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Trois ans après les inondations du 23 mai 2004

Haïti-Décentralisation : Des signes tangibles encore attendus de la présence de l’Etat à Fonds Verrettes

Fonds Verrettes (Haïti), 24 Mai 07 [AlterPresse] --- Trois années après les inondations dévastatrices du 23 mai 2004, l’absence de l’Etat dans la commune de Fonds Verrettes, à 54 kilomètres à l’est de Port-au-Prince, préoccupe une vingtaine d’organisations paysannes de la zone, selon les informations recueillies sur place par l’agence en ligne AlterPresse.

Présentant, ce 23 mai 2007, leurs cahiers de doléances aux autorités haïtiennes, ces 23 organisations exigent la reconstruction de cette ville.

« Trois années après, l’Etat haïtien n’a rien fait pour redonner vie à la population locale dont les revendications sont restées insatisfaites », constatent, avec désolation, les membres de ces organisations.

Les problèmes soulevés dans ces cahiers de doléances sont d’ordre socio-économique, éducatif, sanitaire, écologique et politique.

Sur le plan politico-administratif, les organisations de la commune de Fonds-Verrettes réclament un découpage territorial approprié, dont l’inexistence constitue, selon eux, une barrière à tout processus de décentralisation.

L’établissement de tribunaux, de commissariats et sous-commissariats de police, figure également dans les revendications soumises aux représentants de l’Etat ayant fait le déplacement à Fonds Verrettes, pour commémorer le troisième anniversaire de la catastrophe qui avait provoqué la mort de 238 personnes et plusieurs milliers de sinistrés, suivant un bilan officiel.

La carte d’identification nationale (Cin), délivrée lors des élections de 2006, est le seul document officiel dont dispose la majorité des habitants de Fonds-Verrettes, qui ont vu, la mort dans l’âme, leurs effets emportés par les eaux en furie de mai 2004.

Les voies de pénétration sont de piètre qualité.

« Les routes sont caillouteuses, nous arrivons aujourd’hui par constater que nous avons un Etat démissionnaire qui n’assume pas ses responsabilités », décrivent, avec amertume, les représentants de ces organisations paysannes.

La situation, dans laquelle se trouve aujourd’hui la commune de Fonds-Verrettes, trois ans après ce drame, est très alarmante.

La trame urbaine fait défaut, les ruines du commissariat de police servent aujourd’hui de parcs à bestiaux, particulièrement les porcs. Depuis février 2004, la commune connaît une absence de policiers ; la justice est quasi inexistante, tandis que les cas de viol augmentent du jour au lendemain. Triste situation !

La population sinistrée est livrée à elle-même. Beaucoup de familles continuent de dormir à la belle étoile, selon Martino, un des rescapés de ces inondations.

« Nous avons besoin de moyens pour contrecarrer les manœuvres de bandits armés opérant dans la zone. Ces bandits sont originaires de Fonds Verrettes », dit le coordinateur du conseil d’administration d’une des sections communales (CASEC) de Fonds Verrettes, Dérilus Marcellus.

Cet élu local sollicite le déploiement illico de policiers à Fonds-Verrettes.

Dans leurs desiderata, les organisations paysannes se montrent très critiques envers les autorités gouvernementales qui, selon elles, ferment les yeux sur ce qui se passe à Fonds-Verrettes.

« Nos droits, inscrits dans la loi-mère du pays, n’existent que sur papier, ils ne sont pas respectés. Nous cherchons en vain la présence de l’Etat dans la commune de Fonds-Verrettes, nous ne la trouvons pas. L’Etat existe-t-il vraiment dans cette commune ou sommeille-t-il encore » ?, s’interrogent des délégués de ces organisations.

L’activité du 23 mai 2007, organisée par le Groupe d’appui aux réfugiés et rapatriés (Garr), de concert avec ces 23 organisations locales et le Réseau binational Jeannot Succès (Rbjs), en présence d’une délégation de journalistes venus de la capitale haïtienne, a pris une allure politique.

Aux termes de la commémoration de cet événement sanglant, les membres de ces organisations ont exprimé leur mécontentement vis-à-vis des représentants du gouvernement ainsi que des élus locaux.

Les conditions, dans lesquelles vivent les milliers de familles sinistrées de Fonds-Verrettes, semblent n’être pas une priorité pour ces autorités, dont la représentation du ministère de l’agriculture, des ressources naturelles et du développement rural (Marndr).

Interrogé sur le mécontentement des organisations paysannes, eu égard à la tournure politique prise par l’activité du 23 mai 2007, le député de Fonds Verrettes, Pierre Jude Destiné, affirme avoir pris note des principales revendications de ces paysans tout en promettant d’en faire le suivi auprès des autorités centrales. [do rc apr 24/05/2007 11 :15]