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Santé / don du sang : Haïti parmi les plus faibles donateurs dans le monde

P-au-P, 14 juin 07 [AlterPresse] --- La république d’Haïti figure parmi les pays où les donateurs volontaires de sang sont les plus faibles du monde, révèlent les statistiques de l’organisation mondiale de la santé (Oms), consultées par l’agence en ligne AlterPresse à l’occasion de la journée mondiale du don de sang ce 14 juin 2007.

Seulement une personne contribue sur 1,000 habitants en Haïti (pourcentage 1.13), en ce qui concerne le sang destiné à sauver les vies humaines, contrairement à la République dominicaine créditée d’un taux de 8.11.

Parmi les pays les plus faibles contributeurs de sang volontaire, on retrouve beaucoup de pays d’Afrique, dont la Sierra Leone qui a un taux de 1.94 sur 1000 habitants, la République centrafricaine 1.75, le Togo 1.71, le Sénégal 1.70, le Lesotho 1.67, la Mauritanie 1.34, la Guinée 1.24, l’Érythrée 1.19, le Timor-Leste (Asie) 1.18, la Guinée-Bissau 1.16, le Bangladesh 1.08, le Madagascar 1.05, le Tchad 0.53, la République démocratique du Congo 0.77.

Les pays classés comme plus grands contributeurs de sang volontaire, sur 1000 habitants, pour sauver les vies humaines, sont le Danemark (69.54), la principauté de Monaco (62.66), l’Allemagne (56.08), la Grèce (55.63), la Finlande (54.96), la Suède (52.41), la Suisse (52.4), Chypre (53.42), précise l’Oms.

L’accès insuffisant des femmes aux transfusions sécurisées reflète la situation générale dans les pays en développement où 80 % de la population mondiale doit se contenter de 45 % des stocks mondiaux de sang.

Sur les 80 pays où les taux de dons sont inférieurs à 1 % de la population (moins de 10 dons de sang pour 1000 personnes), 79 sont des pays en développement.

« Il est généralement recommandé que la proportion des donneurs de sang se situe entre 1 et 3 % de la population pour couvrir les besoins d’un pays », rappelle l’organisation mondiale de la santé.

Ce 14 juin 2007, journée mondiale du don de sang, consacrée autour du thème « un sang sécurisé pour une maternité sans risque », l’OMS vient de « rendre publiques les données provenant de 172 pays sur les tendances concernant le don de sang, l’accès au sang et les tests de dépistage pour sécuriser le sang ».

Depuis le début du millénaire, des progrès ont été accomplis en vue d’un approvisionnement en sang qui soit à la fois meilleur et mieux sécurisé, indique la dernière enquête de l’OMS effectuée dans 172 pays, couvrant 95 % de la population mondiale et fondée sur les données de 2004.

A l’occasion de cette journée mondiale, l’agence onusienne décide de lancer une initiative encourageant la « transfusion de sang sécurisé, en quantité appropriée, au moment voulu, lors du travail et de l’accouchement » des femmes, « ou après », vu que la disponibilité de sang « est souvent une question de vie ou de mort pour beaucoup de femmes et de nouveaux-nés ».

L’initiative mise en œuvre cherche à intensifier des actions en faveur du sang sécurisé pour une maternité sans risque.

Les femmes enceintes et les enfants, très exposés à la pénurie de sang

Selon l’Oms, les femmes enceintes représentent l’un des principaux groupes de transfusés dans les pays en développement.

Et ce sont elles, en compagnie des enfants, qui sont particulièrement exposées à la pénurie de sang et à la contamination par le VIH, l’hépatite B et l’hépatite C présents dans le sang non sécurisé.

L’hémorragie sévère, pendant ou après l’accouchement, est à l’origine de 34 % des décès maternels en Afrique, de 31 % en Asie et de 21 % en Amérique latine et dans les Caraïbes.

Plus de 500 000 femmes meurent chaque année dans le monde au cours de la grossesse, lors de l’accouchement ou au cours de la période post-partum – dont 99 % dans les pays en développement.
On estime à 25 % la proportion de ces décès dus à une hémorragie sévère au cours de l’accouchement, la cause la plus fréquente de la mortalité maternelle.

« Si la tendance n’est pas infléchie, il ne sera pas possible d’atteindre la cinquième cible des objectifs du Millénaire pour le développement en ce qui concerne la réduction de la mortalité maternelle. Nous devons donc tout faire pour améliorer les chances de survie de la femme pendant et après l’accouchement », avertit Dre Margaret Chan, directrice générale de l’OMS.

La nouvelle approche de l’Oms en matière du don de sang

Pour faire face à la situation, l’agence onusienne a planifié de renforcer la capacité des banques de sang et des hôpitaux de district afin d’améliorer la santé maternelle en apportant un appui technique dans les domaines du don de sang volontaire, de la collecte de sang sécurisé, des tests de qualité et des meilleures pratiques cliniques.

Par l’intermédiaire de ses réseaux régionaux dans le monde, l’Oms prévoit de former des cliniciens, des infirmières, des techniciens et d’autres personnels de santé essentiels au niveau des établissements de soins dans les districts.

L’agence onusienne fonde son approche sur les conclusions de l’enquête conduite, don un des indicateurs était l’application du don de sang volontaire non rémunéré qui reste le fondement de ses recommandations pour un approvisionnement sûr et suffisant.

En 2004, dit l’Oms, 50 pays ont atteint un niveau de 100 % de dons de sang volontaires non rémunérés contre 39 en 2002. Trois des 11 nouveaux pays qui ont rejoint ce groupe font partie des pays les moins avancés. De plus en plus de pays adoptent le don de sang volontaire.

En 2002, 63 pays couvraient moins de 25 % de leurs besoins grâce à des dons volontaires non rémunérés. Leur nombre a été ramené à 46 en 2004.

Les tests de dépistage d’infections majeures, telles que le VIH/sida, l’hépatite B et l’hépatite C, deviennent plus courants. Mais, dans de nombreux pays, les indicateurs montrant qu’ils sont effectués en respectant les procédures de qualité restent peu nombreux. Sur 40 pays d’Afrique subsaharienne, 28 n’ont pas encore mis en place des systèmes nationaux de qualité.

Parmi les pays fournissant des données sur le dépistage des infections transmissibles par transfusion, 41 sur 148 (28 %) n’étaient pas en mesure de soumettre à un test de dépistage les dons de sang concernant un ou plusieurs marqueurs.

« L’initiative mondiale sur le sang sécurisé pour la maternité sans risque vise à améliorer l’accès au sang sécurisé pour traiter les complications de la grossesse dans le cadre d’une approche globale des soins maternels ».

Cette approche, souligne l’Oms, regroupe les soins prénatals, la prévention et le traitement rapide de l’anémie, l’évaluation des besoins transfusionnels et une transfusion de sang sécurisé, uniquement lorsqu’elle s’impose vraiment.

La transfusion sanguine est considérée par l’Oms comme l’une des huit interventions essentielles permettant de sauver les vies dans les établissements offrant des soins obstétricaux d’urgence.

La nouvelle initiative, visant à améliorer la disponibilité et l’utilisation de sang sécurisé pour sauver la vie de la mère lors de l’accouchement et après, s’inscrit au début d’un programme plus large sur le sang sécurisé, redéfini à Ottawa, cette semaine, et ambitionnant d’assurer l’accès universel à la sécurité transfusionnelle à l’appui des objectifs du Millénaire pour le développement.

Du 9 au 11 juin 2007, dans le cadre d’une consultation mondiale organisée à Ottawa par l’OMS, avec la collaboration et l’appui du Gouvernement canadien et les services de transfusion canadiens et français, « une centaine d’experts de la transfusion ont lancé un appel aux gouvernements, aux organisations internationales et aux organisations non gouvernementales pour qu’ils conjuguent leurs efforts en vue d’assurer l’accès universel à la sécurité transfusionnelle d’ici 2015 à l’appui des objectifs du Millénaire pour le développement ».

Les participantes et participants à la rencontre d’Ottawa de juin 2007 exhortent toutes les actrices et tous les acteurs de santé publique à œuvrer conjointement, « afin de réduire la mortalité de la mère et de l’enfant et d’éviter la transmission du VIH, de l’hépatite et d’autres infections potentiellement mortelles par le sang et les produits sanguins non sécurisés ». [rc apr 14/06/2007 15 :00]

Notes

L’Oms collabore avec des partenaires sur le plan international et dans les pays afin de promouvoir de meilleures pratiques de collecte de sang, le don de sang non rémunéré et 100% volontaire, les tests de qualité assurée et l’usage rationnel du sang.

L’Oms, la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, la Société internationale de Transfusion sanguine et la Fédération internationale des Organisations de Donneurs de Sang ont uni leurs efforts en 2004 pour célébrer pour la première fois la Journée mondiale du don du sang qui rend hommage aux donneurs volontaires non rémunérés qui donnent une partie d’euxmêmes afin d’améliorer et sauver des vies.

En 2005, l’Assemblée mondiale de la Santé a adopté une résolution pour faire de la Journée mondiale du don du sang une manifestation annuelle.

Depuis, la Journée est devenue un moyen de lancer des campagnes de sensibilisation nationales et régionales visant à encourager le don du sang et les pratiques plus sûres en matière de transfusion.