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Haïti : Flambée inquiétante des prix du pétrole sur le marché national

P-au-P, 4 juin 07 [AlterPresse] --- Les produits pétroliers (gazoline 91 et 95 octane) ont subi, depuis le premier week-end de juin 2007, une nouvelle hausse considérable sur le marché national d’Haïti, inquiétant ainsi la population haïtienne qui, déjà, fait face à des problèmes socio-économiques de tous ordres, constate l’agence en ligne AlterPresse.

La gazoline 95, qui se vendait dans les pompes à essence à 173 gourdes (36,7553 gourdes=1 dollar américain), est passée à 209 gourdes. La gazoline 91 connaît une nouvelle augmentation à la pompe, où elle est débitée à 205 gourdes contre 171 gourdes auparavant. Au lieu de 103 gourdes, le gasoil est désormais vendu à 109 gourdes, tandis que le prix du kérosène (ou encore gaz blanc très utilisé chez la plupart des ménages) reste stable.

Ces nouveaux prix, affichés dans les pompes à essence depuis la matinée du samedi 2 juin 2007, commencent par créer des malentendus entre chauffeurs et passagers qui n’arrivent pas à s’entendre sur le prix exact de la course, en attendant une décision des autorités gouvernementales sur le tarif des différents circuits.

Cela affecte, d’ores et déjà, les différents agents économiques qui s’attendent à des effets multiplicateurs sur les prix des biens essentiels.

Ce lundi 4 juin 2007, les véhicules de transport en commun ont revu à la hausse leurs tarifs.

Certains usagers, ne voulant pas payer le montant exigé, ont dû prendre la route à pieds pour se rendre à leurs lieux de travail respectifs. Des propriétaires d’automobiles privées ont eux aussi emprunté d’autres voies pour aller à leurs bureaux.

« Je préfère prendre un tap-tap au lieu de débourser plus de 200 gourdes pour acheter un gallon de gazoline », déclare à AlterPresse un Journaliste de radio qui s’apprêtait à regagner son bureau.

Ce confrère, qui a requis l’anonymat, estime nécessaire de poser le problème salarial.

« Je pense que cela relève de l’irresponsabilité de nos dirigeants. Nous de la presse, nous devrions profiter de cette nouvelle hausse pour réveiller l’opinion nationale sur les problèmes liés au salaire minimum », soutient-il.

En Haïti, un Journaliste gagne en moyenne 5000 gourdes par mois, soit environ 143 dollars américains. Ce salaire de misère, que perçoit un travailleur de la presse, n’est pas supérieur à celui d’autres employés haïtiens.

« Je travaille dans une entreprise privée depuis cinq ans et je gagne depuis 4000 gourdes par mois », explique une secrétaire interrogée par AlterPresse.

« Avec cette nouvelle augmentation des produits pétroliers, je ne sais pas encore quoi faire pour vivre convenablement avec mes deux enfants », poursuit-elle.

C’est la même situation qui se présente pour des centaines de milliers d’élèves qui vont à l’école. Ces écolières et écoliers, pour la plupart de conditions économiques modestes, n’ont même pas la totalité du tarif réclamé par les camionneurs.

« Je vais à l’école six jours sur sept, parfois je ne suis même pas en mesure de m’acheter un sachet d’eau », indique une jeune bachelière.

Cette demoiselle dans la vingtaine n’avait dans sa poche, ce 4 juin 2007, que 50 gourdes pour payer deux courses de camionnettes et pour consommer durant toute la journée.

« Comme vous, je comprends les choses. L’Etat est le principal responsable de cette situation. Je suis prêt à accepter entre vos mains 12 et 13 gourdes, jamais je ne prendrai 10 gourdes pour la course », avertit un chauffeur de mini-bus assurant le trajet Portail Léogâne (banlieue sud de la capitale) / Delmas 33 (banlieue nord-est).

Déjà, la population s’attend à la grogne des chauffeurs qui annoncent, pour les jours à venir, des mouvements de protestation pour exiger de l’Etat des dispositions à la baisse des prix des produits pétroliers sur le marché national, dont le cours actuel ne satisfait ni leurs rentrées journalières, ni le souhait des passagères et passagers confrontés à une réalité économique difficile.

En plus des incidences sur les prix des biens essentiels, l’augmentation à la pompe des prix des produits pétroliers pourrait également avoir des conséquences néfastes sur la situation écologique du pays. A Port-au-Prince et dans le reste du pays, la plupart des ménages continuent d’utiliser le charbon de bois. [do rc apr 04/06/2007 11 :30]