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21 Février 2003 - 21 juillet 2003 : Radio Haïti Inter, cinq mois après : un étrange symbole de la démocratie du silence

Declaration du GRALIP

Port-au-Prince, le 21 juillet 2003

Le Groupe de Réflexion et d’Action pour la Liberté de la Presse (GRALIP) se
fait le devoir de rappeler en général aux haïtiens et haïtiennes attachés
aux valeurs démocratiques et en particulier aux membres de la Presse, que ce
lundi 21 juillet 2003, marque le cinquième mois de la disparition des ondes
de Radio Haïti Inter.

Face aux menaces de plus en plus précises qui la visaient personnellement à 
cause de sa détermination à faire le jour sur le double assassinat, le 3
avril 2000, de Jean Dominique et Jean-Claude Louissaint, la Directrice de
Radio Haïti, Michèle Montas, avait dû décider d’éteindre les émetteurs de la
station le 21 février dernier. Madame Montas vit, depuis, en exil aux
Etats-Unis, de même que d’autres responsables du média.

Selon des informations dont dispose le GRALIP, la salle des nouvelles de
Radio Haïti est aujourd’hui totalement décimée. Et pour cause, certains
journalistes, détenteurs d’un visa se sont réfugiés à l’étranger ; tandis
que d’autres ont intégré la Rédaction de différents médias de la capitale ;
contraints qu’ils sont à gagner leur vie et à rester en activité pour
exister professionnellement.

Le GRALIP éprouve des sentiments d’amertume et de frustrations profondes, en
constatant l’amnésie et l’impuissance collectives, vis-à -vis du sort injuste
réservé à Radio Haïti, média d’avant garde des décennies 70 et 80, dans la
lutte pour la liberté de la presse et l’instauration de la Démocratie en
Haïti.

Les rescapés de la presse indépendante de ce pays, maintes fois naufragé,
sont-ils à l’abri d’une disparition à brève échéance, semblable à celle de
Radio Haïti Inter ?, s’interroge le GRALIP qui en appelle au sens de la
solidarité.

Avant l’avènement de cette démocratie atypique, aux ressources inépuisables
en matière de délire de persécution, de perversion et d’asphyxie des organes
de la libre expression, la station de Delmas 66 n’avait connu pareille
mésaventure que sous la dictature des Duvalier (de 1980 à 1986) et le règne
des militaires putschistes (de 1991 à 1994).

Le Groupe de Réflexion et d’Action pour la Liberté de la Presse souligne
enfin à l’attention de tous, qu’historiquement, la ligne d’horizon des
sociétés démocratiques a toujours été la liberté de la Presse ; l’aune avec
laquelle on fixe les vraies mensurations des gouvernants.

Vario Sérant, Coordonnateur Principal

Stéphane Pierre Paul, Assistant Coordonnateur

Ronald Colbert, Administrateur