P-au-P, 21 mai 07 [AlterPresse] --- Des travaux d’évacuation des ordures ménagères vont être réalisés dans la zone de Carrefour Feuilles (sud-est de Port-au-Prince) grâce au Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud) qui finance un projet pilote dans ce secteur, apprend l’agence en ligne AlterPresse.
Initié par le Pnud de concert avec la Mairie de Port-au-Prince, les ministères des Affaires sociales et de l’Environnement, ce projet pilote se résume en une expérimentation sur la transformation des déchets en compost.
A l’aide de deux camions, les 200 personnes ressources qui seront embauchées transporteront les détritus vers un centre de triage qui sera conçu, en la circonstance, à Savane Pistache, un quartier défavorisé de Carrefour Feuilles.
« Les matières organiques seront transformées en compost dans un centre de compostage. Les composts seront utilisés à des fins agricoles. Les déchets plastiques ainsi que les métaux seront vendus », explique John Atis, chargé du projet auprès du Pnud.
Ce projet pilote de transformation d’ordures ménagères est exclusivement créé pour la périphérie de Carrefour Feuilles. La violence armée, qui prévalait dans cette zone au cours des dernières années, explique bien ce choix. Pour collecter les détritus, des points de collecte préfabriqués, faits en métal, seront installés, selon John Atis.
« Notre attente, c’est de voir réduire la violence à Carrefour Feuilles. Jusqu’à présent, les résultats sont satisfaisants en terme de réduction de la violence armée », dit -il.
Le comité d’action sanitaire de Carrefour Feuilles, formé de représentants de 25 quartiers, prendra la gestion du projet après l’expérimentation du Pnud.
Pour la première phase de ce projet pilote qui s’étendra jusqu’en avril 2008, les Nations Unies ont déjà déboursé 600, 000 dollars américains.
John Atis indique que le transfert de la deuxième phase sera fait à l’Etat haïtien.
Les avis sont divergents quant à la réalisation de ce projet de collecte de déchets solides à Carrefour Feuilles. Ce projet vise notamment la consolidation du processus de lutte contre la violence dans la zone de Carrefour Feuilles.
« Nous attendons ce projet avant impatience et nous sommes prêts à participer à son exécution, parce que nous en avons besoin », souligne Marie Alice Pierre, qui a travaillé comme facilitatrice dans la première phase du projet.
« Nous disons à tout le monde que nous ne sommes pas violents. Nous sommes du côté de la non-violence », affirme cette jeune femme.
L’espace, identifié pour la construction du centre de transformation de ces ordures ménagères, servait de terrain de sport aux jeunes de Savane Pistache.
Sur cette colline, se greffent aussi un marché public et un autre petit terrain où les jeunes du quartier faisaient du sport.
« Nous avons besoin de terrain de football pour nous amuser. C’est vrai que nous sommes contre la violence, mais les Nations Unies doivent penser à nous construire des terrains de jeu, parce que nous en avons besoin », riposte un jeune homme aux cheveux tressés, se présentant comme un rastaquouère.
En tout cas, à travers ce projet, le système des Nations Unies se fixe comme priorité l’amélioration des fragiles conditions de vie des populations haïtiennes visant dans les communautés vulnérables, particulièrement dans les bidonvilles de Port-au-Prince.
Aux dires de certains riverains, de nombreux chefs de gang ont été démantelés à Savane Pistache qui domine la capitale haïtienne à cause de son altitude.
Des projets humanitaires et de développement, visant la réduction de la violence armée dans des quartiers réputés fragiles, permettent aujourd’hui d’occuper de nombreux habitants de ces bidonvilles par leur participation à la conception et la mise en œuvre d’activités génératrices de revenus.
Et c’est dans ce contexte que John Atis place ce projet pilote. A son avis, les leçons apprises serviront à l’étude de son implantation dans d’autres zones du pays. [do rc apr 21/05/2007 9 :20]