P-au-P, 29 mai 07 [AlterPresse] --- Au moment où les conditions météorologiques ne sont pas rassurantes, avec de fortes précipitations enregistrées et annoncées sur tout le territoire national, le ministère haïtien de l’Environnement s’apprête à lancer un mois d’activités de mobilisation sur les « dangers, menaces et opportunités » pour la réhabilitation du milieu ambiant, suivant les informations parvenues à l’agence en ligne AlterPresse.
Ces activités, qui tournent autour des changements climatiques dans la république caribéenne, devraient s’étaler à partir de la journée mondiale de l’environnement le 5 juin 2007 jusqu’au 5 juillet 2007. Elles coïncideront avec le début de la période cyclonique dans la région des Caraïbes, laquelle s’étend du 1er juin au 30 novembre de chaque année.
Colloque sur les changements climatiques, activité phare de promotion et de réhabilitation de l’environnement haїtien avec la Diaspora, campagne de sensibilisation et couverture dans les médias, marathon Jeunesse et Environnement, rallye Jeunesse de la Montagne, exposition et festival pour des actions face aux changements climatiques, alerte sur les écosystèmes côtiers, actions citoyennes au niveau des départements géographiques, appui aux initiatives locales, journée de lutte contre la désertification, sont les principales activités envisagées à l’occasion, apprend AlterPresse.
A la fin de ce mois de mai 2007, des échanges doivent avoir lieu avec différents secteurs afin de recueillir des propositions d’intervention sur les changements climatiques.
Les précipitations de fin mai 2007 ont même occasionné, la semaine dernière, au moins 3 morts dans la capitale, Port-au-Prince, à cause des conditions déplorables de l’habitat, de nombreux citoyennes et citoyens vivant dans des maisons construites aux abords des ravins.
A chaque averse, des dégâts considérables frappent la population, en plus d’éboulements, de crues des rivières et d’inondations diverses.
A date, malgré le caractère prioritaire de la sécurité environnementale, aux yeux de simples citoyens et de spécialistes, l’état d’urgence n’est pas décrété sur plusieurs portions du territoire présentant des risques énormes et susceptibles d’être affectées par des désastres naturels, à l’instar de Fonds Verrettes et Mapou (Ouest et Sud-Est, mai 2004) ou de Gonaïves (Artibonite, Nord, septembre 2004)
Des réalités préoccupantes
La manière, selon laquelle la république caribéenne prendra en compte la question des changements climatiques, aura ou non des implications sur le développement humain de sa population, signalent les spécialistes.
La république d’Haïti étant considérée comme un « petit Etat insulaire en Développement », les changements climatiques pourraient « bouleverser sérieusement [sa] situation économique, sociale et écologique et, par conséquent, de limiter ses capacités à réduire la pauvreté et à réaliser ses objectifs en matière de développement », selon des données obtenues par AlterPresse.
« Certaines parties terrestres et côtières, comme les Gonaïves et St Marc (Artibonite, Nord), Les Cayes (Sud), Miragoâne et Jérémie (Sud-Ouest), [Ndlr : toutes des villes côtières] pourraient se trouver à moins de 1.50 mètres au dessous du niveau de la mer avec toutes les conséquences possibles et imaginables pour les secteurs économiques en particulier l’agriculture. Et, certaines installations portuaires pourraient être submergées si l’élévation du niveau de la mer atteint jusqu’à 1.50 mètres », craignent les analystes environnementaux.
Ces prévisions évoquent une élévation des plans d’eau, associée à de fréquentes inondations, susceptible d’avoir des impacts négatifs sur les systèmes de production, en particulier les infrastructures routières et la valeur de l’immobilier.
« Bien qu’aucun accent n’ait été mis sur les implications de ces variations climatiques sur la diversité biologique d’Haïti, il va sans dire que les organismes vivants de toutes les origines, y compris ceux vivant dans les écosystèmes terrestres, marins et aquatiques de même que les complexes écologiques seront menacés. Suite à ces changements atmosphériques, le patrimoine physique et biologique d’Haïti sera en danger ; son patrimoine culturel aussi », avertissent les spécialistes.
Reposant sur des études conduites par différents organismes, le document transmis à AlterPresse fait état de la « perceptibilité » de ces changements, pour Haïti, en ce qui concerne les ressources en eau, les zones côtières, la désertification, l’agriculture, les risques et désastres naturels.
« Ces études ont également conclu à un accroissement notable, pour l’instant (2000), de l’aridité des terres à travers tout le pays et qu’au début de la seconde moitié du 21e siècle, plus de la moitié de la superficie d’Haïti seront en grand danger de désertification à cause des conditions climatiques adverses ».
Compte tenu de la dégradation environnementale dans le pays, Haїti pourrait connaître, au cours du 21 e siècle, « une augmentation des eaux de ruissellement et d’évaporation. Par contre, les eaux d’infiltration devraient diminuer ostensiblement et la crise de l’eau devrait s’amplifier si des mesures d’atténuation et de réhabilitation environnementale ne sont pas envisagées ».
Selon les Nations Unies, Haïti fait partie d’un groupe de neuf (9) pays dont la population manquerait d’eau en 2025, soit une prévision de 1000 m3/habitant/an, alors que normalement les besoins en eau potable ont été estimés à 2150 m3/habitant/an.
La fonte des Glaces : une question brûlante, thème de la célébration du 5 juin 2007
“La fonte des Glaces : une question brûlante” est le thème retenu par les Nations unies pour la Journée mondiale de l’environnement le 5 juin 2007.
« Vu d’Haїti, petit Etat insulaire en développement, le thème “La fonte des Glaces : une question brûlante” semble très loin des préoccupations quotidiennes du peuple haїtien, du Gouvernement, bref de toute la société. Mais, pourtant, nous ne devons pas nous méprendre, la question des changements climatiques est déjà une dure réalité pour tous les petits Etats insulaires en développement, y compris notre pays », pensent des spécialistes haïtiens.
Il se trouve que 11 des années les plus chaudes des 125 dernières années ont été enregistrées depuis 1990 ; 2005 ayant battu le record.
La Terre s’étant réchauffée d’environ 0.750 C depuis l’époque préindustrielle, le réchauffement au cours du 21e siècle devrait, selon les prévisions, être compris entre 1.4 et 5.80C, fait savoir le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (Pnue).
« Ce réchauffement est surtout dû aux émissions de gaz à effet de serre, notamment au dioxyde de carbone (CO2). Les populations, à travers le monde, ressentent déjà les impacts du changement climatique : intensité et durée croissante des tempêtes et cyclones, modifications des aires de répartition et du comportement des plantes et des animaux, accélération du niveau de la mer, allongement des saisons de végétation dans les régions de moyenne et haute altitudes, recul des glaciers partout dans le monde, etc. », relève le document dont a pris connaissance AlterPresse.
La possibilité d’un changement brutal du climat est observée par les scientifiques, qui voient « notamment une diminution des courants océaniques, comme le Gulf Stream qui réchauffe l’Europe, et la modification du régime des pluies qui auront des répercussions sur la sécurité alimentaire de milliards de personnes ».
Depuis 1980, la partie européenne de l’Arctique a perdu entre 20 et 30% de sa glace de mer, rapporte le Pnue.
Les Glaces, qui se fondent et augmentent le niveau des océans, se retrouvent dans l’Arctique et l’Antarctique, les régions polaires de la planète caractérisées par un ensoleillement très limité, des températures extrêmes, couverture de neige, glace de mer, etc.
Or, les régions polaires constituent d’importants indicateurs de l’état de bien-être de l’humanité et sont vitales pour les processus planétaires liés à l’atmosphère, à la circulation et aux courants marins, à la biodiversité et au climat mondial.
« On a constaté que certaines parties des régions polaires se réchauffent déjà deux ou trois fois de plus que la moyenne mondiale ».
« Stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique » reste l’objectif de la Convention cadre des Nations-Unies sur les Changements Climatiques, dont la république d’Haïti est partie. [rc apr 29/05/2007 15 :00]