quoi qu’il en soit, tous les pays de la région semblent être déterminés à prendre des mesures pour faire face à la menace des drogues illicites et à la violence qui en découle.
Quelques initiatives dans les Caraïbes et en Amérique latine
Au terme d’un sommet de 3 jours, du 19 au 21 juin 2007 à Washington, les pays de la communauté des Caraïbes (Caricom) et les Etats-Unis d’Amérique se sont engagés à lutter contre le terrorisme, les trafiquants de drogue et d’armes.
Le président haïtien, René Garcia Préval, qui a participé au sommet, admet que le trafic d’armes, de drogue et le terrorisme sont une menace qui pèse sur l’environnement de la région.
En Haïti, dans le cadre du 26 juin, consacré autour du thème « La drogue contrôle-t-elle ta vie ? Ta vie, Ta communauté. Pas de place pour la drogue », différentes activités de sensibilisation, y compris des conférences-débats, sont organisées, particulièrement dans diverses facultés publiques et privées.
En partenariat avec plusieurs associations oeuvrant contre l’utilisation des drogues illicites, la Commission nationale de lutte contre la drogue (Conald) tient, les 25 et 26 juin 2007 au ministère de la justice et de la sécurité publique, deux journées portes ouvertes pour renseigner sur l’offre et la demande des drogues et répondre aux interrogations du public, des jeunes spécialement.
Au Guatémala, en Colombie et en Argentine, des communautés se défendent et réussissent à réintégrer, sans répression, les jeunes délinquants et ceux appartenant aux bandes juvéniles, rapporte la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes dans la note acheminée à AlterPresse.
Au Guatemala, les programmes proposés par l’association dénommée Grupo Ceiba ont permis de diminuer les dommages causés par l’exclusion socioéconomique de plus de 50,000 jeunes guatémaltèques, que l’association a réussi à sortir du monde des bandes et de l’addiction aux drogues. Désormais, le travail se concentre sur la non rechute des jeunes quant à un éventuel retour dans ces bandes appelées « maras ».
Dans les trois quartiers défavorisés où elle œuvre, l’association Grupo Ceiba de Guatemala offre aux enfants et jeunes les programmes suivants : université de la rue, éducation alternative, entreprise éducative, accompagnement dans la rue et parlement d’Amérique Centrale et du Mexique.
A Medellin (Colombie, un pays réputé dans le trafic de drogues avec ses fameux cartels), les responsables d’un programme de responsabilité sociale ont décidé d’établir des conditions minimales de confiance dans des espaces de loisirs, n nombre de 2000 contactés. Des foires de services sont organisées pour montrer aux jeunes les cours auquels ils pourraient accéder s’ils terminaient leur scolarité.
D’autres thèmes sont abordés, comme la santé à travers des discussions éducatives, des évaluations médicales et un processus d’accompagnement avec des réunions dans les espaces communautaires du quartier. Les responsables du programme de Medellin se chargent également de renforcer les liens entre les membres de la famille et forment les jeunes leaders pour les services communautaires et les initiatives productives.
A rappeler que dans les années 1990, les jeunes des quartiers défavorisés de Medellin ont été utilisés comme appât par les cartels de drogues, la guérilla, et les groupes de paramilitaires. Recrutés par les groupes en conflits, les bandes de jeunes dénommées « los combos » ont été entraînés dans une lutte violente qui a fait beaucoup de jeunes victimes.
En Argentine, fait remarquer la Cepalc, le système juridique de la Province de Buenos Aires (la capitale) s’occupe de jeunes délinquants sans les interner. Sur 982 cas, dont 70% de femmes et 30% d’hommes, seulement 4 cas de rechute ont été enregistrés. Malgré le fait de reconnaître la responsabilité que doivent assumer les jeunes délinquants suites à leurs actes, les responsables du système juridique de Buenos Aires rejettent l’idée de réclusion et considèrent les maisons de redressement comme des écoles de délinquance.
A travers l’autorisation du juge en charge du cas, la défense présente la demande d’accéder au système de soutien sous tutelle.
Le jeune sélectionné reçoit une bourse en effectif, se voit désigner un accompagnateur et doit signer un « Accord de Responsabilité ». Pendant les 3 ans durant lesquels il sera accompagné, il suivra une formation qui le prépare au monde du travail et à sa vie indépendante.
L’accompagnateur, un professionnel, le soutiendra émotionnellement et l’aidera à concrétiser ses projets dans le cadre de la loi.
Ce modèle d’attention, mis en place en Argentine et dont le coût est considérablement inférieur à celui d’un jeune interné, est financé avec les ressources publiques destinées à la justice, à la santé et à la formation professionnelle, fait ressortir la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes dans la note transmise à AlterPresse et relative à la journée internationale contre l’abus et le trafic illicite de drogue ce 26 juin 2007. [rc apr 26/06/2007 0 :00]